lundi 25 septembre 2017

À l'aventure pour Dublin!





Lundi, petit matin pluvieux et brumeux, c’est inévitable après deux jours ensoleillés, l’Irlande a repris sa routine et son climat habituel. On s’en fout un peu, nous ne sommes pas venus ici pour ça de toute façon. Après avoir ramassé nos bagages et s’être habillés, nous réveillons Cloé question qu’elle ne nous cherche pas inutilement quand elle se lèvera car nous allons déjeuner dans un restaurant, tiens pourquoi pas l’hôtel à cinq minutes à pied.

Quelques minutes après s’être installés, les parents de Brendan entrent dans la salle, visiblement ils ont dormi à l’hôtel, nous sommes ravis de les inviter à notre table. Pour une fois nous avons le temps de discuter tranquillement et ça fait changement, c’est très agréable. Nous sommes à une étape de nos vies où notre situation nous permet d’avoir des discussions intéressantes avec différents groupe d’âge. D’abord les plus jeunes qu’on côtoie constamment dans notre activité, et même si nous sommes dans la quarantaine et que nous faisons partie d’une minorité dans ce sport, ça nous garde en contact direct avec les plus jeunes. Toutefois, en tant que parents (Janik et Karelle sont dans la jeune vingtaine) nous sommes en mesure de discuter avec d’autres parents, partageant des inquiétudes, des espoirs, des fiertés semblables. Quand j’y pense, Brendan n’a que quelques années de plus que mon fils, mais je le perçois comme un ami. En discutant avec ses parents je prends conscience à quel point, je ne maternise jamais ces jeunes dont plusieurs pourraient être mes enfants, ce sont des ami(e)s. Peut-être aussi, le fait que nous ayons tout perdu il y a deux ans et que nous ayons choisi de vivre une vie qui ressemble beaucoup plus à celle des jeunes que celle de nos parents ou des gens de notre âge, nous permet une complicité avec eux qu’ils n’auront peut-être pas avec leurs parents.

Nos enfants ont maintenant leur propre vie, nous n’avons plus de chien et nous vivons dans un tout petit appartement, juste suffisamment grand pour contenir le strict minimum et qui nous sert de pied à terre quand nous sommes ici. Il est hors de question que nous pensions à nous acheter une maison un jour, même si nous en avions les moyens, pour nous, une maison c’est une prison dorée qui demande trop de responsabilités, d’argent, de temps et qui t’empêche donc de voyager.


De retour au château, nous donnons un coup de main à Brendan pour ramasser les lits des voyageurs, repartis tôt ce matin, et ramassons nos bagages et les descendons dans le hall. Pendant notre absence, Cloé est partie visiter Galway, et comme nous devons partir dans moins d’une heure pour aller prendre notre bus pour Dublin, nous n’aurons pas le temps de la saluer.

L'humidité 


La salle d'entraînement de l'équipe irlandaise


Avant de partir, Brendan nous montre leur salle d’entraînement au château, nous qui avons tant de mal à trouver un espace intérieur décent au Québec, sommes ébahis et jaloux. Puis nous descendons à regret pour appeler notre taxi et saluer les quelques amis irlandais qui sont venus ramasser et nettoyer toute trace du tournoi de ce week-end, mais que nous retrouverons heureusement en mai au Danemark.


Dans le taxi qui nous amène au terminus on discute avec le chauffeur d’origine pakistanaise intrigué par notre accent. Il nous révèle que s’il adore les Irlandais, en revanche, il ne s’est jamais habitué au climat, bien qu’il vive ici depuis quelques années. Il nous parle d’un cousin qui habite Montréal et à quel point celui-ci lui parle des tempêtes de neige, il aimerait bien le visiter un jour, en hiver, mais pas trop longtemps.

Lorsqu’il nous dépose, nous notons que la course nous a coûté moins chère qu’elle ne l’aurait coûté à Montréal, je le note mentalement. C’est le genre de détails qu’on apprend à mémoriser quand on voyage beaucoup. Nous lui donnons un généreux pourboire, considérant qu’il a tenu à mettre et enlever lui-même tous les bagages, juste pour l’armure et les épées c’est presque héroïque, il l’a gagné cette course-là!

Comme nous sommes tout prêts de l’arrêt de notre autobus, je reste avec les bagages pendant que Benoit va acheter les billets à l’intérieur. Nous sommes excités comme des puces, on va enfin voir Dublin, autrement que par la sortie de son aéroport. Notre autobus a l’air d’un gros insecte avec son gros œil unique (immense pare-brise) et ses miroirs qui ont l’air des antennes. C’est avec beaucoup d’entrain que nous nous engouffrons dedans, après avoir déposé dans la soute à bagages nos trois grosses valises (dont une gigantesque) le gros sac de sport, le sac à dos et ma petite valise de cabine. Je sens que ça va me faire tout drôle quand je monte les marches, sur le côté opposé de ce que j’ai toujours été habituée, et nous choisissons de nous asseoir dans le premier banc, juste derrière le chauffeur, donc… à droite.



