mardi 15 décembre 2020

L'Écosse Tournoi IMCF 2018 jour 2

 




Aujourd’hui, y aura les combats en épée longue et une partie des combats en équipe de 5 contre 5, l’équipe du Québec fait partie de ceux qui combattront en fin d’après-midi. Pour ce qui est des duels, Béné se présentera pour une quatrième année. En 2015 elle avait remporté l’or en Pologne et encore l’année suivante au Portugal. Au Danemark, l’an dernier, celle-ci, avait subi une cuisante défaite en ne se classant pas. Comment ça se passera cette année? Andrew, normalement notre duelliste à l’épée longue, a laissé la place vacante cette année et personne ne s’est présenté pour le remplacer. Malheureusement, je ne pourrai suivre les premiers combats car je dois absolument m’occuper des sacs de t-shirts commandés par les équipes, qui sont arrivés depuis quelque jours et qui traînent dans un coin de la grande tente. Hubert et Benoit me l’ont demandé car le reste du présidium est occupé ailleurs et qu’ils ont besoin d’une personne de confiance capable de le faire rapidement, pour ensuite les remettre aux équipes.




Donc après avoir pris notre déjeuner ensemble, nous prenons chacun notre bord une fois rendus sur le chemin qui mène au palais. Benoit va à la lice et moi à la grande tente. Je dois à partir de ma liste de commandes, faire les paquets de chaque équipe, comprenant le chandail selon la grandeur avec un poster et une agrafe du logo de l’IMCF. Tout a été mis dans deux gros sacs posés entre le panneau de la tente et une longue table, l’urgence de les livrer rapidement est autant parce qu’ils risquent de prendre l’eau que d’être volés. Mis à part moi et le barman, seulement quelques Français occupent les lieux. Ces derniers semblent accompagner normalement l’équipe, ce matin, ils sont visiblement plus intéressés à boire un verre qu’à regarder les combats qui se déroulent à l’autre bout du terrain. C’est tranquille, ça devrait aller assez vite.

 

Je me dis au bout d’un moment que ce serait bien que des membres des équipes passent chercher leur paquet, comme je n’ai pas de boîte ou d’autres sacs, je suis bien obligée de faire des piles identifiées sur la longue table. Quand j’ai terminé, j’attends que Benoit passe ou quelqu’un qui puisse me relayer, le problème c’est qu’on n’a pas pensé à avertir qui que ce soit. La grosse tente est assez isolée, dans le champ près du campement écossais, mais à cette heure-ci, pratiquement tout le monde est là où y a l’action. Ma bouteille d’eau est vide, le bar est excessivement cher, j’ai faim, j’ai besoin d’aller aux toilettes, je n’ai pas de radio pour appeler, qu’est-ce que je fais? Il pourrait se passer encore quelques heures avant que j’obtienne du renfort. Bon alors que je décide de quitter avec, dans ma sacoche, la commande de l’Ost du Québec, Ben arrive justement pour qu’on puisse aller manger un morceau. Je lui montre les piles judicieusement revérifiées au moins 3 fois, et nous décidons finalement de les laisser là, on ne peut pas tout faire. On va avertir les capitaines pour qu’ils passent les chercher à la tente le plus vite possible on va se fier sur l’honnêteté de chacun.

 

Ben m’annonce que Béné est sortie de son pool, elle va en quart de finale cet après-midi, yeah!


 

Il fait encore un soleil radieux aujourd’hui et y a du monde partout, autour de la lice c’est tellement paqueté que plus de la moitié du public est installé confortablement par terre et suit les combats directement sur l’écran géant. Pour l’instant, c’est la pause du diner et les deux foodtrucks font des affaires en or, y aurait certainement pu y en avoir au moins deux autres, mais Stephen, comme pour la location de sièges, a sous-estimé le nombre de spectateurs durant le tournoi. J’imagine que demain et dimanche, ça va augmenter encore, mais nous avons fait notre part du contrat, la responsabilité des infrastructures, ça ne nous appartient pas.

