mercredi 18 juillet 2018

Jour 4: VICTOIRE!






Les techniciens de son ont eu la bonne idée de trouver une intro musicale très appropriée pour notre tournoi, toute en trompette glorieuse et sans repère historique précis, elle cadre bien avec l’époque qu’on représente. Cette courte mélodie ouvre et ferme les journées de tournoi. Si ma mémoire est bonne c’est la première fois qu’il y a une musique d'intro qui annonce que les combats vont bientôt commencer. Et ce qui est bien, c’est que ça joue fort, ainsi ça prévient les retardataires qui traînent au Centre sportif ou qui cuvent leur vin quelque part dans une tente. Y en a quelques-uns qui ont fêté un peu hier parmi ceux et celles qui ont fini tous leurs combats. L’Ost du Québec s’est tenue tranquille par souci de solidarité pour nos filles qui font les finales aujourd’hui. Nous serons de tout cœur avec elles.

Cette dernière journée commence avec du 16 contre 16, puis se poursuivra avec les finales de toutes les catégories d’équipe. Les journées ensoleillées et sans pluie que nous avons eu apportent un inconvénient : le sol de l’aire de combat est très poussiéreux. C’est particulièrement vrai pour ces grosses équipes qui remuent beaucoup de sable. La visibilité s’en trouve un peu diminuée. J’imagine que ça doit rendre le travail un peu plus ardu pour les arbitres et les commentateurs. On en a pour un moment car, on poursuit avec les finales des grosses équipes de 16 et de 10, mais comme il y a moins d’équipe dans ces catégories c’est moins long que le reste.

En fin d’avant-midi, les filles sont motivées et prêtes, elles prennent place dans la lice, et attendent…attendent et attendent les Polonaises. Il se passe un bon gros cinq minutes d’attente entre le moment où elles sont annoncées et celui où elles apparaissent. Vous me direz que cinq minutes c’est pas si terrible, mais quand on est plantée au soleil, recouverte d’une lourde armure, avec un casque qui limite l’entrée d’oxygène, c’est une éternité. Je ne suis pas une spécialiste mais il me semble que dans n’importe quel sport, se laisser attendre aussi longtemps est passible de disqualification peu importe la raison. Notre sport est jeune et il reste encore des règles à écrire je crois bien. Parce que faire poiroter l’autre équipe ainsi c’est se donner un certain avantage mais c'est antisportif et ennuyant pour la foule de spectateurs. 

Cependant, ça ne semble pas affecter les Québécoises quand elles s’élancent enfin contre leurs adversaires, Cloé fonce la première, chacune se trouve une adversaire. Béné fait tomber la sienne en premier et va aider ses coéquipières. Elle vient aider Cloé pour mettre au sol sa Polonaise qui semblait ne pas apprécier la masse de Cloé. Ne reste que la combattante de Christine, l’arbitre arrête le combat, les trois filles gagnent le premier round.

Deuxième round, Gab remplace Christine, les trois avancent sur l’équipe polonaise avec assurance, chacune repérant une adversaire, Cloé frappe et fait tomber la sienne en quelques secondes, quand elle tente de rejoindre ses coéquipières, l’arbitre lui demande de mettre un genou par terre, car elle a frappé au cou de façon illégale. Béné et Gab luttent contre les deux autres, Gab échappe son arme et court s’en chercher une autre à l’autre bout de la lice, car c’est obligatoire d’avoir une arme pendant le combat. Pendant ce temps, Béné lutte seule contre les deux restantes, Gab revient, reprend le combat et fait tomber son adversaire, aide Béné avec la sienne. Béné finit par tomber avec la dernière Polonaise, les filles gagnent en deux rounds contre la Pologne! Les Polonaises semblent en colère et non disponibles pour l’accolades, nos filles n’en saluent pas moins la foule.

Maintenant elles savent qu'au prochain tour, elles gagneront soit l'argent soit l'or. Les finales se poursuivent avec les Finlandaises contre les Ukrainiennes, la gagnante croisera le fer avec les Québécoises. Durant ce temps, les Polonaises se sont plaintes et demandent de refaire le deuxième round, j'ignore pourquoi, mais les arbitres l'accordent.