Au début, je trouve ça un peu vertigineux d’être assise aussi haute, avec un pare-brise qui descend jusqu’à mes pieds à regarder défiler le paysage et les voiture en sens opposé, mais au bout d’un moment je m’y habitue. Je pensais bien que nous dormirions, mais c’est sans compter notre propension à mémérer, c’est pourquoi notre trajet de deux heures se fait à échanger nos impressions sur ce qu’on a vécu jusqu’ici, sur ce que l’on voit en ce moment et sur ce que l’on veut faire à Dublin.

L’autobus nous dépose en plein cœur du centre-ville de Dublin, pas directement au terminus qui nous éloignerait trop de notre destination. Nous aurions peut-être dû le faire finalement… D’abord parce que descendre et récupérer nos encombrants bagages au milieu d’une rue qu’on pourrait comparer par son achalandage à St-Laurent, à l’heure de pointe, où le sens de la circulation est pour nous chaotique, est un vrai challenge. Ensuite, faut trouver un coin pour empiler nos bagages pour ne pas nuire aux autos, aux vélos, aux piétons qui circulent tout bord tout côtés et trouver un taxi assez grand pour nous prendre. Au bout de quinze minutes à nous faire refuser la course par tous les taxis qui nous passent sous le nez, Ben part à la recherche d’un stand à taxi, peut-être qu’il pourra s’informer pour une voiture plus grande. Pendant ce temps je reste à surveiller nos bagages, pour la forme, j’aimerais bien voir la tête du premier qui tenterait de partir avec l’une de ces valises, bonne chance!

J’ai l’impression d’être dans l’œil d’une tornade, tant je suis complètement décalée d’avec le brouhaha autour de moi, et je n’ose pas bouger de peur de me faire happer par le courant. Je n’ai guère le choix quand Benoit arrive en taxi dix minutes plus tard. Le chauffeur, proche de la retraite, affiche un air découragé mais poli quand il voit tous nos bagages, il a vite compris pourquoi nous avons eu tant de mal à obtenir un taxi. On doit faire vite, les rues sont assez étroites et bondées par la circulation, c’est assez étourdissant. Ben, compréhensif, l’aide à mettre le tout dans la valise et sur le siège derrière avec moi, puis nous lui refilons l’adresse qui est à moins de dix minutes d’ici, mais qui aurait été impossible de marcher, chargés comme nous le sommes. Arrivés à destination, on essaie de descendre le plus rapidement possible avec nos bagages. Cette fois-ci, on ne peut pas dire que notre chauffeur est aussi sympathique que celui à Galway, peut-être est-ce le stress de la ville, l’âge, qui sait?

Nous devons attendre l’ami de celle qui nous loue son minuscule appartement, il habite tout près et il viendra nous porter la clé. Comme nous ne communiquons que par Internet, c’est un peu téméraire car il nous faut trouver du WI-FI autour de nous. Je n’ose imaginer la situation advenant que nous n’ayons jamais la clé, mais il finit par arriver et nous entreprenons de monter les valises…au troisième étage. Les couloirs sont minuscules et les étages ont chacun, un système de détection qui allument temporairement la lumière quand nous y passons, nous laissant dans le noir entre deux étages. Comme nous ne pouvons laisser les bagages seuls en bas, ça nous prend un bon quinze minutes à tout monter.

La porte (rouge et noire) qui nous mène à notre p'tit AirbNb


L’appart est minuscule et a déjà eu certainement des jours plus heureux, mais il est propre, il a du WI-FI et est dans un quartier très achalandé donc très intéressant. De toute façon, on se dit que nous ne sommes pas ici pour rester dans cet appart, nous n’avons besoin que de son utilité, pour y dormir et se laver. C’est pourquoi nous le quittons rapidement question d’aller explorer les alentours et manger.

Un pub magnifique...dans une ruelle

Lorsque nous atterrissons sur le trottoir, on se laisse prendre avec bonheur cette fois par le flot urbain, sans valises et sacs, c’est plutôt grisant. Nous sommes profondément citadins et préférons la ville et son mouvement impétueux que la campagne et ses plaisirs bucoliques. Nous apprécions cette liberté que l’on a de nous déplacer partout facilement, dans un espace pas si grand (le tiers de la superficie de Montréal) mais qui regorge de trésors et d’histoire. Les ruelles sont tout aussi intéressantes que les rues et si à Montréal ces endroits originellement plutôt sales et mal famés, sont maintenant de plus en plus beaux et verts, ici on y trouve même des pubs magnifiques.