 

   Nous croisons Carole qui doit aller en ville faire des courses et elle m’offre de l’accompagner si j’ai besoin d’y aller aussi, justement ça tombe bien! Ben s’en va pour commenter les combats en haut. Je manquerai le début du 5 contre 5, mais je devrais être de retour pour voir Béné, je saisi l’occasion d’aller en ville, on a toujours plein de trucs à acheter quand on se retrouve loin des épiceries et des magasins. Carole est absolument adorable, nous discutons, même si je cherche toujours mes mots en anglais, mais elle-même pratique un peu de français, c’est fou comme les barrières linguistiques tombent rapidement quand on s’amuse. Évidemment nous sommes costumées, et, attirons tous les regards même si les gens de Perth savent qu’il y a un tournoi là-haut au palais de Scone.

 

Une fois à l’intérieur, je prends un temps fou, j’aime déambuler dans les allées de supermarché, peu importe le pays où nous allons, je ne manque pas une fois d’y aller. C’est là qu’on en apprend le plus sur la population locale, les habitudes alimentaires, leur façon de gérer (ou pas) leurs enfants dans les allées, si on cuisine beaucoup ou on mange beaucoup de surgelés, si on se soucie des allergies, du bio, du local, etc. C’est un peu comme aller faire un tour dans la cour arrière du voisin, c’est le quotidien, c’est là où s’achète le papier de toilette, le savon à linge, le 5 livres de patates et la viande. Il y a moins de touristes et une plus grande concentration de locaux. On trouve d’ailleurs beaucoup de produits provenant d’Écosse ou du moins des îles britanniques. Moi, c’est immanquable, je fais chaque fois, ma provision de cheddar! Carole, elle, fait une razzia d’oranges et de jellybeans, entre deux rounds, elle en approvisionne toujours son équipe et les pique-assiettes qui tournent autour…dont moi. C’est une femme qui donne sans jamais compter, le genre de personne qui ne peut pas avoir d’ennemi.

 

Nous revenons alors que les duels ont recommencé et j’apprends que Béné a gagné en quart de finale contre la Polonaise et qu’elle affrontera dans une vingtaine de minutes la Suédoise. Ça me donne le temps d’aider Carole à porter ses sacs à leur kiosque et de laisser mes achats dans notre tente.

 

Je me laisse distraire en chemin, ça arrive tout le temps, soit on cherche Benoit, soit je croise des connaissances ou seulement parce qu’on veut prendre des photos avec «Merida» (moi). Je retrouve avec joie Donna, la femme de Dave qui nous avait accueilli chez elle lors de notre première visite en Écosse. Elle est en costume au kiosque de la SKL (ligue écossaise de combats) et je retrouve aussi avec bonheur son gros toutou D’Argo.

 

 Là j’apprends que Béné vient de perdre en semi finale et qu’elle a un prochain duel contre la Sud-africaine pour déterminer qui gagnera la troisième place.

 

Cette fois, je reste au campement avec Ben qui vient se changer avec ses co-équipiers, après les duels qui s’achèvent, c’est eux qui prendront la relève. Je l’aide un peu avec son armure et lui offre quelques trucs à grignoter et à boire

 

 Entre temps, une partie du groupe, accompagné de Belges, reviennent tout triomphant : Béné a gagné la médaille de bronze, troisième médaille pour le Québec. Formidable! Bravo Béné!

 

Presque tout le monde est là pour manger, récupérer, se préparer, réparer une pièce ou prendre un peu d’ombre, j’en profite pour remettre les tee-shirts, les pins IMCF et les posters à ceux et celles qui en avaient commandé.








Le béhourd en 5 contre 5, catégorie de plus en plus populaire, est commencé. En fin d’après-midi, notre équipe affronte celle de la Finlande, c’est un massacre, notre équipe ne gagne pas un round. Ce n’est pas vraiment une surprise, elle n’était pas bien préparée : organisée à la dernière minute; des combattants qui annulent à quelques mois du tournoi; des vétérans trop confiants; des nouveaux; du monde pas habitué de travailler ensemble; des restants de préjugés causés par des chicanes antérieures. Mais une chose est sûre, si l’équipe réduite à six, a manqué de préparation en tant que combattants, l’équipe entière (tout le groupe de Québécois.ses) se soude formidablement pendant ce voyage. Une franche camaraderie dans cette belle cohésion comme je n’en ai jamais vu avant cette année, à mes yeux, ça en fait une équipe gagnante. Et c’est ça le secret d’une équipe qui gagne, les gens travaillent ensemble et non pas chacun de son côté pour essayer de prouver quoi que ce soit.

