Aujourd’hui, y aura les combats en épée
longue et une partie des combats en équipe de 5 contre 5, l’équipe du Québec
fait partie de ceux qui combattront en fin d’après-midi. Pour ce qui est des
duels, Béné se présentera pour une quatrième année. En 2015 elle avait remporté
l’or en Pologne et encore l’année suivante au Portugal. Au Danemark, l’an
dernier, celle-ci, avait subi une cuisante défaite en ne se classant pas.
Comment ça se passera cette année? Andrew, normalement notre duelliste à l’épée
longue, a laissé la place vacante cette année et personne ne s’est présenté
pour le remplacer. Malheureusement, je ne pourrai suivre les premiers combats
car je dois absolument m’occuper des sacs de t-shirts commandés par les
équipes, qui sont arrivés depuis quelque jours et qui traînent dans un coin de
la grande tente. Hubert et Benoit me l’ont demandé car le reste du présidium
est occupé ailleurs et qu’ils ont besoin d’une personne de confiance capable de le faire rapidement, pour ensuite les remettre aux équipes.
Donc après avoir pris notre déjeuner ensemble, nous prenons chacun notre bord une fois rendus sur le chemin qui mène au palais. Benoit va à la lice et moi à la grande tente. Je dois à partir de ma liste de commandes, faire les paquets de chaque équipe, comprenant le chandail selon la grandeur avec un poster et une agrafe du logo de l’IMCF. Tout a été mis dans deux gros sacs posés entre le panneau de la tente et une longue table, l’urgence de les livrer rapidement est autant parce qu’ils risquent de prendre l’eau que d’être volés. Mis à part moi et le barman, seulement quelques Français occupent les lieux. Ces derniers semblent accompagner normalement l’équipe, ce matin, ils sont visiblement plus intéressés à boire un verre qu’à regarder les combats qui se déroulent à l’autre bout du terrain. C’est tranquille, ça devrait aller assez vite.
Je me dis au bout d’un moment que ce serait bien que des membres des équipes passent chercher leur paquet, comme je n’ai pas de boîte ou d’autres sacs, je suis bien obligée de faire des piles identifiées sur la longue table. Quand j’ai terminé, j’attends que Benoit passe ou quelqu’un qui puisse me relayer, le problème c’est qu’on n’a pas pensé à avertir qui que ce soit. La grosse tente est assez isolée, dans le champ près du campement écossais, mais à cette heure-ci, pratiquement tout le monde est là où y a l’action. Ma bouteille d’eau est vide, le bar est excessivement cher, j’ai faim, j’ai besoin d’aller aux toilettes, je n’ai pas de radio pour appeler, qu’est-ce que je fais? Il pourrait se passer encore quelques heures avant que j’obtienne du renfort. Bon alors que je décide de quitter avec, dans ma sacoche, la commande de l’Ost du Québec, Ben arrive justement pour qu’on puisse aller manger un morceau. Je lui montre les piles judicieusement revérifiées au moins 3 fois, et nous décidons finalement de les laisser là, on ne peut pas tout faire. On va avertir les capitaines pour qu’ils passent les chercher à la tente le plus vite possible on va se fier sur l’honnêteté de chacun.
Ben m’annonce que Béné est sortie de son
pool, elle va en quart de finale cet après-midi, yeah!
Il fait encore un soleil radieux
aujourd’hui et y a du monde partout, autour de la lice c’est tellement paqueté
que plus de la moitié du public est installé confortablement par terre et suit
les combats directement sur l’écran géant. Pour l’instant, c’est la pause du
diner et les deux foodtrucks font des affaires en or, y aurait certainement
pu y en avoir au moins deux autres, mais Stephen, comme pour la location de
sièges, a sous-estimé le nombre de spectateurs durant le tournoi. J’imagine que
demain et dimanche, ça va augmenter encore, mais nous avons fait notre part du
contrat, la responsabilité des infrastructures, ça ne nous appartient pas.
Nous
croisons Carole qui doit aller en ville faire des courses et elle m’offre de
l’accompagner si j’ai besoin d’y aller aussi, justement ça tombe bien! Ben s’en
va pour commenter les combats en haut. Je manquerai le début du 5 contre 5,
mais je devrais être de retour pour voir Béné, je saisi l’occasion d’aller en
ville, on a toujours plein de trucs à acheter quand on se retrouve loin des
épiceries et des magasins. Carole est absolument adorable, nous discutons, même
si je cherche toujours mes mots en anglais, mais elle-même pratique un peu de
français, c’est fou comme les barrières linguistiques tombent rapidement quand
on s’amuse. Évidemment nous sommes costumées, et, attirons tous les regards
même si les gens de Perth savent qu’il y a un tournoi là-haut au palais de Scone.
Une fois à l’intérieur, je prends un temps
fou, j’aime déambuler dans les allées de supermarché, peu importe le pays où
nous allons, je ne manque pas une fois d’y aller. C’est là qu’on en apprend le
plus sur la population locale, les habitudes alimentaires, leur façon de gérer
(ou pas) leurs enfants dans les allées, si on cuisine beaucoup ou on mange
beaucoup de surgelés, si on se soucie des allergies, du bio, du local, etc.