Nous profitons donc de cette liberté et déambulons aussi longtemps que nos jambes veulent bien nous porter, puis nous arrêtons dans un pub pour manger et prendre un verre avant d’aller nous coucher repus et fatigués. Demain, une grosse journée nous attend!

La devanture de notre édifice

mercredi 20 septembre 2017

Galway 2016 Anniversaire, victoires et loaded fries!

Très fatigués mais heureux!

Quand j’ouvre les yeux, je me sens un peu comme une princesse dans un conte de fée, couchée, enfoncée dans ce grand lit à baldaquin, sous un gros édredon de plumes. Mais dès que j’essaie de me lever, je suis tout étourdie, j’espère que ce n’est pas une labyrinthite, ça serait vraiment malheureux. Avec les étourdissements, viennent les fortes nausées, je suis incapable de me lever avec Benoit qui lui, est déjà prêt à affronter ses adversaires. Je me recouche, peut-être que j’irai mieux après avoir dormi encore une heure ou deux. Ben me promet de revenir pour s’assurer que je vais bien tout de même. Ce qu’il fait, deux fois en me racontant un peu ce qui se passe en bas, le tournoi est recommencé faut dire. Il est étonné aussi de voir autant de sollicitude de la part des Irlandais à mon égard quand il leur explique mon absence. Après son départ, je décide de me lever doucement et malgré de légers étourdissements, je réussis à m’habiller et descendre rejoindre tout le monde.

Je croise Maria soucieuse pour moi, puis Brendan qui s’enquit de mon état et m’offre d’aller me chercher un thé, avant même que j’aie pu émettre une objection, il court à l’intérieur m’en chercher un, comme il court depuis hier matin. J’observe qu’il n’a toujours pas mis son costume, lui qui normalement se fait un devoir de le porter, il est si occupé. Qu’il ait pris tout de même le temps de s’occuper de mon petit malaise, malgré tout ce qu’il doit faire, me touche beaucoup. Je l’en remercie d’autant plus quand il revient avec une tasse fumante, je le rassure rapidement pour le libérer au plus vite et qu’il puisse retourner au déroulement du tournoi. Je croise Caroline et sa sœur, qui me demandent elles aussi un peu inquiètes, si je vais bien, puis les parents de Brendan et Eamon tous au courant et dans leurs yeux, des questions. Je suis un peu gênée de créer autant de soucis autour de moi et les rassure, je vais beaucoup mieux, je n’ai même pas besoin de mentir. Et oui j’avais tellement une chambre confortable!

Benoit vient me rejoindre, il est content de me voir dans de meilleures conditions, il est tout de même un peu inquiet pour Cloé qui fait de la fièvre, tousse et mouche encore. La malade l’a assuré qu’elle ferait ses combats finaux et qu’elle se battrait avec l’équipe, faut juste aller la réveiller une demi-heure avant. On est stupéfaits, quand on la voit arriver, mouchoir en main en demandant quand elle met son armure, cette fille m’étonnera toujours! Comme nous avons un p’tit lit d’appoint dans notre chambre, nous lui offrirons ce soir, faut qu’elle puisse dormir plus confortablement. Comme Benoit donne un coup de main à l’arbitrage, il partage le coach de Cloé avec Pol qui fait un excellent travail, il a des méthodes très semblables à Ben, ce qui finit de le rassurer. C’est un peu cocasse quand elle affronte Julie qui est avec les Belges et donc aussi avec Pol, mais ce dernier ne fait aucun compromis il s’occupe de Cloé comme si c’était son athlète pendant que Gauthier s’occupe de Julie. Celle-ci m’a avoué un peu plus tôt redouter Cloé, elle se doute de l’issue du combat même sachant l’état physique actuel de son adversaire. 


Ben et Pol qui s'occupent de Cloé  


Effectivement, Cloé, lorsqu’elle revêt son armure, est redoutable et même fiévreuse, elle remporte la médaille d’or. Je suis bouche-bée lorsqu’elle demande combien de temps elle dispose avant le 5 contre 5, hé oui, elle va le faire! Ses quatre coéquipiers lui en sont d’ailleurs reconnaissant et quand elle entrera dans la lice avec Benoit, Andrew, Gauthier et Rowland, c’est une équipe complète de Blackwolves, temporaire, mais efficace qui affrontera les équipes américaine et irlandaise.  

