lundi 28 août 2017

L'Irlande, deux fois plutôt qu'une!



Jeudi 29 septembre, nous sautons dans un taxi pour l’aéroport de Montréal, nous prendrons un vol pour Toronto et de là, notre vol pour Dublin. C’est la première fois que nous n’embarquons personne sur les billets de Benoit lors d’un tournoi, la dernière fois pour le Danemark a été trop stressante car c’est toujours une grosse responsabilité. C’est sans compter la dernière fois où nous sommes allés en Irlande avec Andrew et Luc et que nous avons dus nous séparer pour pouvoir voler, ce qui a été terriblement frustrant et angoissant ne sachant même pas si Benoit et Andrew nous rejoindraient finalement. Cette fois-ci, nous partons sans nous inquiéter, c’est plus facile d’obtenir une place sur le vol. Cependant, Andrew et Cloé vont eux aussi au tournoi, mais ils viennent par eux-mêmes, comme le château nous héberge gratuitement le temps du tournoi, ça limite les dépenses. Un autre avantage c’est qu’ils ne volent pas sur Air Canada et peuvent donc prendre un vol direct d’une autre compagnie aérienne.

À l'aéroport, on part 5 jours! Un gros sac de sport, trois grosses valises, un carryon et un sac à dos.

Encore une fois, j’amène dans nos bagages un sac d’un kilo de noix (amandes, cajous, noisettes, pacanes, arachides, graines de citrouille, noix de brésil, canneberges séchées et…M&M), de la poudre protéinée sans protéine de soya et des sachets de gruau, trois aliments hyper nutritifs que Benoit peut avaler au besoin. C’est tout de même plus facile de déjeuner en Irlande car le déjeuner traditionnel ressemble au nôtre, donc œufs, bacon, fèves au lard, saucisse et boudin. En évitant les rôties, il peut donc manger facilement le matin et avaler un thé car le café on le retrouve généralement dans un pot de nescafé instantané au fond de l’armoire, mais j’imagine qu’il y a quelques Starbucks à Dublin. Donc on ne va pas en Irlande pour boire du café, et je le répète, en Irlande on fait comme les Irlandais et on boit du thé.

Le vol Montréal-Toronto se passe bien sans histoire et comme nous avons passablement de temps entre les deux vols, ça nous permet de ne pas courir pour enregistrer nos bagages, passer la sécurité et nous rendre au quai. Ceci dit, on a quand même droit à des airs bêtes, de l’incompétence et du mauvais service ‘par excellence’’ jamais en français, comme toujours, mais au moins, nous sommes moins stressés, c’est déjà ça. Quand ils nous appellent au comptoir, on est contents, on va rapidement quitter cet endroit.

Pendant que nous entrons dans l’avion, je ne peux m’empêcher de regarder les passagers tout en avançant dans le corridor, j’essaie de deviner à leurs phénotypes et leur allure, qui est Irlandais s’en retournant chez lui et qui est un visiteur. Y en a qui sont très typés et quand ils parlent à leurs voisins avec leur accent adorable, je me félicite d’avoir visé juste. Je jette un coup d’œil aux films et je suis surprise de retrouver ‘’Les Êtres chers’’ dans la section francophone, l’an dernier c’était ‘’Corbo’’. Comme je l’avais fait à ce moment-là, je décide de visionner aussi ce film de nouveau, j’ai l’impression que ça va devenir un rituel : Voir tous les films ou réalisations de ma fille sur l’écran dans l’avion, c’est comme si elle et moi on se croisait en chemin. Après l’avoir vu sur le grand écran avec plein de gens, je la regarde seule et je peux verser quelques larmes inévitables en toute intimité, avec bien sûr Benoit qui me taquine un peu.

Nous avons bien fait d’apporter de quoi grignoter, car Benoit n’aurait pu manger beaucoup au souper, ne pouvant manger ni la salade avec ses fèves d’edamame, ni le petit pain et ni le gâteau, donc un petit morceau de poulet et une portion minuscule de riz et de légumes. Ce matin on nous sert le très habituel gâteau de bananes, ce que Benoit ne peut manger non plus. Nous avons hâte d’arriver, nous trouverons bien de quoi manger avec Peter, combattant de l’équipe irlandaise et copain depuis peu de Lara. C’est lui qui vient nous chercher et nous amène dans le nouveau logis de Lara qui habite maintenant plus au nord dans le Sligo. Lui et elle nous hébergent ce soir, mais demain et dimanche nous dormirons au château, puis lundi nous prendrons le bus pour Dublin où nous dormirons deux soirs avant de repartir à Montréal.

À l’aéroport, lorsque nous passons les douanes, l’agent nous questionne sur les raisons de notre visite, après les brèves explications apportées par Ben, le douanier feuillette notre passeport et en observant que nous sommes déjà venus il réplique en riant : « Soit vous nous aimez beaucoup, soit vous aimez vous faire taper dessus! » Et Ben de lui répondre : « Les deux! » nous nous quittons en riant. On se dit que c’est bien juste en Irlande, reconnue pour son humour, qu’on peut rigoler avec l’agent des douanes!

Peter ou Piotr nous attend à la sortie, toujours avec cet air réservé et bienveillant. Je sais qu’il est d’origine polonaise et je me demande s’il doit son air réservé au fait qu’il ne saisit peut-être pas toujours très bien ce qu’on dit ou bien s’il est d’une nature timide. J’avais remarqué aussi la même réserve chez Hubert, aussi d’origine polonaise.

Comme ils se sont côtoyés l’an dernier à ce même tournoi, lui et Ben se connaissent bien, je les laisse discuter entre eux dans la voiture tandis que j’essaie de terminer ma nuit de sommeil qui n’a duré que deux heures. Une sieste interrompue d’un arrêt obligatoire pour déjeuner sur l’autoroute, puis poursuivie durant presque deux heures jusqu’à notre arrivée.

 Nous sommes heureux de retrouver Lara et son chien que j’adore, Kai. Depuis quelques mois, Lara a récupéré Xaro, le frère de Kai, elle a donc deux chiens; elle n’a plus sa petite chouette Tony, mais une autre l’a remplacé dans sa grande cage extérieure; et malheureusement Nounette sa chatte n’est plus, s’étant fait frapper par une voiture peu de temps après notre visite l’an dernier.

Nous laissons une partie de l’armure dans la voiture, sortons notre valise et quelques pièces que Benoit doit ajuster ce soir pour le tournoi de demain. Ça tombe bien Peter et Lara, qui a commencé le combat et qui participera elle aussi au tournoi, ont aussi des pièces à réparer. Lara affrontera d’ailleurs Cloé en duel à l’épée longue, elle l’a craint un peu, sachant déjà que celle-ci fera l’équipe de cinq contre cinq avec les hommes, faut être sacrément forte et résistante tout de même.

Y a des princesses qui ont un coffre aux trésors et y a des guerrières qui ont un coffre plein de pièces d'armure.

D’ailleurs à l’heure qu’il est, elle et Andrew doivent arriver au château, ils y dormiront ce soir dans une petite salle aménagée pour accueillir les combattants. Cette année, ils sont plus nombreux, mis à part les trois Québécois, il y a une équipe américaine, l’équipe irlandaise évidemment, Rowland, un Anglais et nos amis Belges, Pol, Fred et Gauthier qui se joindra aux Black Wolves. Ils viennent avec Julie duelliste française et petite amie de Gauthier. L’an dernier, ils avaient dû se limiter à du trois contre trois, mais cette année, ils vont pouvoir faire du cinq contre cinq, plus les duels. La grande nouveauté est tout de même l’arrivée de la compétition féminine, elles sont quatre à participer cette année. 

Nous reprenons la route et cette fois juste pour le plaisir de voir un peu du paysage avec Lara et Peter. Nous sommes plus au nord que la dernière fois et tout près de la mer, heureusement nous n’avons pas de pluie jusqu’à maintenant, que de belles éclaircies ensoleillées et beaucoup de vent, le vent de la mer. Nous nous arrêtons à quelques reprises pour prendre des photos, puis Peter stationne la voiture dans une petite baie sur le bord de la plage, où sont situés quelques restaurants et pubs qui ne semblent pas trop achalandés.