C’est un peu comme aller faire un tour dans la cour arrière du voisin, c’est le
quotidien, c’est là où s’achète le papier de toilette, le savon à linge, le 5
livres de patates et la viande. Il y a moins de touristes et une plus grande
concentration de locaux. On trouve d’ailleurs beaucoup de produits provenant
d’Écosse ou du moins des îles britanniques. Moi, c’est immanquable, je fais
chaque fois, ma provision de cheddar! Carole, elle, fait une razzia d’oranges
et de jellybeans, entre deux rounds, elle en approvisionne toujours son
équipe et les pique-assiettes qui tournent autour…dont moi. C’est une femme qui
donne sans jamais compter, le genre de personne qui ne peut pas avoir d’ennemi.
Nous revenons alors que les duels ont
recommencé et j’apprends que Béné a gagné en quart de finale contre la
Polonaise et qu’elle affrontera dans une vingtaine de minutes la Suédoise. Ça
me donne le temps d’aider Carole à porter ses sacs à leur kiosque et de laisser
mes achats dans notre tente.
Je me laisse distraire en chemin, ça
arrive tout le temps, soit on cherche Benoit, soit je croise des connaissances
ou seulement parce qu’on veut prendre des photos avec «Merida» (moi). Je retrouve
avec joie Donna, la femme de Dave qui nous avait accueilli chez elle lors de
notre première visite en Écosse. Elle est en costume au kiosque de la SKL
(ligue écossaise de combats) et je retrouve aussi avec bonheur son gros toutou
D’Argo.
Là
j’apprends que Béné vient de perdre en semi finale et qu’elle a un prochain
duel contre la Sud-africaine pour déterminer qui gagnera la troisième place.
Cette fois, je reste au campement avec Ben
qui vient se changer avec ses co-équipiers, après les duels qui s’achèvent,
c’est eux qui prendront la relève. Je l’aide un peu avec son armure et lui offre
quelques trucs à grignoter et à boire
Entre
temps, une partie du groupe, accompagné de Belges, reviennent tout
triomphant : Béné a gagné la médaille de bronze, troisième médaille pour
le Québec. Formidable! Bravo Béné!
Presque tout le monde est là pour manger, récupérer,
se préparer, réparer une pièce ou prendre un peu d’ombre, j’en profite pour
remettre les tee-shirts, les pins IMCF et les posters à ceux et celles qui en
avaient commandé.
Le béhourd en 5 contre 5, catégorie de
plus en plus populaire, est commencé. En fin d’après-midi, notre
équipe affronte celle de la Finlande, c’est un massacre, notre équipe ne gagne
pas un round. Ce n’est pas vraiment une surprise, elle n’était pas bien
préparée : organisée à la dernière minute; des combattants qui annulent à
quelques mois du tournoi; des vétérans trop confiants; des nouveaux; du monde
pas habitué de travailler ensemble; des restants de préjugés causés par des
chicanes antérieures. Mais une chose est sûre, si l’équipe réduite à six, a
manqué de préparation en tant que combattants, l’équipe entière (tout le groupe
de Québécois.ses) se soude formidablement pendant ce voyage. Une franche
camaraderie dans cette belle cohésion comme je n’en ai jamais vu avant cette
année, à mes yeux, ça en fait une équipe gagnante. Et c’est ça le secret d’une
équipe qui gagne, les gens travaillent ensemble et non pas chacun de son côté
pour essayer de prouver quoi que ce soit.
C’est sans grande surprise alors si nos
gars perdent aussi contre l’Australie et les États-Unis, mais nous sommes là
pour les soutenir. Faut voir le positif, il n’y a plus de pression en ce qui
concerne leur performance, ceux qui le veulent pourront toujours participer aux
grands combats amicaux en fin de journée (All v/s all), comme celui qui débute
dans quelques minutes. Andrew et Charles sont les seuls qui décident de participer pour un round. Ce sera pour Andrew de courte durée, avant même de pouvoir commencer, il est mis hors combat à cause d'une pièce d'équipement déficiente.
Dans cet univers fortement médiéval
européen, les asiatiques, sont toujours un sujet de curiosité chez les
spectateurs mais aussi dans la communauté IMCF.
Cette année, nos amis japonais n’ont malheureusement
pu venir mais nous avons un duelliste thaïlandais et une équipe complète de
Chinois. Ils sont partout, ils apparaissent évidemment comme très exotiques,
comme l’avaient été les Japonais il y a quelques années. Ils ont une super bonne
attitude et ils sont acceptés rapidement dans la communauté. Plus tôt dans la
journée, ils ont attiré l’attention sur eux lors de leur combat contre les
Luxembourgeois, lorsque le capitaine dans une crise de panique, a subitement
ôté son casque quand il s’est retrouvé au sol. Ce qui est hautement dangereux
tant que le round n’est pas terminé. Il est fréquent qu’un combattant tombe sur
ses camarades au sol ou qu’une arme s’accroche ou tombe n’importe où, faut donc garder son armure sur soi.
Spontanément l’un des combattants de l’équipe du Luxembourg, Misch, déjà au sol
a eu la vivacité d’esprit de protéger la tête du capitaine chinois à l’aide de
son bouclier.
Notre photographe Caroline a su capter ce magnifique
moment, qui montre la fraternité et le fairplay si présents à l’IMCF.