On refait donc le deuxième round à deux contre deux, Béné et Gab contre deux Polonaises, s'il y a eu une faute c'est dans la deuxième partie du round quand Cloé était au sol. Béné tombe avec son adversaire, Gab et la sienne luttent longtemps, les deux semblent s’épuiser, au bout d’un gros cinq minutes elles tombent toutes les deux, ce qui les oblige à faire un troisième round. Christine vient remplacer Gab qui est un peu épuisée par sa lutte interminable, donc Christine, Cloé et Béné sont rapidement encastrées dans la clôture avec leurs rivales. Les combats stagnent encore un peu dans la lice, dieu que c’est ennuyant à la longue. Faudrait vraiment faire comme dans les combats de MMA et décoller les combattants du bord de la lice au bout d’un certain temps. Béné fait tomber la sienne et va aider Christine avec la sienne, Cloé aussi. Comme elle semble un peu en difficulté, Christine lâche la sienne et vient l’aider. Béné tombe avec la deuxième. Finalement Christine et Cloé font tomber la troisième. Donc elles gagnent pour une seconde fois, personne ne peut nier maintenant qu’elles ont gagné. Elles s’en vont en finale contre les Ukrainiennes, la Pologne et la Finlande vont se disputer le bronze.

Les filles ont droit à une courte pause pendant que la Pologne affronte la Finlande. Elles commencent à être peu fatiguées mais je suis étonnée tout de même qu’elles tiennent bien le coup encore, faut dire que ça commence à être excitant, elles approchent de l’or. C’est le prochain combat, leur dernier, qui sera déterminant, avec des concurrentes très fortes : les Ukrainiennes.

Elles remettent tranquillement leur casque quand on les annonce et s’avancent vers la lice pour un ultime combat. Gab reste derrière la clôture laissant Cloé, Christine et Béné charger devant, Béné fonce sur une adversaire et peut-être dans une tentative suicidaire, tombe au sol avec elle, Christine tombe aussi avec la sienne et Cloé, après avoir lutté un peu plus longtemps avec son Ukrainienne, réussit à la mettre au sol.  Elles doivent refouler rapidement leur enthousiasme car les filles de l’équipe adverse se plaignent que la manœuvre de Cloé n’était pas légale, car elle tenait par le cou avec sa masse. Le capitaine en fait la demande aux arbitres et Cloé est clairement en faute, elle doit refaire le round contre son adversaire. En quelques secondes elle la remet « superbement » au sol et bien sûr de façon légale cette fois, encore plus facilement que la première fois. Même dans son armure et son casque on voit son « YES! » de contentement et je pense que nous sommes plusieurs à le faire mentalement avec elle, en tout cas, moi très certainement!

Deuxième round, c’est encore les trois mêmes filles qui y vont. L’équipe adverse leur donne du fil à tordre, Béné tombe en voulant aider Christine mais elles tombent toutes les deux sans faire tomber personne d’autre. Cloé probablement réénergisée par sa victoire personnelle reste la seule de son équipe debout face aux trois Ukrainiennes. Donc elles doivent retourner pour un troisième round. Ce sera l’argent ou l’or?

Troisième round, Gab vient remplacer Christine et fonce avec ses coéquipières, Cloé fait tomber une Ukrainienne, Béné et Gab tombent toutes les deux avec leurs adversaires! Cloé la seule combattante debout…OUI! C’est l’OR!!!!! On jubile! Christine vient rejoindre ses alliées et faire l’accolade à leurs adversaires, maintenant que la compétition n’existe plus... jusqu’à l’an prochain. Les autres Québécois viennent les rejoindre au milieu pour les féliciter et partager toute cette joie. La foule dans les estrades est aussi bien enthousiaste et bien réchauffée pour la suite, les finales du 5 contre 5, la catégorie la plus populaire de l’IMCF et celle où on trouve le plus d’équipes.

Avec les Ukrainiennes


 Je prends quelques photos des filles et je vais rejoindre Ben au quartier général où il est parti tout de suite après la victoire des filles, il doit préparer avec Magnus et Hubert, la cérémonie de clôture qui aura lieu tout de suite après la fin des combats, l’horaire est très chargé. L’affiche pour l’Écosse est terminée et elle doit être entre les mains des techniciens audio-visuels pour qu’ils puissent la mettre sur l’écran aussitôt que Benoit en fera l’annonce. Normalement c’est le président (Hubert) qui parle au nom de l’IMCF, mais comme ce prochain tournoi est presque le bébé de Benoit, il a demandé s’il pouvait l’annoncer, ce qu’Hubert comprend parfaitement.