Durant la pause, Eamon vient présenter deux messieurs à Benoit. Invités par le propriétaire, ces représentants de l’Ordre des sommeliers d’Anjou veulent en savoir un peu plus sur ce sport et par le plus heureux des hasards, Ben est le vice-président de cette fédération internationale et il parle français. Benoit s’exécute avec plaisir, il leur montre de près les pièces d’équipement, leur explique les règles, bref, leur brosse un tableau sommaire de cette activité singulière, incluant les tournois qui ont lieu un peu partout. Surtout il répond à toutes leurs questions et il en a beaucoup, comme à chaque fois que nous rencontrons des gens qui découvrent pour la première fois ce sport. Beaucoup de questions et beaucoup de mythes à déboulonner.


Moi durant ce temps, je me promène et je prends quelques photos...

Nos amis, Julie, Gauthier, Pol et Fred!

Peter et Lara

Les équipes se préparent rapidement pour leurs ultimes combats et comme toujours, j’aide Benoit et récupère ses lunettes et son portefeuille. Ça ne durera pas très longtemps puisqu’il y n’y a que trois équipes, mais contrairement à l’an dernier ce sont des équipes de cinq et non de trois, ce qui rend le spectacle encore plus intéressant pour les spectateurs et le combat plus costaud pour les participants. La foule répond très bien, faut dire qu’elle est plus grosse, et cette fois elle bénéficie d’un temps idéal et rare d’ensoleillement.

Durant un combat contre l’équipe américaine, je vois Benoit qui est maintenu contre la lice par un des combattants, pendant que son coéquipier le frappe dans le dos à pleine force sans relâche sans s’arrêter même quand Benoit lève son bras sans arme pour signifier qu’il capitule. L’arbitre finit par arrêter le combat pendant que Benoit se laisse tomber d’une façon qui m’inquiète, encore plus quand les secouristes accourent. Je n’ai qu’une envie, me ruer sur lui, mais je sais que je nuirais plus que je n’aiderais. Quelques secondes qui m’apparaissent interminables, puis je vois qu’il parle et que les visages autour ont laissé tomber leur air inquiet, ouf! Toutefois, il a du mal à se lever et je vais l’aider à enlever complètement son armure. Lorsque je le retrouve, il me raconte que sous les coups, il avait senti des chocs électriques qui montaient tout le long de sa colonne jusque dans sa bouche. Il a un peu paniqué, surtout quand l’autre continuait de frapper, je me dis que de toute façon c'est fini pour aujourd'hui. Mais je me décompose un peu quand il annonce qu'il est prêt à affronter de nouveaux les Américains en finale, voyant mon air, Andrew me dit qu'il protégera bien le dos de mon cinglé d'époux. Parce que j'aimerais fêter encore bien des anniversaires de mariage avec lui, debout sur ses deux jambes. Je n'ai presque pas regardé, en fait si un peu entre mes doigts, mais Andrew a tenu sa promesse et les Blackwolves ont fait un bon travail qui leur a donné la victoire.

Les combats terminés, vient la remise de médailles et du magnifique trophée remporté par notre équipe. Un trophée fabriqué par un tailleur de pierre, il est magnifique et… très lourd. Après les discours de remerciements de Brendan et d’Eamon, Benoit demande le micro pour remercier nos hôtes et particulièrement Brendan qu’il considère comme un frère maintenant et c’est pourquoi il lui remet sa ceinture fléchée en guise de cadeau et de symbole pour sceller leur amitié, Brendan en est fort touché. Ben, question d’alléger le moment, en profite pour rappeler que normalement c’est sa femme qui lui met sa ceinture, ce qui explique un peu sa propre maladresse, ce qui fait bien rire la foule.


La médaille d'or est une belle broche qui peut se porter sur le costume, super idée!

Pendant que Caroline s’apprête à nous prendre en photo moi et Ben, on réalise tous les deux que c’est notre douzième anniversaire de mariage, wow! C’est drôle à quel point nous avons tendance à l’oublier (moi surtout!) trop occupés à vivre ensemble notre passion commune et donc… à nous aimer.

Caroline a su capter exactement le moment où on a réalisé en même temps quel jour on est.

La journée s’achève à mesure que les spectateurs quittent le site, sans trop se presser tout de même, les participants ramassent un peu leur attirail tout en discutant bière à la main. Nous commencons à avoir très faim, particulièrement Ben qui n’a pratiquement pas mangé de la journée. Mais tant qu’il y a du monde (et il y en a toujours) avec qui bavarder, on ne bouge pas beaucoup. Néanmoins, je vais du côté de la tente où la fameuse valise «explosée» gît depuis hier et je prends l’initiative de ramasser quelques items appartenant à Ben, je prends de l’avance.

