Dimanche matin, il reste 24 heures avant
que nous reprenions l’avion pour Paris et 48 avant de rentrer chez-nous. On n’a
rien d’important à faire, on descend à la cuisine pour manger et prendre un
café. Ben est super motivé à faire un entraînement avec les gars, il leur en a
parlé avant même qu’on arrive en Écosse. Je suis tout de même étonnée (le
suis-je vraiment au fond?) quand je suis montée me coucher la veille au soir,
il était en grande conversation avec Chris, Jacob et Hubert. Les bouteilles d’absinthe
et autres alcool y circulaient allégrement et je me suis dit alors, que
personne ne serait en état de faire des push-ups le lendemain. En y repensant
bien, je me dis que si Ben a été en mesure de faire un yoga chaud en Argentine
à 40 degrés, rien ne peut l’arrêter.
À mesure que la maisonnée nous restitue
les gars à la cuisine, Ben leur rappelle l’entraînement avec enthousiasme, ne leur
demandant pas s’ils sont toujours motivés, soit parce qu’il ne peut concevoir
qu’ils ne le soient plus, soit parce qu’il craint qu’ils ne veuillent plus le
faire. Sa méthode fait ses preuves. Je l’avoue, j’ai un peu envie de rire quand
je vois leur désarroi, ils sont piégés, dorénavant ils y penseront à deux fois
avant d’accepter à l’avance. Hubert ne peut le faire à cause de son genou qu’il
doit faire opérer sous peu, un genou qui l’a obligé à arrêter le béhourd, il y
a quelques années.
J-P, Chris et Jacob terminent de déjeuner
et repartent dans leur chambre à la recherche de vêtements appropriés sans
partager la même joie que leur tortionnaire et croisent Brendan dans le hall.
Ce dernier dit à Benoit qu’il n’a malheureusement pas ses survêtements qu’il a
oublié à Cork, c’est mal connaître mon chum tout heureux d’en avoir apporté en surplus!
(Je pense plutôt qu’il a prévu le coup) Ben court chercher dans nos bagages,
ses pantalons de jogging et un t-shirt et les offre à Brendan un peu dépité. Je
me réfugie dans la cuisine, étant incapable d’enlever mon sourire idiot de la
figure, j’ai un peu pitié d’eux mais pour rien au monde je ne changerais de
place avec eux.
Je lave notre vaisselle, je vais mettre de
l’ordre dans ma valise et m’assure que nos vêtements « tenue de ville » ne sont
pas en boule dans un coin de la chambre et sont sur des cintres pour prendre l’avion
le lendemain mais surtout le surlendemain. Je rappelle que c’est le règlement
pour les employés (et ex employés de plus de 15 ans de service) d’Air Canada :
on doit représenter adéquatement la compagnie. Je sors ensuite à l’extérieur
pour prendre une photo des athlètes et des alentours de la maison.
L’entraînement consiste en deux parties, la
première, en réchauffements et cardio et la deuxième pour les techniques de
combat. Pour Benoit, la première est
toujours au moins aussi longue et aussi importante que la deuxième mais c’est souvent
cette partie qui est éclipsée dans les entraînements des athlètes qui
pratiquent ce sport. On est pressés d’enfiler l’armure et de pratiquer du
combat.
Au bout d’une bonne heure et demi, l’entraînement
est terminé et les gars semblent contents et un peu fatigués. Brendan remercie
Benoit pour les vêtements mais il ajoute à la blague, qu’il n’a aucun regret de
lui rendre sales après l’avoir fait autant suer! En après-midi, Scott va
reconduire Brendan et Hubert à l’aéroport, tandis que nous allons faire une
petite promenade dans le village avec Jacob. Nous arrêtons en chemin à l’unique
petite épicerie, comparable à l’un de nos dépanneurs de quartier, pour acheter
quelques trucs pour compléter notre souper et déjeuner. Nous en profitons pour
bavarder un peu avec Louise qui y travaille, elle et Jacob sont très motivés à
travailler avec Benoit sur l’organisation du tournoi
Le petit raccourci derrière nous |
J'aime beaucoup la convivialité écossaise et leur attitude avec les chiens. |
En fin d’après-midi, nous préparons notre
valise, car nous partons à l’aube, puis on rejoint les autres, incluant Scott
qui est de retour. On prend l’apéro au salon avec Louise quand elle arrive de
son travail et on soupe un peu anarchiquement, c’est-à-dire, un peu ce qui nous
reste avec des chips et du fromage, et ni dans une assiette et ni assis à une
table.
La soirée s’achève en bavardage au petit
salon rempli à pleine capacité : Scott, Jacob, Louise, moi, Ben, J-P, sa
copine Cinthia et son petit chien qui quémande des câlins à tout le monde. Je réalise
que je suis vraiment fatiguée lorsque je n’arrive plus du tout à suivre la
conversation en anglais bien sûr. Je monte me coucher, Benoit qui me suit, pas
loin derrière.