Les trophées, les médailles et les prix attendent sur une table qu’on les apporte dans la lice où ils seront remis aux victorieux et victorieuses. À l’extérieur, le temps s’est un peu gâté, il vente beaucoup et on dirait bien que nous aurons de la pluie, si ça pouvait attendre la fin de la cérémonie de clôture, ce serait parfait. Déjà qu’après la victoire finale des Ukrainiens dans le 5 contre 5, les spectateurs commencent à partir, ne sachant pas qu’il y a une cérémonie après ou bien c'est pour éviter d’être pris sous la pluie.  


On accélère un peu la manœuvre et on annonce la cérémonie de clôture dans une quinzaine de minutes, les équipes vont se préparer et on aménage rapidement la lice pour la remise des médailles. Tout le monde reprend sa place dans la bonne humeur dans le défilé qui est en train de se former comme lors de la cérémonie d’ouverture. Les participant(e)s commencent à être habitués puisque ce rituel est là depuis nos débuts. Je n’entre pas dans le défilé car je veux filmer un peu notre groupe.






La raison officielle est que j’ai mis ma belle houppelande, faite il y a un mois, qui est extrêmement lourde et longue. Comme j’ai froid je garde ma cape en velours par-dessus, résultat, je suis pratiquement paralysée sur place tant je suis limitée dans mes mouvements. Non définitivement ce n’est pas une robe pour moi et mes bagages s’en porteront mieux avec quelques kilos en moins, car je la laisserai au Québec dorénavant. Je me trouve donc un coin dans la lice pas loin du présidium et j’évite de me déplacer pour ne pas trébucher et me donner en spectacle.

La cérémonie commence et malheureusement les estrades se sont vidées aux trois quarts, tant pis, ça sera plus intime, bon, pouvons-nous vraiment parler d’intimité quand nous sommes plusieurs centaines d’individus? Le directeur de Spottrup prend la parole pour s’adresser au peu de public restant, puis Hubert prend la parole à son tour. Sans trop de préambule il annonce les catégories et les gagnant(e)s, pour le Québec c'est deux médailles d'or, Cloé et l'équipe de filles, en plus de leur trophée et une médaille de bronze gagnée par Gabrielle. Benoit est très fier de pouvoir remettre leurs médailles. Cette année notre «hymne national» Martin de la chasse-galerie  joue deux fois, comme toujours elle fait «swinger» notre gang et contamine les autres équipes autour. Bien sûr, je vois bien quelques visages offusqués mais de façon générale ça met de la bonne humeur. 




Il y a toujours un prix qui est remis, par les arbitres, à un joueur qui a fait preuve de «fairplay» exemplaire, et cette année, il est remis à Andrew pour avoir laissé tomber sa propre équipe pour protéger un combattant de l'équipe adverse qui avait perdu son casque. On lui remet une belle dague et il est chaudement applaudi, nous sommes fiers de lui.

Quand les prix ont tous été remis, on sent une fébrilité dans l'air, un moment que beaucoup attendent impatiemment, où nous retrouverons-nous l'année prochaine? Hubert donne le micro à Ben, et ce dernier annonce enfin que l'année prochaine aura lieu notre tournoi, du 10 au 13 mai à Scone Palace en Écosse! Au même moment l'annonce apparait sur l'écran géant et par le fait même, sur Internet grâce au streaming et aux commentateurs. Donc c'est aussi des milliers d'internautes qui apprennent la nouvelle. 

Comme toujours, la cérémonie s'achève dans la lice dans un enchevêtrement de drapeaux, d'accolades, de rires et déjà les récits des bons et des mauvais coups commencent à prendre vie et au fil des mois s'entasseront dans les mémoires pour devenir des souvenirs exaltants. On s'enthousiaste pour l'an prochain ou pour la soirée qui approche et qui sera arrosée généreusement en alcool provenant d'un peu partout dans le monde.





samedi 14 juillet 2018

Jour 3 partie 2: L'ascension des valkyries québécoises.