Avec plein de moutons, emblêmes du paysage irlandais.



À l'ouest

Au même moment, au nord.

Nous optons pour tout petit restaurant vraiment sympathique tout bleu et dont la décoration à l’intérieur fait très très plage et ensoleillée, nous le trouvons assez comique dans le nord de l’Irlande, je ne serais pas étonnée d’y voir une pointe d’humour typiquement irlandaise. On y sert des fish & chips que Ben ne peut malheureusement pas manger bien qu’il adore ça, à cause de la farine dans la pâte à frire. Toutefois, ils ont un petit choix de repas sans gluten dont un beau filet de sole grillé avec frites et salade, oh joie! Nous sommes attablés sur le bord de la grande fenêtre, pleine vue sur le bord de la mer, et c’est ainsi qu’on prend un bon repas avec des amis extraordinaires en regardant un magnifique coucher de soleil sur la mer, en Irlande.

Nous ne pouvons repartir sans nous arrêter au pub et comme il y en a un à quelques pas de notre restaurant, nous n’hésitons pas, nous nous y engouffrons pour prendre une bière…et un cidre pour Benoit. L’endroit est réconfortant, comme le sont la plupart des pubs en général, mais celui-ci a un beau feu de foyer qui brûle dans l’âtre, nous choisissons la table juste à côté évidemment. Au bout d’un moment, nous entendons des Québécois parler à la table juste derrière nous, nous nous retournons pour saluer ces deux couples de retraités qui sont en vacances dans le coin. On en vient vite à leur parler de la raison pour laquelle nous sommes là. Ils sont vivement intéressés de venir faire un tour au tournoi à Galway, peut-être demain ou dimanche.

Quand ils quittent les lieux, nous ressentons soudainement le gros coup de fatigue initié par l’alcool, et c’est pourquoi nous quittons nous aussi pour aller finir de préparer le matériel pour demain matin.



Et Bonne nuit Kaï...



samedi 26 août 2017

Été Montréal 2016


Ouf! Juin passe à la vitesse de l’éclair avec notre retour du Portugal, l’achèvement de notre installation dans notre 3 1/2 et l’adaptation culinaire due à la diète sans fodmaps de Benoit. Celle-ci consiste à limiter les aliments contenant des glucides ou sucres qu’on dit « fermentescibles », ce qui inclue énormément d’aliments, au moins la moitié des fruits et des légumes, les produits laitiers avec lactose, plusieurs céréales particulièrement le gluten, bref, manger devient un défi constant. Pour au moins six semaines on élimine tout aliment susceptible de causer les maux de ventre, ensuite, on réintroduit graduellement les aliments en observant les réactions, ainsi on sera plus en mesure de connaître ceux qu’on devra proscrire. Nous savons maintenant que Ben est allergique à la protéine de soya, ce qui réduit 80% des préparations de soupe, de sauce, repas, aliments préparés en usine, dans les poudres protéinées, les barres santé, etc. Cette protéine est populaire car elle est d’origine végétale et peu dispendieuse, elle est partout, malheureusement pour ceux qui ne peuvent la consommer. On ne se rend pas compte à quel point on doit consacrer d’énergie à la recherche, l’achat et la préparation des aliments quand on doit éviter autant d’aliment et tout cuisiner soi-même.

La diète bien que très ennuyeuse, fait tout de même des petits miracles, Benoit a enfin l’impression de garder ses aliments, de ne plus souffrir après tous ses repas et d’être beaucoup plus en forme. Paradoxalement, de mon côté, je ne vais pas bien, je vois des médecins et je passe différents tests, car cela fait 45 jours que j’ai mes règles et j’ai du mal à me sortir du lit, encore plus de la maison. Aller acheter un litre de lait au dépanneur m’apparaît comme une épreuve. Avec la chaleur de l’été c’est abominable comme situation et j’en veux à mon corps de me faire subir tout ça. Jusqu’au jour, où un médecin, me donne de la progestérone et des doses si élevées en fer que mon pharmacien en est un peu bouche-bée, il n’en a jamais donné d’aussi fortes concentrations sur une période aussi longue. C’est pour dire à quel point je suis en carence aigüe car j’ai perdu beaucoup trop de sang.

Oh miracle! Vive la médecine moderne! Deux jours et mes règles cessent, mon énergie grimpe en flèche et avec elle, ma bonne humeur et ma motivation!

N’empêche, ça aura pris un bon deux mois avant que nous retrouvions la santé, ce qui est absolument essentiel surtout en voyage. D’ailleurs à notre retour du Portugal, Ben a reçu un courriel de William Murray, dont la famille possède le château de Scone en Écosse. En effet, son ancêtre devint, il y a près de 400 ans, le premier noble à garder le château. Le fils du 8ième  Earl de Mansfield a vu notre tout récent tournoi IMCF et est particulièrement emballé…Benoit aussi! Et ainsi commence une série d’échanges sur le sujet et de la possibilité, d’envisager, que peut-être nous pourrions apporter notre tournoi IMCF en 2018 chez-lui. Pour l’instant il habite à New York avec sa copine, mais fait des allers-retours régulièrement chez ses parents en Écosse. Comme nous prévoyons aller en septembre, comme l’an dernier, au tournoi des Américains à la Renaissance fair de New York, Benoit lui propose de venir le rencontrer là-bas, il pourra constater par lui-même la réalité de ce sport. Pour l’instant, Benoit n’en parle pas au présidium, il veut rencontrer William avant et il ne veut pas faire de fausse joie à personne.

Ici, Benoit représentant l'équipe nationale du Québec et la FQCM auprès de Martine Ouellette et de représentants de Défi équipe Québec 

Pour ce qui est des activités au Québec, rien d’aussi palpitant, mais il y a eu tout de même les combats démonstratifs comme l’an dernier à Saint-Jean sur Richelieu organisé par Vincent lors des festivités de la fête nationale. Nous avons été beaucoup moins nombreux que l’an dernier, principalement des membres des Black Wolves et deux membres du Dogue de Montréal, Steven et Christine que j’apprends à connaître davantage cette journée-là mais aussi durant l’été, lors d’entraînements donnés par Benoit ou via facebook. À la différence de son équipe en général elle démontre plus d’ouverture face aux combattants des autres équipes, du moins la nôtre. Je me sens aussi rapidement complice, puisqu’elle a aussi des enfants et est monoparentale depuis peu, comme je l’ai été il y a plusieurs années. Elle est aussi un peu plus âgée que les filles de l’Ost, la différence d’âge est moins grande entre nous deux, ce qui crée probablement aussi une plus grande complicité.

On s'amuse un peu, et si Christine devenait une Blackwolf, ils ont fière allure dans leur nouveau tabard, ma création.  

On serait malheureux si Cloé changeait de club, c'est qu'on l'aime cette p'tite bête là!
Cloé qui s'est blessée, avec l'intérieur de son casque.


En septembre, nous partons tous les deux, seuls cette fois-ci parce que personne dans notre équipe ne pouvait nous accompagner, pour nous rendre à New York. D’une certaine façon, ça fait un peu notre affaire, tout d’abord parce que ça nous fait un petit voyage en amoureux, mais c’est aussi parce que nous voulons garder notre rencontre secrète avec William : nous voulons éviter les fuites d’informations trop précoces. Nous réservons une petite chambre d’hôtel juste à l’extérieur de la ville pour éviter que tout notre budget passe pour dormir quelques heures dans un lit. En effet, Benoit finit de travailler assez tard le samedi, nous prenons donc la route vers 19:00 heures, avec un gros sac de noix, des fruits et des légumes, et même du popcorn maison, pour s'assurer qu’on limite les arrêts sur le chemin, pour nous tenir tout de même réveillés mais surtout pour être certains que Ben puisse manger. La veille, il sortait justement d’un épisode de crise après avoir mangé une poutine, ce qui l’épuise toujours pour quelques jours. Nous savons maintenant que le gluten est son deuxième plus grand ennemi, ce qui veut dire pain, pâtes, panure, sauce faite à partir de farine (comme de la sauce brune à poutine) et à son plus grand malheur, bière, lui qui en est un grand amateur. Il est très limité dans ses choix et doit complètement apprendre à manger autrement, et comme c’est moi qui prépare la bouffe, je dois changer ma façon de cuisiner. Dorénavant nous devons toujours prévoir le coup et apporter des trucs qui peuvent nourrir Benoit, parce que maintenant qu’il a connu le bonheur de ne plus souffrir en permanence, il y a pris goût. Sur la route et en voyage c’est vraiment compliqué quand on ne peut manger de gluten, il y en a partout surtout dans la restauration rapide.