Cloé a disparu aussi rapidement qu’elle est apparue en après-midi, j’imagine qu’elle va se doucher et se coucher, d’autant plus que nous lui avons offert le gîte dans notre chambre. Le petit lit d’appoint contre le mur sera certainement plus approprié que son matelas dans la grande pièce plus humide pleine de combattants, dont un qui ronfle terriblement, Andrew.

C’est dommage, les Belges sont repartis à leur hôtel, Rowland a vite repris la route pour l’Angleterre et Cloé absente, je ne peux prendre que Benoit et Andrew pour la photo avec le trophée. 

Des Blackwolves heureux.

Lara et Peter viennent nous saluer, ils sont fatigués et ont hâte de rentrer, nous les remercions encore de nous avoir accueillis chez-eux et sur des promesses d’aurevoir et à bientôt, ils nous quittent en même temps que le soleil se couche et que l’air frais s’installe.

Ce n’est qu’une bonne heure plus tard que tout ce beau monde (un mélange d’Irlandais, d’Américains, nous quatre, Cloé nous ayant rejoint) s’est rappelé la présence de leur estomac et de la nécessité de manger, et malheureusement le dimanche soir à Galway, des restaurants il n’y en a pas des tonnes d’ouvert. Nous sommes peut-être une douzaine qui marchent à la queue leu leu en quête d’un endroit pour manger, nous ne sommes pas trop regardants, en autant qu’on mange. Nous suivons le guide, Brendan, qui nous amène dans un petit comptoir à fish and chips et autres. C’est là que je découvre l’équivalent de notre poutine les « loaded fries », des frites garnies de différentes sauces, soit de bacon, d’oignons, de crème sûre, sans nécessairement le fromage, du moins, sans le fameux fromage qui fait la célébrité de nos poutines.

Nous revenons avec notre lunch au château et nous installons dans la pièce où on servait des gâteaux et du thé pendant le tournoi pour dévorer notre repas, boire du cidre et encore une fois prendre plaisir à discuter avec nos amis d'Outremer. C'est ainsi que nous fêtons notre anniversaire de mariage!! Demain, nous quitterons le château, chacun de notre côté, Andrew pour aller prendre le bus et l’avion pour Montréal, Cloé prendra la journée pour visiter Galway avant de partir à Dublin, pour une nuit et nous prendrons le bus en après-midi pour Dublin où nous passerons deux nuits dans une petite chambre Airbnb dans le quartier de Temple bar. Nous voulons goûter un peu à Dublin et visiter quelques trucs avant de retourner chez-nous.

Il manque Killian, Jack, les deux Brendan, Fred et...Cloé

dimanche 3 septembre 2017

Irlande: Retrouvailles...sous le soleil!


C’est avec deux voitures bien pleines de trois armures, d’armes, du reste de nos bagages et de notre literie pour le château, que nous quittons le logis de Lara. Il fait un temps magnifique, ça fait différent de notre dernier séjour. Nous arrivons tôt au château, nous sommes contents de retrouver nos ami(e)s irlandais qui sont tout de même très occupés à finir de préparer le début du tournoi, spécialement Brendan qui est constamment sollicité de toutes parts, étant lui-même l’organisateur en chef. Il prend le temps de venir nous accueillir chaleureusement et cette fois-ci nous prendre dans ses bras, il est devenu habitué avec nous. En effet, la première fois que nous sommes venus, nous nous sommes rendus compte que les embrassades n’étaient pas monnaie courante et nous en avions discuté en faisant des blagues, il avait fait mine d’en faire une à Jack qui passait par là à titre de démonstration et celui-ci l’avait repoussé mal à l’aise et nous avions tous bien ri. Maintenant nos amis ont adopté nos manières de saluer, du moins avec nous, ce qui me fait dire que nous sommes chers à leur cœur, comme ils le sont au nôtre.

Les Américains sont là, une équipe au complet déjà vue auparavant mais que je ne connais pas beaucoup avec quelques autres personnes costumées, qui sont, je crois, des habituées de groupes de reconstitution historique. Les dames ont des robes magnifiques et complexes et elles sont accompagnées de musiciens qui vont probablement animer entre les combats. Des stands de bouffe sont dressés et ça commence déjà à sentir bon dans la cour du château. C’est visiblement plus gros que l’an dernier, plus de combattants inscrits, plus de kiosques et plus de spectateurs à mon avis, car il y en a déjà à cette heure matinale. Andrew vient de se lever et vient nous saluer, il confirme que Cloé est là-haut au deuxième et dort, il vient prendre un thé dans la cuisine adjacente avec nous. On attrape au vol Maria, toujours aussi pimpante et souriante, qui s’occupe des inscriptions, du moins son travail implique un crayon, des feuilles de papier et beaucoup de va et vient. Eamon, le propriétaire du château, apparaît de nulle part, toujours avec cet air bienveillant et ses yeux animés de curiosité, il vient nous saluer et nous le remercions de nous recevoir une fois de plus.