 

C’est sans grande surprise alors si nos gars perdent aussi contre l’Australie et les États-Unis, mais nous sommes là pour les soutenir. Faut voir le positif, il n’y a plus de pression en ce qui concerne leur performance, ceux qui le veulent pourront toujours participer aux grands combats amicaux en fin de journée (All v/s all), comme celui qui débute dans quelques minutes.  Andrew et Charles sont les seuls qui décident de participer pour un round. Ce sera pour Andrew de courte durée, avant même de pouvoir commencer, il est mis hors combat à cause d'une pièce d'équipement déficiente.  

 






Dans cet univers fortement médiéval européen, les asiatiques, sont toujours un sujet de curiosité chez les spectateurs mais aussi dans la communauté IMCF.

 

Cette année, nos amis japonais n’ont malheureusement pu venir mais nous avons un duelliste thaïlandais et une équipe complète de Chinois. Ils sont partout, ils apparaissent évidemment comme très exotiques, comme l’avaient été les Japonais il y a quelques années. Ils ont une super bonne attitude et ils sont acceptés rapidement dans la communauté. Plus tôt dans la journée, ils ont attiré l’attention sur eux lors de leur combat contre les Luxembourgeois, lorsque le capitaine dans une crise de panique, a subitement ôté son casque quand il s’est retrouvé au sol. Ce qui est hautement dangereux tant que le round n’est pas terminé. Il est fréquent qu’un combattant tombe sur ses camarades au sol ou qu’une arme s’accroche ou tombe n’importe où, faut donc garder son armure sur soi. Spontanément l’un des combattants de l’équipe du Luxembourg, Misch, déjà au sol a eu la vivacité d’esprit de protéger la tête du capitaine chinois à l’aide de son bouclier.

 

Notre photographe Caroline a su capter ce magnifique moment, qui montre la fraternité et le fairplay si présents à l’IMCF.


 

   

    

mardi 8 décembre 2020

L'Écosse Tournoi IMCF 2018 jour 1





Ce matin, je laisse Benoit partir devant, tellement il est stressé…et stressant, et même si je comprends pourquoi, je pense que c’est mieux pour nous deux. J’en profite pour faire l’inventaire de ce que j’ai dans la chambre qui pourrait m’être utile aujourd’hui : bouffe, chargeur, crème solaire, etc. Je descends manger et je croise Julia qui me donne les broches commandées au printemps pour mon équipe. Je vais pouvoir leur remettre ce matin, tout le monde devrait être au campement en train de se préparer pour la cérémonie d’ouverture.

Je ne tarde pas dans la salle à manger et file rejoindre ma gang. Comme pour se faire pardonner pour les deux dernières journées grises, humides et venteuses, Mère nature a décidé de nous offrir un beau matin ensoleillé. Le fond de l’air est frais, c’est une bonne chose si ça reste ainsi pour le reste de la journée, mais bon ce serait inhabituel pour l’Écosse.








Je suis tout de même surprise de voir autant de voitures pour la cérémonie d’ouverture du tournoi. Celles-ci s’agglutinent tranquillement dans le stationnement aménagé pour l’occasion, dans le champ entre notre hôtel et l’une des entrées. Comme toujours, je montre par réflexe mon bracelet IMCF qui nous est distribué et qui permet d’entrer et sortir du terrain librement sans payer. Mais le port de notre costume s’avère bien souvent, notre premier laisser-passer le plus efficace, moi, c’est surtout par mes cheveux que le «staff» me reconnaît.

J’arrive au campement, l’ambiance est très joviale, nos amis belges et québécois bavardent tranquillement, certains (Karin, Gabriel, Louis-Alex, Charles, Fanny, Marie-Pier et Sébastien) pour qui c’est leur premier tournoi mondial IMCF, font connaissance avec les Belges. Je cherche Andrew, où est Andrew? Nous n’avons pas eu de nouvelle encore, il devrait être ici pourtant. J’essaie de rester calme, peut-être que Ben sait où il est.