Donc c’est avec des grignotines, une bonne playlist, l’armure et le beau tabard des Blackwolves que j’ai fait au début de l’été et avec lequel Ben se battra pour la première fois à l’extérieur du Québec, que nous roulons jusqu’à notre hôtel à six heures de route de chez-nous. Nous reprendrons la route du retour le lendemain à la fin de la journée, après les combats, c’est un peu cinglé mais je pense que la passion vient forcément avec une dose de folie.

L’hôtel est dans un quartier plus ou moins sûr, et quand le gardien de sécurité et le commis au comptoir nous disent que les voitures sont gardées dans un stationnement clôturé et verrouillé on en réalise l’ampleur. Ça nous arrange vraiment parce que nous avions peur d’être obligés de sortir toute l’armure et de l’amener dans notre chambre pour les six heures qui nous restent avant de repartir. Quelques mois auparavant, un des gars de l’équipe américaine s’est justement fait voler son armure neuve complète dans sa voiture. L’armure de Ben, n’est pas si rutilante et désirable, mais elle lui permet de pratiquer son sport et il n’a pas les moyens actuellement de s’en procurer une autre, mais surtout, il a son nouveau casque acheté neuf cette fois-ci qu’il compte bien étrenner demain

L’endroit nous plaît bien malgré son léger délabrement, un hôtel art déco qui a dû être magnifique il y a une centaine d’années. Notre chambre dénuée complètement de décorations mais propre et confortable, nous apparaît comme un havre de paix temporaire, très temporaire.

Quand notre alarme nous réveille, c’est comme une machine dont les rouages s’activent à merveille que nous nous préparons, descendons chercher la voiture, allons récupérer un café et nous rendons à la foire tout en grignotant des noix et des fruits. Sur place, on nous désigne une place de stationnement à l’intérieur du site et on se dépêche de sortir l’armure et moi je prends mon sac avec de la bouffe et une bouteille à remplir aux abreuvoirs pour que je puisse avoir toujours de l’eau sur moi. Il fait un soleil magnifique, donc crème solaire oblige, je m’en enduis généreusement. Nous sommes accueillis par quelques combattants américains devenus des amis depuis ces rencontres au Knight’s hall, aux tournois annuels au Québec et aux internationaux. Jaye a promis à Ben qu’il lui fournirait quelques gars pour que ce dernier se batte sous la bannière des Black wolves. C’est dans la bonne humeur que son équipe improvisée se prépare, tandis que moi je vais faire un tour du côté des marchands après qu’on m’ait dit que les combats ne commenceraient pas avant 13:00 heures. Je suis toujours fascinée de voir cette foule aussi bigarée dont la moitié des individus sont librement costumés, maquillés ou juste décorés pour s’accorder à cette Renaissance fair.

Discutons stratégie

Quand je reviens vers Benoit, c’est justement tellement contrastant avec l'homme qui discute avec lui que je devine son identité, ce ne peut être que le jeune lord écossais, William. Arrivée à leur hauteur Benoit me le présente et je vois bien que sous son allure classique et sobre se cache un grand gamin qui rêve de chevalerie. Comme Ben enfile son armure, William décide de l’aider, il veut comprendre le trip au complet. Je le regarde faire et je souris de voir son enthousiasme, lui, temporairement new yorkais mais clairement venu d’un autre univers que cette quarantaine de combattants nord-américains, bruyants, suant sous le soleil, dont les pièces sont étalées un peu partout autour. Le vrai test sera sa réaction à la vue des combats ''live'' qui commenceront bientôt, d’ailleurs il nous avise qu’il va rejoindre sa copine dans les estrades.

Moi et la femme d’un équipier, les suivons jusque dans la lice et allons, nous installer près des gens autorisés dans l’immense lice. Une chance qu’il y ait, une foule immense, c’est encourageant, parce que plus la journée avance, plus l’humidité et la chaleur deviennent absolument intolérable. Je ne comprends toujours pas comment mon amoureux peut être en ce moment dans une armure, au milieu de la lice et se battre avec cette température, lui qui sort d’une crise et qui a très peu dormi ces dernières 24 heures. C’est presqu’héroïque! Mais il est conscient que ses chances ne sont pas de son bord, d’autant plus qu’il se bat avec une équipe temporaire avec des co-équipiers nouveaux, bien que ce soient des copains maintenant. À la pause, William vient nous rejoindre les yeux brillants, il est bien emballé, il veut ce genre de tournoi à Scone.

Juste avant que la pause ne finisse, il lui dit au revoir, car il doit partir dans environ une heure et craint de quitter avant la fin des combats. Il informe Ben qu’il s’envole pour l’Écosse dans une semaine et discutera avec ses parents de la possibilité de recevoir le tournoi annuel IMCF au château. Au fond, c’est cette rencontre qu’il l’a aidé à tenir la journée, l’espoir de convaincre cet homme essentiel dans la réalisation de ce projet qui le tient à cœur. Ça et la foule enthousiaste qui intervient dans la motivation des exécutants, des combattants qui vont au-delà de leurs capacités physiques. Mais là, il a beau être très motivé, vaincre des équipes rôdées et dont les gars sont probablement dans un meilleur état, ça relève du miracle, et ce département est parti en vacances dans le nord.

Ben épuisé et ''sup''portant son nouveau casque de 17 livres, épais, sécuritaire mais lourd!

Quand les combats finissent, Benoit vient me rejoindre sur le bord de la lice, je lui donne ma bouteille d’eau et je l’aide à apporter son matériel derrière les estrades à l’endroit désigné comme vestiaire en plein air. Il est crevé mais heureux, toutefois il ne peut prendre une bière avec la gang, il se contente de sa bouteille d’eau. Les visiteurs s’insèrent un peu partout pour venir voir de plus près, les armures, les armes et ces fous qui se tapent dessus avec des armes véritables. Quelques combattants se portent volontaires pour servir d’exemples, prêtant leur hache, masse ou épée aux curieux pour qu’ils frappent sur sa tête, sur le casque bien entendu. C’est important de faire un peu de pédagogie après le spectacle de ces combats violents pour que les gens comprennent que les blessures, quand il y en a, viennent la plupart du temps de l’armure elle-même qui est mal ajustée ou sont aussi semblables qu’au football, au rugby ou n’importe quel sport de combat.

Benoit et moi, sommes conscients que nous ne pouvons nous attarder longtemps puisque nous devons reprendre la route rapidement, si nous voulons manger un morceau sur la route. Mais nous sommes un peu coincés par la foule qui s’en retourne tranquillement mais qui bloque l’accès pour que nous puissions nous déplacer avec tout notre stock vers la sortie, on attend donc un peu, assis à l’ombre à discuter avec les autres. Nous n’avons pas vraiment le luxe de nous détendre complètement, de nous laisser prendre dans cette torpeur d’après combat et de cette chaleur humide qui colle encore même en fin de journée, sinon nous n’aurons plus le courage de partir.

Quand la foule se fait moins dense on récupère un chariot, on met l’armure dessus, on fait nos beubye et on prend vite le chemin de la sortie, vers le stationnement se souvenant que Dieu merci on a l’air clim dans la van!! On s’engouffre dedans à toute vitesse et on prend quelques minutes pour savourer la fraîcheur avant de partir de notre emplacement. On ouvre la radio et on apprend que des bombes ont été retrouvées dont une qui a explosé au New Jersey la veille de notre arrivée, nous n’en avons jamais entendu parlé. C’est quand même étonnant! Nous sortons de la ville de New York, nous voulons arrêter plutôt sur l’autoroute pour manger, ainsi nous aurons fait un bout de chemin, on évitera les restaurants trop chers et surtout ça sera plus simple pour nous stationner.