Benoit parti s’occuper de son armure, je me promène un peu dans les alentours jusqu’à ce que je tombe sur Caroline, la photographe de l’équipe que j’adore, tout autant que ses photos. J’ai autant de mal à saisir tout ce qu’elle dit tant son débit est rapide et très irlandais, mais comme elle est aussi très expressive et très drôle j’arrive à tenir une conversation, parce que je veux absolument la comprendre. Mais disons que c’est autrement plus facile à l’écrit avec google translate!

Je vois arriver un superbe irish wolfhound avec sa maîtresse, il est magnifique, Caroline et moi l’avons repéré tout de suite, moi parce qu’évidemment je suis folle des chiens, Caroline aussi, mais surtout pour le prendre en photo.

  
J’essaie de retrouver Ben pour voir s’il a besoin d’aide et aussi un p’tit peu pour lui montrer ce superbe spécimen, du moins sur mon cell. Je le trouve sous un chapiteau, son armure enfilée assis à l’ombre attendant avec plusieurs autres que les combats commencent. Il me dit qu’il a vu le chien en question (évidemment, nous sommes tous les deux fous des GROS chiens, particulièrement cette race) et savait bien que j’en tomberais amoureuse quand je le verrais.




Cloé est venue nous rejoindre, elle est un peu fiévreuse et grippée, mais est prête, comme le sont les autres filles. D’ailleurs je vois Pol, Gauthier et Julie que je m’empresse d’aller voir, quel bonheur de les voir ici, la dernière fois c’était au Portugal, mais les trois gars étaient venus aussi au tournoi hivernal à Montréal quelques mois avant, comme Brendan et Maria. Fred est actuellement dans la lice car il sera comme toujours arbitre, avec quelques autres qui viendront se relayer au cours du tournoi.
La quatrième concurrente, Tara, est une Australienne d’origine américaine, qui a été invitée par l’équipe irlandaise, à revêtir une armure et participer au tournoi. Cette dernière qui travaille en marketing, fait l’Irlande à vélo et en fait la promotion en tenant un blog qui est suivi par des milliers d’internautes. Et même si elle est devenue rapidement une amie de l’équipe irlandaise, sa participation amènera forcément un bon coup de pub pour l’événement et le sport en général.
Les spectateurs irlandais, toujours aussi enthousiastes devant ce spectacle des combats qu’ils suivent comme on suit le hockey ici, et bien entendu, ça motive bien les combattants. J’aperçois les parents de Brendan et je vais les saluer, ils m’accueillent chaleureusement, quels gens extraordinaires! Encore une fois, ils sont toujours là, à soutenir leur fils dans sa passion et à encourager tous les participants, du moins ceux dont ils connaissent le nom.



Les filles s’affrontent et notre cœur est déchiré entre Cloé notre équipière et amie et Lara notre amie depuis l’an dernier et que l’on voudrait encourager aussi. Finalement c’est Cloé qui remporte la première place à l’épée longue, malgré sa grippe carabinée et le fait que ce n’est pas son arme habituelle en duel. Mais comme elle n’avait pas d’adversaire à l’arme d’hast (hallebarde), pas plus qu’en épée et bouclier, elle s’est inscrite dans l’autre catégorie. Benoit s’est inscrit aussi pour la première fois dans une catégorie jamais essayée auparavant : les duels où il a choisi épée bouclier alors qu’Andrew y est allé avec sa catégorie habituelle, l’épée longue. C’est donc en avant midi que Benoit concoure, livrant de très bons combats, dont un en cinq rounds, mais ne se classe pas, il est cependant fier de l’avoir fait. Les duels d’Andrew auront lieu demain. À la pause du dîner, le ciel s’est assombri et nous a arrosé considérablement rapidement, forçant spectateurs et participants à s’engouffrer à l’intérieur du hall le temps que ça passe. J’y étais déjà avec une tasse de thé à me délecter d’un petit jam de musique particulièrement swinguant.