Je distribue des becs, des accolades et les broches à ceux et celles qui m’en avaient commandé. C’est beau de voir notre campement, une belle famille belge et québécoise qui se retrouve chaque tournoi depuis Malbork en 2015. On s’aime tant! Andrew arrive justement avec Annie, enfin! Il est à moitié armuré, conscient qu’il arrivait pas mal tard pour se préparer, toutefois, comme il n’avait pas reçu encore son bracelet, il a dû un peu s’obstiner à l’entrée, ce qui l’a retardé encore plus.


Les journalistes circulent autour, notre campement est du côté de la grande porte, là où passera le cortège. La BBC est là aussi avec leur journaliste, qui est train de mettre l’armure avec laquelle il fera un combat amical dans une heure au sein de l’équipe écossaise, contre l’Ost du Québec. Il est nerveux, il n’est plus certain de vouloir le faire, nos filles le rassurent et l’aident dans sa préparation. Pendant ce temps, ils en profitent pour faire des courtes entrevues avec Gabrielle et notre amie la championne de l'équipe irlandaise, Lara. On entend les cornemuses et les tambours du groupe Clann an drumma qui nous accompagneront durant les quatre prochains jours. C’est magique!




Une partie de l’équipe s’en va prendre place de l’autre côté de la porte pour la cérémonie d’ouverture, on a demandé à tous de limiter le nombre de personnes car nous avons un horaire très chargé à respecter. Nous avons 31 équipes à faire défiler, plus, une nouveauté cette année, quelques reenacters sur leur monture. De toute façon, aussitôt que la cérémonie sera terminée, nous enchainerons tout de suite avec le combat amical pour la BBC. Cette couverture de la BBC est très importante pour nous car, toute la semaine, il y aura une petite capsule de quelques minutes à propos de notre évènement à l’émission du matin à la télévision. C’est une belle visibilité pour l’IMCF, une occasion pour parler de notre sport et pourquoi pas pour déboulonner certains mythes tenaces.

https://www.youtube.com/watch?v=JALiqmv02ZU  ( IMCF Breakfast) 

Les gars de notre équipe vont en profiter pour finir de se préparer, et moi je me place sur le bord de l’allée pour bien voir le défilé, j’ignore où est Ben mais comme il veut se battre tantôt, je devrais le voir bientôt. Les cornemuseurs entament le mouvement et ouvrent la marche, suivis des chevaux puis des équipes derrière le drapeau de leur pays. Comme à l’accoutumée tout ce beau monde forme un cortège qui pénètre ensuite dans la lice…sauf les Ukrainiens qui n’arriveront que ce soir.

Hubert, notre président, ouvre avec un discours et Lady Murray nous souhaite la bienvenue, le discours n’est pas trop court ni trop long, normalement ça a tendance à s’éterniser parce qu’il y a plus d’officiels qui prennent la parole. Aussitôt que la lice est vide, les deux équipes sont prêtes ou presque…je vois arriver mon homme en moitié d’armure et les garcettes en l’air! En colère parce qu’il a dû faire revérifier son arme à l’inspection et parce qu’il n’y avait plus personne au campement pour l’aider à mettre son armure. Normalement, tout le monde est toujours en retard, mais il avait tant insisté sur l’importance, cette fois-ci, pour la télé, d’être prêt et en place, qu’il s’est un peu tiré dans le pied. Moi je lui avais offert mon aide plus tôt mais à ce moment-là, il avait plus important à faire, évidemment.

Donc, il est en mode panique mais il est conscient qu’il va devoir passer son tour et laisser les autres faire le combat sans lui, c’est quand même juste un combat amical. Les gars s’efforcent de faire un beau show même s’ils doivent se retenir et faire attention à la caméra installée sur le casque du journaliste. Andrew, comme toujours impressionne par sa taille et en combattant vétéran pour le Québec avant même la fondation de l’IMCF,  sait comment gagner la foule.


 
https://youtu.be/029pguDPWLk 

(BBC Sports Presenter Mike Bushell becomes a Medieval Knight at Scone Palace, during IMCF 2018)


Après le « sympathique combat », l’avant-midi est consacré aux duels à la hallebarde, féminin et masculin, donc c’est Cloée et Dom qui vont concourir aujourd’hui, la seule autre catégorie étant le 10 contre 10. Benoit coache personnellement Cloée, comme toujours. Notre championne conservera-t-elle sa place de championne mondiale cette année? Dom se classera-t-il? Remportera-t-il une médaille? On retrouve dans le pool de Cloée, la Canadienne, l’Ukrainienne et l’Anglaise. Tandis que Dom de son côté affronte, l’Américain, l’Australien et l’Espagnol.