Au bout d’une heure, on voit une sortie intéressante avec, semble-t-il, un bon choix de restos, donc, un choix raisonnable de repas pour le vaillant combattant. On opte pour un restaurant de type familial qui sert des vrais repas. Pendant que nous mangeons, nous envisageons d’arrêter dans une halte routière pour dormir une petite heure parce que nous sommes épuisés, surtout Ben. Ce qui est bien en Amérique du Nord, c’est que le territoire est si grand, que les haltes routières sont essentielles, et sur la côte Est, il y en a vraiment beaucoup. Lorsque nous sortons du restaurant complètement, trop, rassasiés, faut se rendre à l’évidence, prochaine halte on s’arrête et on dort ce que l’on a à dormir, quitte à reprendre la route au petit matin, de toute façon, Ben ne travaille pas demain.

Arrivés dans notre dortoir de voitures et de gros camions, le moteur éteint, le siège baissé, on réalise à quel point on est fous et heureux. On est fatigués mais animés par ce nouvel espoir, cette rencontre qui nous mènera peut-être enfin en Écosse, pays dont nous rêvons depuis plus de quinze ans. C’est un super défi, gros et extraordinaire! Juste avant de nous endormir, je dis à Ben avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles : ‘’Tu te rends compte? Dans deux semaines, nous serons en Irlande une fois de plus!! ‘’ 




mardi 15 août 2017

«On fait rien! »…ou la fois où on fait les touristes (Portugal fin)

Lundi matin, il nous reste 24 heures avant de s’en retourner chez-nous, la gang dans le condo d’à côté est toute repartie cette nuit, c’est pourquoi, ils ont quitté tôt la veille, sans même nous accompagner au resto. Béné et Laurie doivent prendre le train ce matin, et la levée du corps a été assez pénible, surtout pour Béné qui a continué, au cours de la nuit, de rendre tout l’alcool ingurgité dans la soirée, une longue soirée. Elle n’en mène pas large, on lui souhaite de se rétablir vite puisqu’elle et Laurie vont visiter un peu Lisbonne et y dormir, avant de repartir elles aussi le lendemain. Andrew bien reposé va les reconduire à la gare, Luc qui partage la chambre avec Andrew, dort dans le salon, incapable de le faire dans la même chambre que lui. Ce dernier, quand il ne l’oublie pas, dort avec son appareil qui contrôle son apnée de sommeil, ce qui est à peine moins perturbant que ses ronflements sans appareil. La raison est que ça lui donne des allures de Darth Vador, son et visuel compris, je peux comprendre les réticences de Luc. Cloé dort comme un bébé dans le grenier, agrémenté de pièces de vêtement qui sèchent un peu partout près des fenêtres parce qu’il n’y a pas de sécheuse. Moi et Ben décidons d’aller faire un tour pour chercher à manger, nous aimerions trouver une petite épicerie et acheter de quoi déjeuner pour nous cinq.

Ajouter une lPlusieurs façades de maisons sont recouvertes en partie ou entièrement de tuiles de mosaïques comme celle-ci, vraiment magnifique!égende

C’est une belle journée pour se promener dans le village, pas trop chaud, un beau soleil et un léger vent constant et salin, ça me rappelle les Îles-de-la-Madeleine. C’est la première fois depuis que nous sommes au Portugal, que nous nous trouvons seuls, moi et Ben, et quand je dis seuls c’est vraiment seuls, y a personne dans les rues. Ça me rappelle un peu Belmonte en Espagne, les rues étaient complètement désertes dans le jour. Moi qui vit au cœur de Montréal, je suis un peu déroutée quand je suis dans des petites villes méditerranéennes désertes sans grandes affiches annonçant un restaurant ou une épicerie. Nous déambulons sans trop savoir où nous allons, tout en essayant de nous repérer pour ne pas nous perdre. En arrivant sur un coin de rue, nous trouvons une espèce de petite boutique qui vend toutes sortes de choses, mais sans avoir un gros inventaire. Deux dames parlent entre elles, nous leur demandons en franglais (on se dit qu’elles vont reconnaître une langue ou l’autre) s’il y a un marché où on peut acheter de la nourriture ou à la limite un restaurant. Une des dames a vite capté le français, elle est d’origine française, mais ça fait si longtemps qu’elle est ici qu’elle est beaucoup plus Portugaise et parle avec un peu de difficulté sa langue maternelle.

Elle est très enthousiaste de rencontrer des Québécois, et nous offre de nous guider jusqu’au marché, comme elle est assez âgée, nous marchons à la vitesse du sud. Elle nous raconte un peu sa vie, un mari violent qu’elle a dû quitter avec ses quatre enfants en jeunes âge, des enfants rendus adultes qu’elle ne voit pas assez souvent à son goût (je pense à ma mère que je me promets de voir à mon retour et à mes propres enfants qui ont leur vie maintenant eux aussi). La dame dont la maison est rendue trop grande, loue son logement sur AirBnB depuis quelques années, on se dit que la prochaine fois que nous reviendrons nous le louerons. Elle nous dit qu’en ce moment c’est assez tranquille (je l’avais constaté!) parce que la saison touristique n’est pas encore commencée. En saison morte, c’est vraiment tranquille (j’évite de dire tout haut que ça ressemble à une ville fantôme), les villageois n’étant pas très nombreux, les commerces vivent principalement grâce aux touristes.

Elle nous montre le restaurant d’un ami, un endroit sympathique qui peut accueillir, peut-être, une vingtaine de personnes et qui est complètement désert en ce moment, mis à part les propriétaires qui jouent aux cartes à une table. Notre guide nous demande si nous voudrions venir y manger ce soir, si tel est le cas nous pourrions réserver. Pourquoi pas? Avec une pointe de tristesse je me dis que la réservation est plus pour le restaurateur qui pourra se préparer à recevoir des clients, que pour nous assurer de la disponibilité d’une tabler une table. J’ai bien peur que nous soyons seuls pour y manger, raison de plus pour venir ici ce soir, nous encouragerons les gens de la place.

En sortant, nous tournons deux coins de rue et la dame nous entraîne dans le dépanneur, ça semble être le seul endroit où on peut acheter quelques trucs à manger, sinon c’est l’épicerie dans la ville voisine. Nous achetons des pâtisseries, du jus, du café et quittons la dame, en la remerciant chaleureusement, pour retourner à notre condo.  

Sur notre retour, on aperçoit encore quelques chiens errants, et même une chienne avec ses quatre, cinq chiots, ça me brise le cœur. Je me retiens, je les regarde de loin, sachant qu’eux-mêmes seront probablement méfiants et peut-être aussi couverts de puces. Comme toujours quand il est question de chien, moi et Ben évoquons rapidement Angus, qu’on a couvert d’amour et de soin et qui a fait notre bonheur pendant neuf ans.

En arrivant au condo, Luc et Cloé sont debout et Andrew est de retour, nous leur racontons notre petite balade, leur offrons une pâtisserie et leur proposons de se joindre à nous pour le souper dans le petit restaurant pas très loin de ce matin. Pour l’instant, Benoit doit regarder comment sont les vols pour demain à Porto et nous enregistrer. Ça paraît mal, le vol est plein! Même si nous savons que la plupart des vols sont souvent survendus, il y a toujours des risques, surtout quand nous sommes cinq. On regarde toutes les possibilités, comme par exemple, que moi et Ben voilons séparément en prenant un ou deux passagers, s’il ne reste pas assez de place quand viendra le temps d’embarquer; de prendre un vol pour Paris (toujours plus facile d’embarquer sur ce vol), puis Montréal. Le hic, c’est que c’est une solution plus coûteuse, pour nous tous puisque, rappelons-le, les billets de Benoit ne s’appliquent qu’aux vols connectés directement au Canada. Soudainement Benoit allume, les vols d’été reprennent à partir de demain, et Air Canada a un vol à partir de l’aéroport de Lisbonne, ce qui veut dire que nous embarquerions directement sans escale en Europe, bien sûr nous passerions inévitablement par Toronto, mais ce serait tellement moins cher et moins compliqué! —dit la fille qui est profondément dégoûtée chaque fois qu’elle passe par ce maudit aéroport.