Elles devront d’abord combattre les Sud-Africaines, les Anglaises et les Finlandaises dans le premier tour si les filles veulent faire les finales demain. Juste avant de commencer le premier round, Christine, Cloé et Béné, retrouvent des copines au milieu de la lice dans l’équipe finlandaise et se font des accolades. Notre équipe est légèrement désavantagée car elles ne sont que quatre, alors que normalement elles devraient être cinq pour se faire remplacer plus souvent d’un round à l’autre. Mais d’être légèrement en sous nombre ne les a pas empêchés de remporter la première place l’an dernier.



Les filles reviennent à leur place, près de Ben et Régis qui sont leurs coachs. Au signal de l’arbitre elles avancent à la rencontre de leurs adversaires et foncent les unes contre les autres. Béné tombe en faisant un kik, Cloé tombe avec son adversaire, les deux autres s’acharnent sur Christine qui finit par tomber aussi. Ouais, ça commence mal! Deuxième round, Gabrielle vient remplacer Christine. Elle en met deux au sol apportant la victoire à son équipe. Cette fois-ci elles gagnent sans que l’une d’elles ne tombent. Troisième round, Christine vient remplacer Cloé, Christine lutte un moment et tombe, Béné et Gab luttent contre les trois Finlandaises contre la lice, Gab tombe, les arbitres arrêtent le round comme ils le font toujours quand y a plus de deux contre une. Première défaite, on espère que ce sera la dernière. Les filles, comme le fait l’Ost la plupart du temps, viennent saluer la foule.


Elles ont peu de temps pour reprendre leur souffle, car elles doivent affronter les Sud-Africaines, tout de suite après le combat des Ukrainiennes contre les Anglaises. Ça leur laisse quand même le temps de respirer sans casque, de boire de l’eau, de revoir leurs stratégies et de se donner du courage.

Lorsqu’elles retournent dans la lice, on leur annonce que l’équipe adverse demandent à combattre deux contre deux parce que l’une d’elle a un problème avec son armure, soi-disant irréparable. Normalement, l’équipe incomplète serait disqualifiée mais on ferme les yeux, et les filles acceptent, elles entrent à trois, mais Gab met son genou par terre, Cloé et Béné vont combattre.  Béné jette la première au sol en quelque secondes, ensuite elle et Cloé prennent la deuxième qui résiste un moment, avant de s’écrouler.

Béné sort et est remplacée par Christine, la troisième de l’autre côté a miraculeusement réussi à arranger son armure et vient faire le deuxième round, mais l’autre sort, (je ne comprends pas trop pourquoi) donc un autre round à deux. C’est assez inhabituel, c’est à se demander si ce n’est pas une ruse, mais bon les arbitres ne s’y opposent pas, probablement par manque de temps. Nos filles attendent, prêtes…le casque sur la tête au soleil pendant que l’autre équipe étirent en ajustement. Cloé met un genou par terre pour équilibrer les forces. Gabrielle en met une au sol en quelque secondes, et va aider Christine, les trois luttent, mais malheureusement au moment où la Sud-Africaine vacille et tombe, elle entraîne dans sa chute Gab et Christine dont la hache est restée coincée.  Le round est donc nul. Troisième round, Gab sort et Béné vient la remplacer, cette fois c’est Christine qui met le genou au sol. Béné et Cloé foncent sur les deux combattantes, Béné en jette une au sol assez rapidement et tient l’adversaire de Cloé pendant que celle-ci frappe lourdement avec sa masse, puis elles la font tomber. Nos filles gagnent contre l’Afrique du sud! Une fois de plus elles viennent saluer la foule, puis faire l’accolade à leurs adversaires vaincues.

Cette fois, elles ont une pause beaucoup plus longue, car il y a trois combats avant qu’elles ne doivent revenir en lice. Pendant qu’elles soufflent un peu, il y a l’Ukraine qui affronte le Danemark, ensuite l’Angleterre contre la Finlande, les États-Unis et la Pologne, puis l’Afrique du sud et la Finlande.