À 13:00 heures, nos deux duellistes nous ont donné de très bons combats, sont sortis de leur pool et vont en quart de final après les combats de 10 contre 10 en fin d’après-midi. Cloée n’a pas perdu une seule fois, elle a donc gagné ses trois combats en deux rounds.

Nous avons une demi-heure de lunch, c’est la bonne humeur au campement! Je retrouve Benoit pour quelques minutes et je lui donne quelques trucs à manger. Je le raccompagne jusqu’au château, il veut me montrer la pièce des commentateurs où il sera bien souvent. Aussi, il veut que le gardien de sécurité puisse m’identifier quand je voudrai le rejoindre là-haut.

       Dans le hall, je reconnais le musée que nous avons visité en novembre dernier lors de l’Assemblée générale, mais cette fois-ci, nous empruntons l’escalier de droite qui mène à une section privée du palais, nous montons aux chambres, minuscules, qui devaient probablement loger les domestiques au début du siècle. Elles ont gardé un cachet vieillot tout à fait charmant. Une table moderne a été disposée au milieu pour le temps du tournoi, elle prend presque tout l’espace et jure un peu avec le petit lit et la commode. Les deux chaises des commentateurs sont à la fenêtre avec les micros dont les fils sont tapés au sol sur l’épais tapis et qui sont branchés quelque part dans l’étroit corridor. Y a du monde partout en bas! Wow!

Avant de redescendre pour voir les combats de 10 contre 10 qui vont bientôt commencer, j’en profite pour brancher mon chargeur avec mon adapteur. Je reconnais quelques-uns des nôtres autour de la lice, d’autres dans les rares sièges vacants, laissés par des spectateurs probablement partis manger au kiosque de burgers. Une partie du groupe s’est installée au soleil du côté de la tente d’arbitre, là où les combattants se préparent juste avant les combats, je vais les rejoindre. Il fait beau soleil mais pas trop chaud, on est super bien! On s’amuse et on prend des photos, c’est la première fois que je m’amuse vraiment avec notre groupe, ça augure bien pour le reste de la semaine. Ben est quelque part autour de la lice avec Hubert, ils suivent les combats.










C’est la France contre la Finlande qui s’affrontent et à un moment donné, il y a échauffourée dans un coin, un Finlandais plié en deux à 45 degrés, retenu par deux Français, qui reçoit un coup puissant à la nuque d’un adversaire. Un coup illégal qui ne passe pas inaperçu puisque le Finlandais s’écroule et tressaute au sol de manière inquiétante. En quelque secondes, les arbitres viennent créer une barrière entre le blessé et le public pour éviter une escalade de panique dans l’assistance. Les soigneurs sont autour de lui, tout le monde est en suspend attendant de connaître la sévérité des blessures.

Il n’y a pas d’ambulance sur place, l’IMCF avait demandé la présence d’une ambulance en permanence, mais Stephen avait fait faire un estimé sur le risque de blessure à partir de nos tournois précédents, comme quoi, nos besoins nécessiteraient uniquement la présence de quelques soigneurs, l’équivalent de l’ambulance St-Jean.

Heureusement, le blessé est conscient, c’est déjà moins inquiétant, toutefois, les soigneurs persistent à refuser d’appeler l’ambulance convaincus que le danger est écarté. Le hic est que ça pourrait être grave vu le coup reçu, il doit aller à l’hôpital, Stephen est d’accord avec Ben et Hubert! Finalement l’ambulance vient chercher le Finlandais pour le transporter à l’hôpital et faire un examen plus complet. Dès demain, il y aura une ambulance sur place, plus de risque à prendre.  