En après-midi, on demande à Eamon quelles sont les sections du château où l’on peut dormir parce qu’on est allés un peu plus tôt pour s’installer dans le petit dortoir aménagé et comme c’était étroit, on se demandait si c’était là, le seul endroit de disponible. Il nous regarde avec un air énigmatique et nous demande si on veut dormir dans un endroit particulièrement beau et chargé d’histoire. Évidemment nous sommes intrigués et fébriles, il nous fait signe de le suivre, ce qu’on s’empresse de faire avec beaucoup de curiosité. On monte avec lui, le petit escalier qui mène au dortoir, puis nous montons encore et Eamon sort son trousseau de clé et ouvre la porte d’une chambre superbe, celle où il dort quand il reste au château. Mais pour le tournoi elle est libre et nous l’offre, oh wow! Nous qui cherchions qu’un endroit un peu plus isolé pour installer notre matelas pneumatique, nous dormirons ce soir dans cet endroit magnifique sous un édredon épais et doux dans un beau grand lit à baldaquin. Nous avons aussi notre salle de bain privée et tous les meubles sont des antiquités, c’est ce qu’on appelle dormir dans l’histoire vivante. Ça me rappelle la visite du château l’an dernier quand Eamon nous disait que des antiquités qu’on ne peut que regarder restent inutiles, on doit pouvoir s’en servir comme nos ancêtres pour mieux comprendre l’histoire. Il nous montre un cadre avec un ouvrage de broderie au milieu, c’est en fait un poème qui a été brodé par la fillette du couple propriétaire du château….il y a deux cents ans. Nous sommes comblés et le remercions avec effusion quand il nous remet la clé.


Pendant que Benoit redescend et va se préparer pour le béhourd, je nous installe, laissant le matelas et la literie dans le dortoir, au cas où d’autres combattants en auraient besoin cette nuit. Je résiste à l’envie de plonger dans ce beau grand lit pour faire une sieste, je garde ça pour ce soir. Je verrouille, je prends mon sac de noix et je descends rejoindre les autres, peut-être Benoit a-t-il besoin de moi. Je lui offre des noix qu’il dévore, il n’a pas beaucoup mangé aujourd’hui, c’est difficile de trouver à manger «sans gluten»  dans ce genre d’événement. On espère que le repas du banquet ce soir saura le nourrir un peu.

Je le retrouve à pester dans la tente où quelques autres combattants ont aussi mis leur matériel avec lui, comme toujours c’est le fouillis, pièces d’armure, armes, gambisons, cordons de cuir, poinçons, rivets, protèges dents, tabards, bas en p’tites boules, jock strap, etc. Depuis 3 ans que j’accompagne ces combattants dans le monde, c’est toujours comme ça, j’ignore si c’est ainsi dans d’autres sports, mais pour ce qui est du béhourd, lors de tournois, y a toujours des tentes ou des vestiaires remplis de sacs de sport ou de valises qui semblent avoir explosé. Peu étonnant que mon TDAH de chum panique, lui qui arrive à égarer son portefeuille et ses clés dans la maison en quinze minutes. Sa grosse valise noire qui trône au milieu de la tente, sur le gazon mouillé est à peu près vide, tout son contenu éparpillé un peu partout autour et les combats d’équipe commencent bientôt. Je l’aide dans sa recherche et on finit par tout trouver, je l’aide donc en attachant son dos et ses attaches de jambière. Nous allons rejoindre l’équipe près de la lice en apportant, casque, bouclier, fauchon et gantelets.

Je mets le portefeuille de Ben dans ma sacoche et ses lunettes sur ma tête, pendant qu’il met son casque et entre dans la lice avec ses co-équipiers qui forment l’équipe des Blackwolves. Gauthier et Rowland, un combattant anglais, qui sont venus seuls pour faire du duel, ont accepté de prendre place avec Ben, Andrew et Cloé pour compléter l’équipe. Normalement aux combats de l’IMCF annuels, les filles se battent séparément des gars, mais dans ces tournois beaucoup plus petits on accepte les équipes mixtes par manque de combattants, mais aussi parce que c’est extrêmement rare en béhourd. Jusqu’à ce jour Cloé est une des seules qui se bat sans problème avec les hommes, elle l’a fait au Québec ce printemps et aux États-Unis lors de ses premiers combats, les Américains en avaient d’ailleurs été impressionnés. Le béhourd en équipe est différent, y a beaucoup plus de corps à corps, et comme le but est de jeter l’adversaire par terre et non pas de faire des points selon les coups rendus, c’est beaucoup plus rude. Comme Cloé fait de la lutte et joue au football, elle est habituée au corps à corps, elle sait être solide sur ses jambes et n’a pas son pareil pour plaquer, je me rappelle encore de son cross check spectaculaire sur la Polonaise au Portugal et qui avait fait gagner son équipe, juste wow!

Officiellement aussi, l’équipe de 5 X 5 est en réalité composée de huit combattants pour faire des remplacements, toutefois, officieusement on accepte cinq. C’est la responsabilité de l’équipe d’avoir ses trois remplaçants, sinon y a aucune pause pour les combattants, et on ne fait aucun compromis. Cependant, l’équipe enregistrée ne doit pas dépasser huit combattants, de toute façon, aussi bien s’inscrire alors dans du 10 X 10, y a moins d’équipe, donc plus de chance de remporter des victoires.