Bref, Benoit vérifie et effectivement, il reste quelques places sur le premier vol Lisbonne-Toronto-Montréal de la saison. Nous croisons tout de même nos doigts, tout peut encore arriver, ce qui veut dire que nous retournerons 25 scénarios différents en essayant de trouver des solutions pour chacun d’eux. Ben se garde, quand c’est possible, une journée de congé supplémentaire au cas où nous ne pourrions pas embarquer tout de suite, moi je suis à mon compte, mais nos trois invités doivent vite retourner au travail à leur retour. Faut absolument les faire rentrer au plus vite et sans nous c’est impossible, à moins qu’ils ne paient le plein prix, une fortune qu’ils ne peuvent se permettre là tout de suite. Nous allons croiser nos doigts et traverserons le pont quand nous serons devant comme on dit!

Nous vérifions que la compagnie de location de voiture avec laquelle nous avons fait affaire, a une succursale à l’aéroport de Lisbonne, ce qui est le cas. Le vol est à midi, moi et Ben devons donc prendre le premier train qui ne se rend malheureusement pas directement à l’aéroport, nous devrons débarquer au métro qui lui nous amènera à destination. Les trois autres prendront nos bagages et iront porter la voiture pour enfin nous rejoindre pour 10:00 am. D’ici là, on essaie de relaxer…


Bon, faudrait bien aller mettre nos pieds dans la mer, nous n’y sommes même pas allés depuis que nous sommes arrivés et nous sommes situés à quelques mètres du bord de la plage. Après nous être prélassés au soleil, nous retournons à l’intérieur pour ramasser un peu le condo et faire une partie de nos bagages. Je croise Cloé qui me demande si je peux prendre des photos d’elle avec la coupe, Béné qui devait la ramener l’a oublié, c’est donc Cloé qui va la mettre dans ses bagages, mais en attendant, pourquoi ne pas faire quelques clichés avec, c’est aussi sa coupe après tout.  


En fin d’après-midi, nous informons les trois autres que nous allons manger au village comme prévu et on les invite. En chemin pour le restaurant, c’est toujours aussi désert dans le village, il y a bien deux ou trois personnes qui sont autour du dépanneur, mais sinon, c’est désertique comme dans la salle à manger du restaurant. Il n’y a pas beaucoup de choix dans le menu écrit en portugais, mais on reconnaît un peu les mêmes plats vus plus tôt cette semaine dans les autres restaurants, surtout des calmars, du poisson, de la pieuvre et du porc, comme toujours les olives sur la table, parfois elles sont gratuites, comme nous pour les craquelins ou le pain sur la table, mais dans certains restaurants, comme celui d’hier soir, si tu les manges, elles sont facturées. J’ignore comment on fait normalement pour savoir quand les encas sur la table sont gratuits ou pas, mais pour ce soir on s’en fout, c’est notre dernier soir, on veut finir ça en beauté sans se soucier de quoi que ce soit avant demain.

Nos plats arrivent un après l’autre, littéralement à cinq minutes d’intervalle, parfois dix, c’est plus ou moins surprenant, il ne doit pas y avoir beaucoup d’employés dans la cuisine. Par chance nous avons du vin, on ferme les yeux sur ces petits retards et mangeons sans s’attendre les uns les autres. Ici, comme dans les autres restaurants on retrouve régulièrement un œuf cuit au plat sur les pièces de viande, contrairement à moi, Ben adore ça, c’est quelque chose que j’ai vu aussi en Espagne. En Pologne, l’œuf cuit dur est régulièrement dans les assiettes, dans le nord de la France, j’ai mangé des sandwichs au jambon, au thon ou au poulet où on ajoutait des tranches d’œufs cuits durs. Bien sûr nous en mangeons aussi au Québec, bien que ce soit plus souvent au déjeuner, mais je réalise à quel point nous avons une très grande variété d’aliments de plats différents, ce qui fait que les œufs passent un peu inaperçus tant, y a de choix quand on veut s’alimenter. Plus je voyage et plus je constate que nous sommes chanceux, au Québec on a énormément de variétés que ce soit dans les restaurants ou les épiceries. 
Plusieurs de ces condos vides attendent de se remplir avec la haute saison, j’aime particulièrement leur petit four à bois extérieur. 

Sur le chemin du retour, nous arrêtons au dépanneur où nous achetons quelques bières à boire relax au condo, Andrew achète des friandises glacées pour tout le monde.  Je fais le tour pour m’assurer que nous rendrons le condo dans l’état où il était à notre arrivée, je ramasse le reste de nos vêtements accrochés un peu partout pour les mettre dans nos valises, complètement séchés ou pas. Ben recalibre ses sacs avec ses armes et pièces d’armure pour s’assurer que chaque sac ne dépasse pas 23 kilos si on ne veut pas payer d’extra. Mais comme mes deux valises contenant nos costumes, vêtements civils, articles de toilettes, etc. sont moins lourdes, ça devrait aller, on transférera de l’une à l’autre sans problème.  Nos bagages, la plupart du temps, sont plus lourds au retour qu’à l’aller à cause des pièces de gambisons humides qui prennent du temps à sécher, du temps qu’on a pas suffisamment entre la fin des tournois et le retour au Québec. Le soleil portugais et le vent marin ont beaucoup aidé, c’est quand même moins pire qu’à notre retour d’Irlande ou rien n’avait séché, augmentant de quelques kilos les bagages. Cependant nous avions eu la chance de tomber sur un agent vraiment sympathique et pas trop sévère qui avait fermé les yeux sur le compteur de la balance.

C’est en nous traînant de fatigue que nous allons au lit après s’être programmés deux alarmes pour nous réveiller à 4:30, ça nous laissera une heure trente pour finir de se ramasser, faire notre toilette et nous rendre à la gare à environ une quinzaine de minutes du condo. On est trop fatigués pour être nerveux pour les vols, on espère juste que nos trois invités seront à l’heure à l’aéroport.

Quand on se lève…quelques heures plus tard, on se dépêche de tout finir nos préparatifs et de descendre nos valises près de l’escalier pour qu’ils soient mis dans la voiture plus tard. On veut avoir le temps de prendre un café, au cas où le petit restaurant à côté de la gare soit fermé à 6:30. Nous nous sommes assurés d’avoir suffisamment d’euros pour acheter notre billet directement au chauffeur de train. Nous avons bien fait car effectivement quand nous arrivons tout est fermé, il fait encore noir et pendant un instant nous nous demandons s’il y a du service.

Nous entrons par une porte grillagée à l’extérieur et Andrew attend pour s’assurer qu’on entre bien dans ce train, sinon nous n’aurons aucun moyen de nous communiquer, nous n’avons pas de réseau téléphonique et il n’y a pas de Wi-Fi dans le coin. Quand le train vide apparaît, nous allons voir le chauffeur qui s’apprête à commencer sa journée de travail et nous vérifions avec lui qu’il se dirige bien au métro qui peut nous amener à l’aéroport, ce qu’il nous confirme. Nous achetons nos billets et saluons Andrew en lui rappelant qu’ils doivent tous être à la borne d’enregistrement d’Air Canada à l’aéroport de Lisbonne à 10:00, donc dans moins de quatre heures, si on calcule que le trajet prend environ deux heures et qu’ils doivent aller reporter la voiture, nous lui suggérons de réveiller les deux autres en arrivant au condo et de tranquillement se mettre en chemin.

Nous nous installons confortablement, nous sommes presque seuls dans notre wagon, je lutte entre l’envie de dormir et de rester éveiller pour regarder le soleil se lever, ce que j’adore faire, encore plus en voyage. D’un autre côté, j’ai toujours un peu la hantise que nous nous endormions tous les deux et qu’on manque notre arrêt, ce qui fait que tous les deux, sommes incapables de dormir. On dormira mieux dans l’avion au retour…si on embarque.