Le dernier combat de nos filles est l’avant-dernier de la journée. C’est donc les Québécoises et les Anglaises qui entrent maintenant en lice. Le premier round commence et Cloé a l’air en feu, elle court jusqu’au fond de la lice et fonce dans une adversaire, Christine lutte contre une autre collée sur la clôture, Béné lutte un peu contre la troisième mais lâche prise pour aller aider Cloé avant que son adversaire revienne par derrière elle, elles forment trois paires de combattantes. Cloé tombe avec la sienne, Béné aussi et finalement Christine. Les trois paires jonchent le sol, c’est donc une nulle. Les deux dernières adversaires ne faisaient que s’accroupir contre la lice et résister, ce qui rend un peu plate les combats.

Deuxième round, Christine sort et Gab la remplace. Chacune se retrouve avec une adversaire, Cloé tombe avec la sienne, Gab est féroce, elle ne donne aucune chance, elle donne des coups de pied et saute dessus, l’autre est solide aussi, les deux sont semblables dans leur façon de se battre, mais finalement Gab prend le dessus et la fait tomber. Celle de Béné reste contre la lice, s’asseoit presque sur la rampe, Gab et Béné réussissent à la faire tomber, elles gagnent le deuxième round.

Troisième round, Béné sort et Christine entre, de l’autre côté, deux nouvelles filles viennent remplacer deux des leurs, voilà l’avantage d’avoir une équipe complète de cinq. Comme c’est le cas presqu’à chaque fois, Cloé engage le combat la première, Gab et Christine en empoignent chacune une. Au moment où ça commence à être un peu ennuyant parce que les trois paires stagnent dans la clôture, on sent que ça s’essouffle, les mouvements sont plus lents ce qui fait que quand Cloé met la sienne par terre, puis Gab après elle, on dirait qu’elles déposent doucement leur adversaire au sol. Il ne reste qu’une Anglaise contre nos trois Québécoises, on arrête le round, elles gagnent donc! Béné vient les rejoindre et les deux équipes se font une accolade, nos Québécoises saluent une fois de plus la foule dans les estrades.  
  
Les filles enlèvent avec soulagement leur armure qu’elles ont porté une partie de l’après-midi pendant que les Américaines perdent contre les Ukrainiennes. Les filles s’en vont en finale demain! Les quatre équipes qui s’affronteront sont celles de la Pologne, de l’Ukraine, de la Finlande et évidemment du Québec. La journée s’achève avec le 10 contre 10, mais j’avoue que Ben et moi, on « se pousse un peu par la porte d’en arrière » nous quittons parce que nous avons très faim et nous prévoyons aller manger au restaurant avec Andrew et Annie, Benoit a besoin de manger un vrai repas. Aussi nous devons trouver une solution rapide pour avoir un poster numérique à mettre sur l’écran géant demain.

On croise Jaye et Jana au centre et comme Jaye est dans le présidium il est dans le secret des dieux, il propose Jana comme graphiste, elle accepte et assure qu’elle terminera l’affiche pour demain. Benoit lui envoie par courriel, la photo du palais de Scone, celle qu’il a reçu ce matin. Et après avoir trouvé Andrew et Annie, nous nous engouffrons dans leur voiture louée et quittons les lieux pour nous rendre à Skive. Les gars échangent à propos de leurs combats d’aujourd’hui et de leur frustration d’avoir été traités injustement, disons que ça leur fait du bien d’en parler, mais la discussion tourne vite à propos du tournoi de l’an prochain, Ben confirme à Andrew que le tournoi aura lieu en Écosse après lui avoir demandé de ne pas le révéler à personne jusqu’à demain.



Quand nous arrivons « en ville » nous sommes vraiment surpris par la tranquillité des lieux : Un samedi soir et aucun bar à l’horizon, personne sur les trottoirs, pas de restaurant ouvert. Juste au moment où on commence à penser à aller plus loin vers une autre ville ou à rebrousser chemin, nous trouvons un p’tit resto sans prétention qui sert quelques trucs que Benoit peut manger avec du cidre. Il n’y a qu’un couple sur place, c’est vraiment calme, trop calme à mon goût, cependant c’est une bonne chose pour nous aider à décanter un peu. Nous y restons jusqu’à ce que l’obscurité soit partiellement tombée puis nous retournons à Spottrup, demain une autre grosse journée nous attend. 

mardi 10 juillet 2018

Jour 3, partie 1 : Une médaille de bronze !!