  Dans la foulée, Ben doit rassurer aussi l’équipe finlandaise qui ne veut plus continuer leurs combats contre les Français. C’est une garantie, l’équipe fautive aura un carton rouge avec une menace d’expulsion qui plane sur la tête de tous les co-équipiers. Ironiquement le dernier carton rouge à avoir été donné, dont je me souvienne, c’est à mon ami français, Julien. Cependant, il lui avait été retiré parce qu’il l’avait reçu injustement, victime d’une décision hâtive et expéditive de la part d’arbitres paniqués face au Néo-Zélandais blessé. Mais cette fois-ci, la faute est évidente et vue de tous, les Français vont devoir faire très attention.  

       Enfin, quand le 10 contre 10 est terminé, nos duellistes retournent en piste pour les quarts de finale, Cloée rencontre l’Allemande et Dom, l’Autrichien. Benoit est revenu aux côtés de Cloée, il se fait un devoir d’y être, et ce, depuis qu’il l’a pris sous son aile à ses débuts en 2015. Bien sûr, aujourd’hui c’est une championne, mais c’est devenu un rituel entre eux. Benoit connaît parfaitement la combattante Asperger, il sait comment lui parler et entrer dans sa bulle. Pour Cloée c’est rassurant. 


Mais pour le moment, elle n’est guère inquiète, elle remporte son combat en deux rounds! Dom gagne aussi le sien sous les cris de joie des Québécois!

En demi-finale, fait surprenant, Cloée et Dom affrontent les deux duellistes français, ils remportent de nouveau leur combat. L’excitation est à son comble dans l’Ost, nos deux hallebardiers sont en finale!

En cette belle fin de journée, Cloée remporte finalement la médaille d’or contre la Polonaise, elle a gagné depuis ce matin, tous ses rounds, aucune défaite, faut le faire! Dom perd contre l’Américain, il se retrouve en seconde place donc il remporte la médaille d’argent, première médaille chez les hommes québécois à l’IMCF!

On exulte!    

Benoit me raconte que Cloée a trouvé ses victoires un peu plates parce qu’elles ont été vraiment trop faciles, je n’ai pas de mal à le croire. On lui souhaite d’avoir un peu plus de défi pour le combat en équipe samedi.

Au campement le groupe propose d’aller souper ensemble à l’extérieur question de fêter ça. Malheureusement pour nous, y a tant à faire, c’est loin d’être fini et y a les Ukrainiens qui viennent d’arriver faut les aider à s’installer rapidement pour qu’ils puissent être prêts demain matin. Benoit va voir Dom pour le féliciter pour sa médaille et s’excuse sincèrement de ne pas les accompagner, ce qu’il comprend parfaitement. Nous les quittons un peu à regret pour aller voir où en sont rendues les choses. Le site vient de fermer, les spectateurs sont repartis, les employés du palais et les marchands de bouffe quittent à leur tour. Il reste quand même beaucoup de monde mais c’est moins bruyant, à part le cri incessant des paons qui se baladent en liberté à longueur de journée.




 Nous croisons Kateryna et Oleksii sur le petit chemin, ils sont soulagés d’être enfin arrivés, leur groupe est déjà en train de s’installer sur le terrain dans le coin des Écossais. On s’assure auprès de Louise qu’il y a suffisamment de bois pour tout le monde, il ne pleut pas mais y a plusieurs équipes qui sont allés à Battle of the nations la semaine passée qui se tenait en périphérie de Rome et il a plu durant tout le tournoi. Résultat : des combattant(e)s qui sont arrivé(e)s avec leur matériel mouillé et qui sèche difficilement, surtout les gambisons. Même si dans le jour, il fait beau et venteux, la nuit, il fait froid, et le matériel reste humide, accentué par l’humidité laissée par notre début de semaine sous la pluie intermittente.


      Après avoir fait le tour de tout le monde qui requiert l’intervention de Benoit, nous nous accordons un verre avec les Irlandais et les Écossais. On picosse un peu dans les restants du souper que Shona et Joshua ont préparé. À peine l’obscurité est tombée que nous retournons à l’hôtel accompagnés d’Hubert, nous tombons de fatigue. Oh que le lit va être accueillant ce soir!