Ravis de notre petite excursion matinale
du quartier, nous revenons pour manger le lunch acheté au dépanneur du coin. Je
jette un œil satisfait aux photos que j’ai prises du petit et magnifique parc
découvert par hasard en errant dans les petites rues. Nous activons la cadence
car nous partons dans moins d’une heure avec le groupe, escorté de Yoko et de
Rei pour nous rendre, en métro cette fois-ci, pour le temple bouddhiste Sensoji, où nous
rejoindrons Jay et Kiyoka.
Même les feuilles sont parfois juste balayées pour maintenir l'ordre. |
Killian est déjà parti rejoindre un ami
qui vit ici, il va passer quelques jours avec lui, ce qui fait que lorsqu’il
reviendra au Dojo pour prendre ses bagages, nous serons déjà repartis à Montréal. Donc nous
l’avons salué ce matin en nous rappelant que nous nous reverrons dans cinq mois
au Danemark. Nous avons aussi salué Sophie et Justin qui partaient ce matin,
ils ne seront pas avec nous pour la balade à Tokyo, mais heureusement nous les
reverrons aussi au championnat de l’IMCF. Le seul autre Japonais qui nous
accompagne aujourd’hui c’est Ami. Celui-ci a d’ailleurs remis un petit cadeau à
Benoit pour sa générosité au restaurant samedi soir.
Encore une fois, en arrivant au métro,
nous avons l’air d’une classe en sortie avec notre professeur consultant la
grande carte du métro. Nous restons près d’elle, conscients de notre
vulnérabilité dans cet antre ferroviaire qui nous semble extrêmement complexe.
Dans les passages souterrains, nous passons sous une arche que nous nous
amusons à appeler le «filtre à Gajins» parce que la moitié du groupe doit se
pencher pour y passer. Toutefois, l’ironie veut que le plus grand du groupe
soit Ami, étonnamment grand pour un Japonais.
En arrivant à notre sortie, notre
curiosité toute touristique nous ralentit évidemment dans la station de métro.
La journée est parfaite pour visiter, un
beau ciel sans nuage avec une douzaine de degrés. Nous retrouvons vite Jay et
Kiyoka, prenons quelques photos devant l’entrée de l’allée qui mène au temple
et nous nous donnons une demi-heure pour traverser à notre guise le marché
couvert de kiosques. Ce dernier a toujours été là avec le temple, même si la
marchandise vendue n’est plus tout à fait la même. Bien sûr, il y a de la
nourriture, des viandes grillées, des pâtisseries, des bonbons, beaucoup de
bonbons, des baguettes, des kimonos, mais aussi des babioles de plastique, des
souvenirs, etc. Je suis ébahie de voir des visiteurs porter l’habit
traditionnel, on devine que c’est spécifiquement pour la visite du temple, une façon cérémonieuse de visiter le lieu de culte.
L’endroit est magnifique et…bondé! Mais
comme nous sommes au Japon, il n’y a pas de bousculade, les gens sont polis et
plutôt réservés. Nous sommes chanceux, aujourd’hui, il y a une cérémonie qui se
tient au milieu du temple, dans la nef réservée aux prieurs et gardée fermée
aux visiteurs. Mais si nous ne pouvons y entrer, nous pouvons observer par les
grandes fenêtres sans vitre et grillagées. En échange de yens (1-2$), Benoit
tire une baguette avec un papier qui révèle la chance ou la malchance, ce qui
me rappelle un peu les biscuits chinois. Le petit rouleau révèle une malchance
en ce qui concerne les voyages, eh bien, c’est un peu tard!
Quand nous nous retrouvons tous ensemble
dans le hall après avoir fait un peu le tour, Kiyoka vient offrir
cérémonieusement un charme à Benoit pour le protéger du mauvais sort qu’il a
reçu. Elle en offre aussi aux deux-trois autres du groupe qui ont aussi été
frappés par la malchance. Nous sommes touchés par son petit geste. Je mettrai cette protection sur la poignée intérieure de notre porte d'entrée.
Nous quittons vers la petite rue adjacente
au temple, nous voulons nous trouver un petit restaurant pour casser la croute.
C’est vraiment traditionnel comme lieu et tout de même peu achalandé en ce
moment, ce qui nous arrange, ça va être plus facile de se trouver de la
place pour manger.
Au bout d’un moment après quelques
tentatives avortées, nous devons nous rendre à l’évidence, il n’y a pas de
resto assez grand pour tous nous contenir ensemble, on doit séparer le groupe
en deux et manger chacun de notre côté. Notre choix s’arrête sur le Maeda, un
restaurant qui existe et porte le même nom depuis 400 ans, un endroit petit,
simple et traditionnel avec des prix plus qu’abordables. Nous sommes
ravis!
Mon petit doigt me dit, que les deux
seules personnes qui y travaillent en ce moment, une femme et sa mère (j'imagine) sont les propriétaires. L’intimité de l’endroit, nous
donne l’impression d’être attablés à une cuisine privée où la nourriture est
délicieuse et réconfortante. Un lieu que nous quittons à regret tant il est
invitant.