Benoit au milieu



Y a beaucoup de fébrilité dans la première rangée de tentes, la journée qui s’amorce sera très chargée. C’est la seule journée où tout le monde se bat, par chance, pas tous en même temps. En avant-midi nous avons Gabrielle et Élie qui feront leurs duels en épée et bouclier, puis en après-midi, la deuxième partie des combats masculins et cette fois nos gars y seront, puis les combats d’équipe féminines.

Donc, personne ne traîne ce matin et dans la petite salle à manger, on sent que cette fébrilité est générale. Après tout, c’est pareil pour les autres équipes, du moins celles qui ont des équipes féminines et masculines. Le déjeuner est pris plus rapidement, chacun s’affairant à ramasser ses affaires pour la journée ou à terminer des petits ajustements. Les personnes disponibles pour aider s’occupent de remplir des bouteilles d’eau, d’apporter des chapeaux, de la crème solaire, des collations, des appareils photo, des serviettes, etc. On veut éviter de devoir revenir aux tentes durant la journée même si ce n’est pas bien loin.

Il fait toujours un temps magnifique, et je pense que nous serions surpris de voir autre chose que du soleil aujourd’hui. En arrivant tout près de la lice avec Gabrielle et Élie, on constate que les estrades sont déjà pleines de gens de tous âge, des familles, notre blond public aime ce sport. Nos athlètes commencent leurs duels, ils sont entourés d’une partie de l’équipe qui les supportent et s’occupent de leurs besoins respectifs. D’autres sont allés s’asseoir dans les quelques places disponibles de l’estrade pour bien voir les combats. Moi et Ben, on se promène autour, veillant à ce que nos commentateurs soient confortables et bien hydratés. On fait aussi la navette entre le quartier général où l’on attend des nouvelles de l’Écosse et le campement où l’armure de Benoit attend pour de petits ajustements de dernière minute.

Heureusement quand nous arrivons au local, Benoit reçoit la confirmation du palais avec une photo officielle de Scone, celle qui sera affichée sur le grand écran lorsqu’il en fera l’annonce demain après la remise des médailles. Ça nous laisse une trentaine d’heures pour faire un poster numérique, mais la tension est enfin tombée, le prochain tournoi aura lieu en Écosse. Quel bonheur et quel soulagement aussi! C’est le cœur léger que nous retournons au campement pour prendre des nouvelles de nos duellistes, nous n’avons pas vraiment suivi les combats. Nous apprenons que Gabrielle est sortie de son pool et va donc en finale et qu’Élie demande d’aller en appel, car il croit qu’il y a eu erreur de jugement de la part des arbitres lors de son dernier combat. Donc à ce moment, la procédure qui doit être faite c’est une demande officielle de la part du capitaine de l’équipe (Christine) à l’arbitre en chef (Steve) de revoir ensemble les replays, et sur tout autre vidéo pris pendant le duel. Tout le monde se met à chercher Laurie qui filme depuis le début les combats du Québec et de quelques autres équipes avec qui elle fraternise depuis l’an dernier. Entre temps, on demande aux membres de la fédé restés au Québec et qui suivent les combats en direct, via Internet, d’y jeter un œil. Bien sûr nous sommes conscients qu’ils risquent de manquer peut-être un peu d’objectivité, mais vaut mieux maximiser les chances et considérer ça dans le calcul.

Donc ça court un peu de tous les côtés, car les gars doivent commencer à se préparer tout en mangeant un peu leur diner apporté de la cafétéria. Cette année, nous n’avons jamais été aussi nombreux, douze combattant(e)s, deux arbitres, et six accompagnateurs, disponibles pour aider. Nous avons aussi la chance d’avoir les Belges avec nous, mis à part Fred qui est arbitre, les autres, Gauthier, Julie et Benjamin ont terminé leurs combats et se fusionnent à nous tout naturellement comme une grande famille. Ça fait beaucoup d’aide! Quand nos hommes sont prêts, nous nous dirigeons vers la lice et nous nous glissons dans le coin à l’ombre près des arbitres.


De gauche à droite, avec leur protèges-dents: Andrew, Benoit, Régis, Élie et Yan.