Le trajet est agréable, le paysage est magnifique avec ses maisons et ses arbres que nous frôlons presque au passage et quand le soleil se lève en illuminant le feuillage par derrière, on dirait que nos visages s’embrasent dans la fenêtre. Au bout d’un moment nous devons faire un transfert et après avoir acheté notre ticket à l’intérieur de la gare et vérifié où se trouve notre quai nous nous ruons à un comptoir pour un café. Comme au village, j’observe que les gens prennent leur café, la plupart du temps un Espresso, au comptoir, debout pour une courte pause, alors que nous Nord-Américains, le café est plus souvent qu’autrement servi dans des tasses plus grandes pour étirer le temps, prendre un café, suppose qu’on a du temps devant nous et on le prend assis. Sauf si on est très pressés et qu’on court pour aller travailler, à ce moment-là c’est juste pour combler un besoin de caféine rapide. Mais dans le cas présent au Portugal, le café ne semble pas être un breuvage que l’on prend autour d’une table à discuter. C’est surtout le vin qui a ce rôle-là.

En attendant sur le quai, j’observe les gens autour de moi et je tente discrètement d’identifier, comme je le fais toujours quand je voyage, les phénotypes (ensemble des traits observables) communs. J’essaie de reconnaître les origines lointaines, sont-elles plus négroïdes, arabes, espagnoles? C’est plus fort que moi, je le fais presque sans m’en rendre compte comme une seconde nature et au fond c’est logique pour une enfant adoptée qui a passé sa vie à trouver les ressemblances des autres avec leur famille. C’est devenu un réflexe naturel pour moi quand j’ai commencé à voyager. En Europe et du moment qu’on sort des grandes métropoles les phénotypes sont encore bien visibles alors qu’en Amérique du Nord, il me semble, c’est un peu plus compliqué à cause des très grandes vagues migratoires durant quatre cents ans sur lesquelles s’est construite l’Amérique. Si on n’avait pas tenté d’éliminer les Amérindiens ou de les isoler dans un coin et qu’on avait appris à vivre avec eux partout sur cet immense territoire, peut-être que les phénotypes seraient différents.

Durant le deuxième trajet, les wagons sont pleins, j’ai de quoi observer, mais nous restons vigilants pour ne pas manquer notre arrêt dans une vingtaine de minutes. Je me rends compte que nous aussi on se fait observer et y a de quoi, disons qu’on ne se fond pas tellement avec la population locale, surtout quand on parle. Sûrement qu’ils reconnaissent le français, mais comme beaucoup de Portugais jusqu’à maintenant, ils trouvent étrange notre accent.

Arrivés à destination, nous trouvons rapidement notre chemin et après avoir eu un peu de mal à comprendre le système pour acheter nos tickets de métro, nous nous dirigeons triomphant vers le quai en direction de l’aéroport. Jusqu’à maintenant tout va bien, nous devrions être à l’heure au point de rendez-vous, nous prions pour que nos amis y soient aussi, on craint les retards d’Andrew dont c’est une habitude de vie. On espère aussi avoir suffisamment de place parce que nous sommes enregistrés seulement qu’en standby pour l’instant. La seule chose que nous pouvons faire, quand nous serons ensemble, c’est d’aller porter nos bagages au comptoir, pour qu’ils soient pesés et étiquetés standby eux aussi, puis passer la sécurité et espérer très fort que la p’tite dame au quai d’embarquement nous appelle pour nous donner nos billets.

Nous arrivons au comptoir bagages il est presque 10:00, personne en vue. Nous désespérons un peu car, nous avons très faim et nous voulons prendre une bouchée quand nous aurons traversé la sécurité. À mesure que nous attendons, notre patience baisse d’un cran, notre inquiétude monte en flèche, Benoit qui voulait aussi passer acheter une bouteille de porto à son père à la boutique hors taxe abandonne l’idée, il n’aura jamais le temps. Il est 10:30 et toujours pas d’Andrew, de Luc ou de Cloé, on trépigne d’impatience car nous ignorons combien sera long le processus de la sécurité et ce qui se trouve derrière la sécurité, un tout petit corridor vers les quais d’embarquements ou des dédales dignes des labyrinthes les plus complexes. Benoit se dit qu’il n’attend pas plus que 10-15 minutes, après cela, ils se débrouilleront, ce sont des adultes, ils n’avaient qu’à être là à l’heure. Les voilà qui arrivent Andrew est en bermudas alors que la politique d’employés pour les billets n’a guère changé depuis une semaine. Benoit bouille, moi aussi, Benoit envoie Andrew se changer à la salle de bain derrière, pendant que nous apportons les bagages au comptoir en maugréant de plus belle. L’employé qui voit l’épée oubliée par Béné et ramenée par Cloé, dépasser du sac, lui dit qu’elle doit la faire emballer au kiosque derrière et comme elle n’a plus un sou, Ben lui avance. On a presqu’envie de pleurer devant ses précieuses minutes qui s’écoulent beaucoup trop vite pour nous. Quand tous les bagages sont partis sur le tapis roulant, on se rue en trombe pour passer la sécurité, il ne reste même pas une heure avant le décollage alors qu’on doit être au quai quand l’embarquement commence pour se faire attribuer nos billets. La ligne nous paraît interminable et Ben ne décolère plus, moi non plus je dois dire, si on manque ce vol ça va être l’enfer, le prochain n’est que demain. Et s’il y a suffisamment de place mais qu’on le manque à cause du retard d’Andrew, j’ai comme l’impression qu’il y en a un qui va se faire tellement engueuler!

Benoit commence à avertir tout le monde de se faire à l’idée que notre embarquement relève quasiment du miracle, quand un couloir supplémentaire s’ouvre, j’ai presqu’envie de crier Alléluia!  Et on passe en moins de cinq minutes, y a de l’espoir! Cloé est retenue à cause d’une paire de ciseau oubliée dans un de ses sacs CLOÉ! Par chance, ce sont des petits ciseaux inoffensifs, elle les récupère et passe ensuite rapidement. L’embarquement est commencé, mais nous ne sommes pas rendus encore, on croise Béné et Laurie, dont le vol plus tôt ce matin a été retardé, elles ont été dédommagées avec des coupons pour manger au restaurant, c’est l’avantage quand tu es client régulier. Mais là on a pas beaucoup de temps devant nous faut se grouiller, comme on prend notre élan pour repartir, on voit Andrew entrer dans un hors taxe, Ben lui dit qu’il ne l’attend pas, nous courrons, non nous volons jusqu’au quai, juste à temps car ils ont pratiquement terminé l’embarquement et nous apprenons au comptoir qu’ils nous ont appelés plus tôt, Andrew arrive sur l’entrefaite avec sa bouteille de porto que Ben a bien envie de lui prendre des mains, lui qui n’a pu en acheter une à cause de son retard, un retard attribué au fait qu’il a décidé de s’arrêter en chemin pour MANGER alors que nous crevons de faim. On est tous assis ensemble dans le fond de l’avion, les agentes sont heureusement super gentilles avec nous et comme c’est un vol Rouge nous n’avons pas d’écran devant nous, elles nous prêtent gentiment des tablettes. Nous sommes partagés entre le soulagement d’être sur le vol, le stress qui tombe, la colère et la certitude de ne plus vouloir embarquer des invités quand on vole, c’est définitivement trop de stress.

Tellement de stress, qu’après un sept heures d’avion je n’ai pas envie de raconter notre transition à Toronto où je me suis engueulée avec une employée effrontée, et qui évidemment ne voulait absolument pas parler en français, la conclusion étant que j’ai déposé une plainte à l’aéroport et aux langues officielles. Fin 

Pour du monde qui était supposé rien faire après le tournoi….

  

dimanche 13 août 2017

Portugal Jour 4 (Cérémonie de clôture et plus!)

Vue aérienne de la cérémonie de clôture, filmée par un drône

La journée s’achève, le tournoi est terminé, et on est déjà en train de préparer la lice pour la cérémonie de clôture. Des membres du présidium installent les trophées et les médailles sur une table aménagée. Les participants commencent à se préparer pour le défilé qui les ramènera comme pour la cérémonie d’ouverture, au sein de la lice devant, cette fois-ci, une foule de spectateurs.