Les autres sont déjà sortis depuis un
moment à en juger par les cigarettes presque terminées des fumeurs. Nous
continuons notre route vers la tour Tokyo Skytree, la plus haute du Japon, et
la deuxième au monde, avec ses 634 mètres de haut. En ligne droite, nous sommes
environ à une quinzaine de minutes, mais comme nous nous arrêtons souvent pour
prendre des photos, nous mettons une grosse heure pour traverser le pont qui
enjambe le fleuve Sumida pour nous rendre à cette gigantesque structure. Il
n’est pas question que j’y monte, j’ai trop le vertige d’abord, ensuite, il en
coûte environ 30$ la visite, ce qui est dans mon cas de l’argent gaspillé.
Benoit décide de rester avec moi en bas, découragé par le temps d’attente, il
déteste comme moi les files interminables. Nous attendrons plutôt au Starbuck
dans le centre commercial attenant à la tour, assis confortablement avec un café
et Muku, avec qui nous discutons littérature puisqu’elle est écrivaine.
Quand le groupe redescend, le soleil est
couché et nous décidons de conclure cette journée par un souper aux sushis pas
bien loin de notre logis. Jay visiblement épuisé, ne nous accompagnera pas.
Comme il ne pourra passer au Castle Tintagel demain et que nous repartons en
après-midi, nous en profitons pour nous remercier mutuellement, nous pour son
accueil et lui pour notre visite et la participation de Benoit et après s’être
serrés dans nos bras, nous le quittons sous la supervision de Yoko, notre maman
temporaire, ce qui la fait bien rire.
Dans le métro, les gars font les fous encore,
s’amusent à faire des «slav squats», parlent fort, rigolent et taquinent Yoko,
Rei et Kiyoka. Ils affichent cette exubérance si souvent caractéristique à un
groupe qui voyage ensemble à l’étranger. Avec nos différences physiques aussi
distinctes, c’est clair, nous sommes particulièrement exotiques et tellement
touristes! Autour de nous pourtant, les passagers restent assez indifférents,
par politesse sûrement. Mais plus tard quand nous nous retrouvons dans un
restaurant de sushis choisi par Kiyoka, Yoko nous apprend que quelques
passagers ont filmé nos clowns, discrètement, ce qui nous fait tous rire en imaginant
ce qu’ils diront à leurs amis en montrant leurs vidéos.
Nous mangeons avec appétit, on profite du
moment, ce n’est pas tous les jours qu’on mange des sushis à Tokyo, encore
moins en compagnie de gens d’origines aussi diverses! Cependant la fatigue
se fait ressentir peu à peu, ou est-ce la bière et le saké qui nous alourdit un
peu? Nous quittons en saluant les cuisiniers qui nous avaient accueillis avec
beaucoup d’enthousiasme.
Nous ne sommes pas bien loin de notre
petit dépanneur, nous y faisons un arrêt avant de rentrer pour terminer
tranquillement notre soirée à discuter avec nos colocs temporaires et préparer
un peu nos bagages pour le lendemain. Benoit s’assure de bien ranger son armure
dans les sacs avant de les peser pour l’avion. Nous ne tardons pas à nous
coucher, nous voulons nous lever tôt et avoir le temps de prendre notre douche,
déjeuner convenablement en compagnie de Yoko après être allés à l’épicerie qui
offre plus de choix qu’au dépanneur. Nous devons faire quelques provisions pour
l’avion.
Le lendemain nous quittons trop tôt à
notre goût Castle Tintagel, une chose est certaine nous y reviendrons. Comme
nous avons pris le transport en commun quatre fois en cinq jours, c’est avec
une certaine assurance que nous prenons le train pour l’aéroport. Nous
constatons que c’est notre premier voyage où nous n’embarquons dans aucune voiture
ou autobus. Faut dire que c’est la première fois que
nous restons au cœur d’une grande ville toute la durée de notre séjour. Définitivement,
le transport en commun c’est la meilleure solution pour voyager en ville. Si tous les Montréalais arrivaient à le comprendre!
Je ne peux finir cette chronique sans
parler de l’aéroport d’Haneda qui est jusqu’à ce jour, mon aéroport préféré. Le
service à la clientèle est exemplaire, les employés sont ultra respectueux, d’une
politesse exemplaire et d’une volonté inouïe d’aider. Les infrastructures en place
sont là pour maximiser le confort des gens. Partout on ressent un respect envers la
clientèle.
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Comme pour compléter notre bonheur, l’avion
est à moitié vide, je peux prendre une rangée complète de bancs au milieu pour m’étendre
complètement à l’horizontale et dormir plusieurs heures. Quand nous atterrirons,
nous arriverons exactement à l’heure et au jour où nous avons quitté le Japon.
Mon
bonheur serait complet si nous n’étions pas obligés de passer par Toronto, l’aéroport
que je déteste le plus et qui se situe sur une échelle de satisfaction, à l’opposé
complètement de celui que nous avons quitté. Je l’admets, le choc est encore plus
brutal après cette excursion au soleil levant.
On voit au loin le mont Fudji! |