De droite à gauche, sans protège-dents: Bear, Dom, Jérémie, près d'eux Dan et Gabrielle, ainsi que Land de l'équipe Canada (avec le chapeau de paille).

Le cas d’Élie doit se régler rapidement car après le 5 contre 5, ce sont les quarts de finale chez les hommes et les femmes, et advenant que la décision de l’arbitre en chef donne la victoire à Élie, il passerait, comme Gabrielle en quart de finale. Pour le moment il attend comme son équipe qu’on les appelle dans la lice pour affronter les Polonais, une équipe très forte. C’est Béné la coach donc qui décide en principe, quels seront les cinq gars qui feront le premier round. Elle choisit, Régis, Élie, Yan, Dom et Jérémie qui malgré l’effort, s’effondrent sous les coups. Deuxième round, Andrew, Ben, Yan, Dom et Bear, encore une fois, ça joue dur, mais alors que l’espoir repose sur Andrew, on se rend compte qu’il n’est plus dans la course, dos à la lice et levant les bras pour signifier à ses deux adversaires qui s’apprêtent à se ruer sur lui d’arrêter parce qu’il protège un des leurs (un Polonais) qui a perdu son casque. Comme il ne reste que lui debout, devant les deux autres, l’Ost perd ce round aussi. Les gars reviennent se réfugier à l’ombre la mine basse. L’atmosphère dans le groupe est à l’orage et moi je préfère m’éloigner, de toute façon je sais qu’Andrew et Ben se sont fait rabrouer injustement et ils sont en colère et peu importe ce que je dirai à Ben, il sera « absent » et je devrai supporter sa mauvaise humeur. J’en ai aucune envie, je me retire plus loin, les ondes sont trop négatives.

Après les combats entre l’Allemagne et la Suède, puis la Pologne et la Suède, l’Ost retourne en lice pour affronter à leur tour l’Allemagne. Andrew, Dom, Régis, Yan et Jérémie s’exécutent pour le premier round et gagnent! Pour le deuxième, Dom et Andrew restent, et les trois autres sont remplacés par Ben, Élie et Bear. Ben et Andrew reprennent leur position d’alliés comme ils le font si souvent, mais l’équipe perd quand même son deuxième round. Pour le troisième Bear et Andrew sont remplacés par Jérémie et Dom, les deux équipes complètes se retrouvent au sol, c’est donc une nulle. Quand les gars retournent à leur coin, Ben a reçu un sale coup sur une cuisse, il a perdu sa pièce qui protège sa hanche, une grosse rondelle. Il voudrait bien en faire part à la coach et les quelques autres qui sont là pour aider, mais tous sont autour de Régis dont le casque est brisé. Ils lui mettent le casque d’Andrew et tentent d’installer derrière la nuque, la pièce que Ben a perdu dans la lice, sans savoir que c’est la sienne. Cette rondelle sert à attacher aussi sa jambière plus solidement, une jambière à laquelle sont rattachés le protège genou et le protège tibia. Sans cette attache solide avec sa rondelle, il se retrouve vite avec une jambière qui glisse et ne protège plus vraiment et surtout qui limite les mouvements de sa jambe.  Il a beau crier que c’est SA pièce et qu’il ne peut retourner dans la lice sans elle, sa voix étouffée dans son casque ne parvient pas à se faire entendre.

Quand on lui fait signe en urgence, tout en organisant Régis, qu’il devra retourner dans la liste, il rouspète en gesticulant, et malheureusement on ne prend pas la peine de lui demander ce qui ne va pas, on lui dit qu’il n’a pas le choix et que l’équipe va perdre sinon. Il est furieux, je le vois dans tout son corps, je le devine, sans savoir à ce moment-là pourquoi toutefois, car je me tiens un peu plus loin. Hubert qui est sur le bord de la lice, voit bien que Ben est en mauvaise posture, sa jambière ne tient qu’avec la sangle derrière le genou et comme tous nos aidants sont autour de Régis, il tente d’aider Benoit et d’attacher la jambière autrement avec les cordons de cuir, mais comme ils n’ont qu’une minute…

Je suis d’accord avec la métaphore de Formule 1 qu’utilise parfois Benoit pour parler de ce sport, l’armure est comme la voiture et nécessite une équipe pour ajuster, réparer et préparer en très peu de temps, le combattant qui doit retourner au combat. Dans ce cas-ci toutefois, y en a souvent plus d’un qui ont besoin d’aide.