Comme pour les jeux olympiques, on ne peut envisager ce tournoi sans ce rituel. Je revêts une robe super élégante conçue pour l’occasion, car Benoit m’a demandé de l’accompagner au milieu avec les dignitaires. En fait, on en avait parlé avant même d’arriver au Portugal, la raison en est fort simple, en tant que compagne de vie et partenaire dans cette aventure, on peut dire que j’ai comme lui aussi du mérite, ne serait-ce que pour mon soutien indéfectible « en tout temps »! Nous formons une équipe tous les deux, et c’est pourquoi, Ben m’a demandé de l’accompagner. Il en informe Hubert, le président, une vingtaine de minutes avant le début du défilé, ce dernier est un peu surpris, car, ça ne s’est jamais fait avant. Mais quand Ben lui explique, il est tout à fait d’accord et demande à son épouse de se joindre elle aussi, à nous.

Je repère dans le défilé, notre équipe et rapidement, je vais demander à Laurie si elle peut mettre mon portefeuille et mon cell dans sa bourse pour que je puisse avoir les mains vides pour les photos. J’ai l’impression, que mon groupe en entier me boude, à part Laurie qui accepte de prendre mes choses, je cherche le contact visuel avec plusieurs d’entre eux et j’y constate un malaise. Mon p’tit doigt me dit que c’est le spotlight sur moi et Benoit qui dérange, une position qui fait que nous ne pouvons pas faire « corps » en permanence avec le reste de l’équipe. Je ne peux rien y faire, tant pis!

Christine est radieuse, l’équipe l’a choisi pour être porte drapeau pour son dévouement tout au long de la semaine envers l’équipe. Je les laisse à leur bonheur dont je ne fais malheureusement pas partie et vais rejoindre Benoit qui m’attend. L’épouse d’Hubert ne comprend pas trop pourquoi elle est soudainement considérée au même titre que le présidium, je crois que c’est une pratique très propre aux Nord-Américains de mettre son épouse aussi au- devant de la scène, on n’a qu’à constater à quel point l’épouse du président américain ou celle du Premier ministre sont toujours en avant plan et apparaissent comme partenaires et non pas comme (juste) une jolie décoration, au bras de son mari. Elle est impliquée d’une façon ou d’une autre dans l’exercice du pouvoir. Ça me semble moins courant en Europe, du moins, à ce qu’on peut voir dans les médias. Dans le cas présent, il y a aussi l’intervention d’un p’tit bonhomme de deux ans qui n’a certainement pas envie de rester sagement en place, ce pourquoi sa maman est plus ou moins intéressée de rester plantée là au soleil pour accompagner son époux et président.

Comme nous savons que notre hymne national, improvisé l’an dernier et maintenant stigmatisé, jouera trois fois pour les trois médailles d’or, Ben est allé indiquer au technicien de son où couper la chanson pour éviter que la pièce ne joue plus longtemps que les autres hymnes traditionnels. C’est très drôle car cette année, sur un total de 22 pays participants, le Québec arrive deuxième en gain de médailles d’or, l’équipe anglaise étant la première. Donc après le « God save the queen », c’est Martin de la chasse-Galerie qu’on entendra le plus, lors de cette remise de médaille! Et quelle belle façon d’inaugurer la nouvelle catégorie, soit le combat d’équipe chez les femmes, nous sommes particulièrement fiers que ce soit nos Québécoises qui ouvrent la voie avec leur médaille d’or et elles le font avec éclat, après avoir offert de superbes combats, elles nous font quelques pas de rigodons en accompagnant l’air joyeux. La foule est enthousiaste, la plupart des combattants debout dans la lice ne peuvent s’empêcher de gigoter et de taper des mains. Il y a bien quelques offusqués devant ce grand manque de cérémoniel, mais bon, les Québécois ont toujours fait preuve d’originalité, c’est certainement pas maintenant qu’ils vont cesser. En voyant ces quelques regards condescendants ou offusqués, au fond de moi, une voix les envoie promener.
Nos championnes, je n'ai malheureusement pas de cliché du rigodon improvisé.


Cette année, les arbitres ont décidé d’offrir un prix pour l’équipe et pour l’individu s’étant le plus illustrés pour leur esprit sportif. C’est l’équipe des Néo-Zélandais qui a été désignée, celle-ci a multiplié les gestes d’entraide envers les autres combattants tout au long du tournoi, et les coéquipiers ont pris sous leur aile l’unique représentant d’Afrique du Sud qui n’avait pas de gîte à son arrivée et qui était par-dessus tout…seul. L’équipe l’a pris dans son giron comme s’il faisait partie du groupe et l’a soutenu dans ses combats. Jesper le Danois est l’individu qui s’est démarqué le plus, cette année et l’année dernière, on se souviendra qu’il avait prêté un de ses casques pour toute la durée du tournoi à Benoit, alors que le Danemark affrontait pourtant le Québec. Cette année, il a encore prêté des pièces d’armure à d’autres combattants et a eu d’autres gestes généreux ici et là envers les participants.
Hilton, le Sud-Africain, venu de loin pour représenter tout seul, son pays.

En clôture finale, voilà l’annonce officielle que tous attendent, même si depuis quelques mois y avait déjà des bruits qui couraient à cet effet. Le tournoi IMCF 2017 aura lieu à Spotrup au Danemark! Le présidium, avec ses nouveaux membres, s’est juré de ne plus vivre avec autant d’incertitudes et d’inquiétude comme ce fut le cas cette année, ils ont, parallèlement à la préparation de dernière minute du tournoi au Portugal, entamé les négociations avec le château de Spotrup et ainsi bénéficier de la visibilité du tournoi pour annoncer tout de suite celui de l’an prochain. Les participants présents, encore réchauffés d’enthousiasme et toujours sous le coup de l’émotion reçoivent la nouvelle en rugissant de contentement. Tous les combattants se rejoignent spontanément au milieu, de sorte qu’il n’y a bientôt plus qu’une mer houleuse de drapeaux qui flottent pêle-mêle parmi tous ces individus heureux qui s’étreignent, se laissent sur des promesses d’au revoir et à la prochaine au Danemark. Benoit qui est en charge du site internet, s’est dépêché de mettre la nouvelle sur le mur seulement quelques minutes après que la nouvelle fut retransmise via le streaming. Des milliers d’individus ont appris la nouvelle en même temps. Les réactions positives sont immédiates!



Pendant que la lice et les estrades se vident, Benoit et Julia, du présidium, commencent à défaire le décor, je vais me changer rapidement et reviens aider. Plus vite on finit, plus vite on peut relaxer avec tout le monde, bière à la main. Les techniciens ramassent les fils et les consoles, les derniers commerçants venus de loin et pressés de reprendre la route vers le nord, remballent leurs articles invendus, je me dépêche d’acheter deux bières artisanales à l’un d’eux, pour mon homme et moi. Je croise Nuno et Isabel qui ont l’air fatigués, mais heureux, l’événement a été une réussite et là, il est terminé, ils vont pouvoir enfin se reposer. Comme moi et Ben, ou comme Jay et Jana, ils semblent former une véritable équipe, les deux œuvrant ensemble dans cette passion commune. J’ai toujours cru que les couples les plus solides sont ceux dans lesquels on communique beaucoup, où l'on se respecte mutuellement et surtout où il existe des passions communes. Comme nous, ces deux couples ont sûrement compris ça depuis longtemps, bien avant nous!

Benoit grimpé dans la muraille pour défaire les fanions.

Lorsque je rejoins Benoit, il termine de ramasser les drapeaux accrochés à la muraille, Julia les récupère et les ramène pour les ranger jusqu’à l’an prochain, on espère bien que d’ici là, quelques autres s’ajouteront. Après s’être assuré qu’il n’avait plus rien à faire, nous revenons, notre bière rapidement vidée, vers le «french ghetto» qui s’est improvisé un p’tit party de fin de tournoi.