Même s’ils ne sont que cinq, ils performent avec éclat et victoires, pour une équipe improvisée à la dernière minute c’est assez spectaculaire. Mais il faut en garder pour demain et c’est pourquoi, on annonce la fin des combats pour la journée. On donne ainsi un répit aux combattants et aux organisateurs en particulier Brendan qui n’a même jamais eu le temps d’enfiler son costume. Le soleil est encore haut dans le ciel mais surtout, il a été là presque toute la journée, mis à part le petit interlude de pluie pendant le diner, il fait soleil depuis ce matin. Il annonce la même chose pour demain, nous sommes vraiment chanceux, pas qu’on tienne à ce qu’il fasse soleil, mais plutôt qu’il pleuve le moins possible, c’est ce que nous avions eu l’an dernier, de la pluie intermittente, suffisamment abondante pour laisser le gazon très mouillé et transformer le sable en boue. Ce qui n’est guère génial pour les bas de robes et de capes et très glissant pour nous et les combattants, évidemment ça veut dire aussi que tout est détrempé donc tout rouille en quelques heures. Là, tout peu un peu sécher à l’air libre, les gambisons plein de sueur et les pièces d’armure humide à cause des gambisons.

Les spectateurs s’attardent encore un peu, pour voir de plus près l’équipement, pour poser des questions aux athlètes ou pour visiter encore un peu les kiosques. Doucement l’espace se vide, les combattants ramassent leurs pièces et rangent leur matériel jusqu’à demain matin, soit dans une tente, soit dans le dortoir ou comme nos amis belges à leur hôtel pas bien loin. Dans la grande salle plusieurs personnes s’activent car ce soir il y a un banquet pour le tournoi. Nous montons dans notre chambre sans trop ébruiter la généreuse offre que nous avons eu, nous ne voulons pas faire des envieux. On essaie de comprendre pourquoi Eamon nous a fait cette fleur, on se dit que c’est peut-être à titre de vice-président de l’IMCF que Benoit s’est fait offrir la chambre, peut-être aussi qu’il nous a trouvé simplement sympathique après avoir discuté des heures avec lui l’an dernier. Néanmoins, on est contents, on apprécie, mais on ne fanfaronne pas auprès des autres, ils le seront bien assez tôt. Benoit profite du luxe de pouvoir prendre une douche en privé et enfile un costume puisqu’il s’agit d’un banquet médiéval et moi je me rafraîchie le visage, je prendrai ma douche avant de me coucher. Nous descendons rejoindre les autres invités dans la cour où une dizaine d’entre eux sont connectés sur le wi-fi du château pour consulter leur facebook ou pour envoyer des photos de la journée. Puis comme attirés vers l’odeur de la bouffe, nous entrons à l’intérieur dans la grande salle aménagée pour l’occasion.  



Nous prenons place autour de la très longue table et Benoit regarde avec envie les corbeilles de pain sur la table, lui qui adore le pain, le moelleux, celui plein de gluten, celui-là qui calmerait tellement son appétit en ce moment! Mais bon, il ne peut se permettre d’être malade, et il ne le veut surtout pas. Il nous verse chacun un verre de vin et nous écoutons le discours de bienvenue d’Eamon, c’est un homme si bon et sans absolument aucune prétention.

Le repas est préparé par un traiteur et nous nous levons à tour de rôle pour aller chercher nos assiettes, du porc en sauce, des légumes racine et des pommes de terre, même si Benoit redoute un peu la sauce (à cause de la farine et de la protéine de soya peut-être présentes) il mange parce qu’il en peut plus.

Les discussions sont animées autour de la table et c’est toujours surprenant de voir autant d’esprit de fraternité chez ces gens qui se frappent aussi durement dans la lice. Et comme tout souper pris autour d’une longue table, après le repas, les invités étant limités à leurs voisins de table, se lèvent et poursuivent leurs discussions debout dans la salle avec d’autres convives.


Eamon nous parle un peu du mobilier autour, encore une fois, des antiquités, j’ai des grincements de dents en voyant quelques bouteilles de bières qui traînent sur un buffet de 300 ans et Ben a passé proche de s’évanouir en faisant tomber sa chaise par mégarde. Définitivement, nous sommes issus d’un nouveau monde fasciné par ces artefacts au point de vouloir les préserver derrière une vitre. D’ailleurs notre chambre chargée d’histoire nous appelle, fatigués de notre journée et du décalage horaire, nous montons nous coucher après avoir salué nos ami(e)s.