Évidemment la perte de cette pièce n’est pas passée inaperçue par l’autre équipe et ça a donc joué contre lui car c’est dans sa jambe qu’il se fait ramasser et redoutant une blessure grave, Benoit choisit de ne pas résister. Après la défaite, Ben sort de la lice, un peu débité d’avoir été traité injustement et à cause de ça avec une bonne ecchymose à la jambe.

Les gars retournent une fois de plus à leur place habituelle, enlever leur casque, boire de l’eau avant d’affronter cette fois la Suède. Je vais rejoindre le groupe et mon amoureux pour savoir ce qui s’est passé. Il semble plutôt calmé comparativement à sa colère y a cinq minutes, mais comme il est très impulsif, c’est toujours comme ça, les émotions vives explosent vite mais disparaissent aussi rapidement.

Il se dépêche de réinstaller sa jambière autrement, pendant que Yan, Andrew, Bear, Jérémie et Régis qui a réparé sommairement son casque, commencent le premier round qu’ils gagnent. Ben et Élie viennent remplacer Jérémie et Yan, et ils gagnent encore, ce qui leur apporte la victoire contre la Suède. Mais malheureusement ce n’est pas suffisant pour se rendre en quart de finale. Les gars quittent après avoir salué la foule et fait des accolades à leurs adversaires, ils peuvent aller enlever leur armure et même la ranger, du moins ceux qui ne font pas le 30 contre 30 à la fin de la journée. Même Élie, qui finalement n’a pas obtenu gain de cause. Il ne cache pas sa déception et sa colère et Christine se sent un peu coupable mais elle ne peut rien faire contre la volonté de l’arbitre en chef, c’est lui qui prend la décision finale.

Les finales du 5 contre 5 continueront demain, maintenant c’est au tour des finales des duellistes. Gabrielle, elle, est prête bien avant la Polonaise, bien décidée à gagner son combat. Dans son coin elle est supportée par son amoureux Dan et Régis, les autres sont tous un peu dispersés autour, les autres filles suivent avec intérêt : ramèneront-elles une autre médaille?  Dès le début de son combat, on la sent très sûre d’elle, plus offensive que son adversaire, distribuant adroitement des coups. En la regardant, je me dis que c’est assez général dans notre équipe de filles, elles sont offensives, elles foncent, ne semblent jamais hésiter. Gabrielle gagne finalement en deux rounds. Et comme les autres filles de son équipe, elle est bonne gagnante et fait une super accolade à la combattante polonaise qui lui rend bien.

Ensuite vient son combat contre l’Allemande qu’elle perd cette fois-ci, et Gabrielle est aussi bonne perdante que gagnante, elle garde le sourire mais n’a pas le temps de lui faire une accolade, l’autre étant sortie brusquement. Il ne lui reste qu’un combat pour la troisième place, contre l’Ukrainienne et elle gagne en deux rounds !! La bronze! Dan vient l’embrasser, les autres filles viennent la rejoindre dans la lice aussi, c’est le bonheur! Cependant, on ne doit pas perdre trop de temps, après les finalistes, c’est au tour des équipes féminines de s’affronter. Nous sommes bien une dizaine à les aider à mettre leur armure, un mélange de nervosité et de bonne humeur règne au campement. Bien sûr, elles sont conscientes qu’elles sont les championnes mondiales depuis l’an dernier, mais justement, elles sont la cible de toutes les autres équipes. Mais Cloé, Béné, Gabrielle ont rencontré en combat toutes celles qui faisaient comme elles, du duel, mieux, elles ont toutes les trois déjà gagné l’or dans leur catégorie respective, ce qui fait qu’elles ont rencontré plusieurs adversaires. Même Julie, qui n’a pas d’équipe à elle, livre ses observations sur les forces et les faiblesses de ses adversaires. L’un des plus gros avantages de notre équipe féminine, c’est que ce sont les mêmes filles que l’année dernière, elles ont gagné l’or ensemble, elles savent qu’elles en sont capables.