Avant de nous joindre à la fête, nous croisons le maire avec qui Benoit a échangé quelques discussions et quelques verres de porto lors du meeting en janvier et un peu cette semaine. Il tient à me présenter ce monsieur tout à fait charmant qui est visiblement heureux de revoir Benoit. Il me demande comment j’ai trouvé sa ville, son pays, les Portugais en général, évidemment je lui réponds que je suis complètement sous le charme et j’ai à peine le temps de lui parler de ma surprise concernant la langue française, qu’il veut me faire goûter à tout ce qu’il y a autour, c’est-à-dire les alcools et quelques trucs à manger d’un kiosque local. Je découvre des perceves, des bernacles en français, un petit crustacé que je n’avais jamais vu de ma vie. Il me dit rêveur : « ça goûte la mer! » et après avoir mis de côtés mes réticences à les mettres dans ma bouche, je dois asdmettre que c'est vrai! Ça goûte l’eau marine dans laquelle ils sont cuits et comme les chips, c’est un peu addictif. Un moment, un de ses amis apporte un petit cochon rôti tout entier et commence à le découper pour nous offrir des morceaux, lorsqu’il coupe le crâne et m’offre un morceau de la cervelle, je refuse net sans même cacher mon dégoût. Je ne suis vraiment pas subtile et surtout quand il est question de bouffe ma curiosité anthropologique s’estompe considérablement. Le monsieur hausse les épaules en riant avec un air de dire : « Tant pis, tu sais pas ce que tu manques» et mord à pleine dents dans le morceau tendu et refusé.    
Des perceves, elles étaient environ un pouce de long

Après notre petit détour d’une heure, on se dirige vers le campement qui semble être désigné pour accueillir LE party principal quand j’entends au travers des discussions en français, tout un tas d’accents anglais différents. La coupe de nos championnes, pleine d’hydromel se promène, l’alcool coule à flots et je regarde un peu découragée, tout le stock, costumes, armures, gambisons, sacs, bouteilles qui traînent un peu partout sur le terrain. Comme le soleil se couche bientôt, que peu à peu l’alcool aidant les facultés s’affaiblissent, le discernement et la motivation prennent le bord, ce sera bientôt difficile de ramasser et départager qu’est-ce qui est à qui. Je suggère à Ben de se changer et ramasser tout de suite son stock, quitte à le mettre dans un coin et continuer le party après. Par chance, Phil qui sait que Ben cherche à vendre son vieux casque qui est en train de rendre l'âme, vient le voir pour lui dire qu'un spectateur est prêt à lui acheter. Ce sera ça de moins à transporter dans les bagages, donc plus de place si on veut rapporter une bouteille ou deux de porto. C’est aussi bien pratique d’avoir un peu plus d’argent que prévu à la fin d’un voyage, surtout quand on en a pas des tonnes.


   Au bout d’une demi-heure, la transaction est faite, mon chum est changé et même son stock est à peu près ramassé dans un coin, je suis agréablement surprise. On commence aussi à avoir faim, nous n’avons pratiquement pas mangé de la journée, la dernière collation avec le maire à contribué à rappeler à notre estomac qu’il fait bon manger… de temps en temps. Benoit et le capitaine de l’équipe néo-zélandaise, James, envisagent de manger ensemble dans un restaurant en bas au village, on passe le mot autour de nous, si bien qu’on se retrouve une bonne quinzaine à descendre au crépuscule en direction des quelques restaurants. Au passage, Benoit a ramassé le Sud-Africain qui tentait de s’esquiver, ne voulant pas s’imposer au groupe. Une petite partie de l’équipe québécoise nous accompagne et lorsque nous jetons notre dévolu sur un endroit, nous constatons que d’autres combattants ont eu la même idée, notamment l’équipe danoise qui nous hèle du fond du restaurant. L’endroit est bondé! On nous trouve tout de même de la place, mais c’est impossible d’être tous ensemble. Le Sud-Africain se retrouve avec un Néo-Zélandais, Laurie et Béné, quelques-uns se sont immiscés ici et là avec d’autres groupes et nous, Ben, Cloée, Andrew, Luc et moi, sommes assis à une grande table avec James et une partie de l’équipe danoise.

Le restaurant est un peu plus chic que les autres où nous sommes allés jusqu’à maintenant, les prix sont plus élevés aussi, mais bon, comme Benoit a vendu son casque, on est un peu moins regardant sur la facture. Le staff est heureusement compréhensif et ferme les yeux sur notre chahutage, faut dire que tout ce beau monde un peu bruyant a contribué, par sa présence, à faire rouler rondement l’économie locale cette semaine.  Je suis étonnée tout de même que malgré nos débordements et notre nombre, le service n’en souffre pas trop et le repas est délicieux.

Après le repas, certains proposent de se réunir dans un petit bar pas très loin, Benoit dont la tension due aux responsabilités est retombée est un peu survolté devant l’accomplissement de ce travail acharné et intense des derniers mois et a très envie d’en virer une! Toutefois, je suis fatiguée, encore! Il me semble que j’ai passé ce tournoi à être fatiguée, c’est tellement pas moi…Bon je me dis qu’éventuellement je vais me laisser prendre par l’ambiance et ça chassera cette lassitude espérons-le, temporaire.

Arrivée à la porte, nous réalisons qu’on a perdu quelques joueurs en chemin, nous sommes plus qu’une quinzaine de personnes. Cloée décide de s’installer sur un banc de parc dehors pour lire son livre, elle n’a pas vraiment envie de se retrouver en foule et dans le bruit, je la comprends, j’ai presqu’envie de faire comme elle. Mais j’ai encore plus besoin d’un siège plus confortable et j’en repère un rapidement quoiqu’on ne manque pas vraiment d’espace, nous sommes pratiquement les seuls clients dans la place qui ressemble plus à un grand salon sur deux étages qu’un bar. Béné et Laurie ont amené avec elles la coupe et elle est pleine d’hydromel. Les Danois qui nous accompagnent, la remplisse constamment, leur délicieux hydromel est célèbre lors de nos tournois, et personne ne se fait prier pour en boire à même la coupe, incluant moi-même. J’aimerais bien avoir le même enthousiasme que Ben qui vient me voir régulièrement entre deux conversations, pour s’assurer que tout va bien car je reste à somnoler dans mon siège étonnamment confortable. Un moment je réalise qu’Andrew est en face et dort carrément en face de moi et Luc est lui aussi assis et s’il ne dort pas, semble attendre désespérément qu’on s’en aille. Finalement, il n’y a que Ben, Laurie et Béné qui s’amusent, j’essaie d’être compréhensive, mais un moment, la police intervient à cause du bruit et parce que l’établissement est censé être fermé à cette heure très tardive. Une partie du groupe veut continuer en secret, de fêter, mais j’interviens auprès de Ben, je tente de dissiper ses vapeurs d’alcool et lui faire entendre raison en lui montrant Andrew qui dort et qui doit conduire la voiture, Luc qui ne demande qu’à partir, Cloée qui est assise seule dehors et moi qui croule de fatigue. Béné et Laurie pompettes à bloc tentent de le convaincre de continuer le party avec elles et de nous laisser partir, mais finalement Ben finit par leur faire entendre raison et on embarque tous les sept dans la voiture, une chance qu’on n’a pas une trop longue route à faire.

Sur le chemin du retour, je pense à mon amie Silvia que j'ai à peine eu le temps de dire au revoir, elle a été bien émue que je lui donne un de mes livres, va-t-elle être au Danemark l'an prochain? Elle craint que non, vu les coûts du voyage. Le silence s’est peu à peu installé dans la voiture et moi qui dodeline un peu de la tête derrière Béné, je reconnais en elle ce silence qui accompagne généralement le vomissement imminent et j’espère que ça arrivera à l'extérieur du véhicule. Lorsque la voiture s’arrête devant la porte de notre condo, Béné se rue à l’extérieur pour rendre au sol de Figuera da foz tout cet hydromel danois. Il était temps que le party finisse finalement! « La nuit va être longue pour elle », « Tout de même, ça a été un très beau tournoi » et « Demain on ne fout rien! » ont été à peu près les dernières paroles échangées entre moi et Ben, avant de nous écrouler de sommeil, ENFIN!.    
Mon amie Silvia avec une petite fille dont les parents sont dans l'équipe française...



Ouais bon...je suis un peu tombée amoureuse de cette adorable fillette.