Quand l’alarme nous réveille, il fait
encore noir dehors, mais nous ne perdons pas de temps, nous avons une longue
journée devant nous. C’est pourquoi, nous déjeunons rapidement et avalons un
café avec les yeux encore collés. Scott vient nous reconduire à la station d’autobus
à Perth, il doit lui-même remonter au nord à Aberdeen pour attraper son
traversier qui le ramènera chez-lui aux Shetlands.
Meilleure pancarte pour des toilettes, ever! Ça dit ce que ça dit ;-) |
Nous prenons l’autobus pour l’aéroport de
Glasgow, ça nous coûte une dizaine de dollars chacun, c’est très raisonnable,
pour un voyage d’un peu moins de deux heures. Ce genre de détail est important
à savoir pour notre tournoi et surtout ses participants qui viennent de partout.
Nous arrivons à Glasgow, après le lever du soleil et traînons un peu à l’aéroport
car notre avion pour Paris est dans quelques heures. Contrairement à nos voyages
habituels, nous avons peu de bagages, ce qui nous permet de nous déplacer
facilement et ainsi, d’errer un peu. Bon je dois dire que l’aéroport n’est pas
bien grand, on a vite fait le tour et comme partout ailleurs, les prix pour
manger et boire y sont toujours assez exorbitants peu importe où tu te trouves
dans le monde. Mais nous avons été rusés car nous avons acheté hier de quoi
grignoter et boire pour la journée, bon je ne dis pas que c’est ce qu’il y a de
mieux pour la santé, mais ça va nous soutenir jusqu’à notre AirBnB ce soir.
Notre vol se passe plutôt bien et arrivons
à Charles de Gaules en après-midi. Après avoir attendu trop longtemps pour
récupérer notre valise, comme toujours à cet aéroport, nous prenons le train
pour nous rendre en plein cœur de Paris. Nous y logerons pour la nuit avant de
retourner demain matin à Montréal. On sort à la Gare de l’Est dans le 10e
arrondissement, en pleine heure de pointe, mais j’y songe, y a-t-il vraiment
une heure de pointe au centre de Paris? C’est toujours si étourdissant! Faut
surtout pas lambiner aux feux de circulation, faut savoir où l’on va, ce qui
est notre cas heureusement. Le soleil, déjà couché, nous laisse avec un ciel
noir troué de mille néons qui amplifient l’effet stimulant.
Nous
prenons un bon 15 minutes avant de pouvoir ouvrir la grille parce que nous n’avons
pas le bon code, y a une erreur. Par chance une dame qui sort, a pitié de nous
et nous donne le bon, j’imagine qu’elle ne s’est pas inquiétée quand elle a
entendu notre accent, avec nos bagages en plus, c’est clair que nous sommes des
touristes. L’immeuble est semblable à tous les autres, crème, typique, vieillot,
charmant avec leurs petits semi balcons. À l’intérieur, c’est un peu miteux, il
aurait bien besoin d’un peu plus d’entretien. La clé est cachée dans un endroit
convenu par la propriétaire de l’appartement. Le logement minuscule ou plutôt
la chambre avec mini frigo et deux ronds de poêle et micro salle de bain est
très décevante. D’abord, il y a encore des traces de la personne qui y était
avant nous, soit la propriétaire, soit un autre voyageur. Des papiers qui traînent,
une serviette roulée en boule entre le mur et le lit, un sac à dos sur une
chaise. Y aurait-il quelqu’un qui dort ici ce soir? Quelqu’un qui n’est pas
nous?
La vue de notre balcon, probablement que notre voisin d'en face a une vue semblable de notre chambre. |
Benoit reçoit un message de la propriétaire
l’avertissant que son ami avait oublié son sac et qu’il passera le chercher.
Bon, nous avons besoin de faire une petite sieste avant d’aller chercher
quelques trucs à manger, on est trop cassés pour aller au resto. Donc, on
pourra l’accueillir et lui redonner son sac. On tente de regarder dehors en
ouvrant le rideau, la pôle à rideau tombe, on jette un œil où elle était
accrochée et apparemment la pôle est déjà tombée avant et a été « raboutée » sommairement.
Je n’ai vraiment pas envie de me glisser sous les draps, plus je les regarde,
moins j’ai confiance, on se couche par-dessus, en cuillère pour un p’tit dodo
en attendant l’ami du sac à dos.
Quand je me réveille, le gars est déjà
passé, Ben l’a reçu, lui a donné son sac et ciao bye! Bon maintenant on part
faire un tour dans le quartier, trouver une petite épicerie et ramener quelques
trucs qui ne demandent pas trop de cuisson ou de préparations, nous sommes
limités en moyens. Le quartier est très grouillant et odorant, particulièrement
de cuisine indienne, ça sent bon. Comme la plupart des villes européennes (mais
aussi au Japon et en Argentine) où nous sommes allés, il y a très souvent cette
proximité physique entre le commerçant et le client, qui me donne l’impression de
fusionner en quelque sorte avec le marché. En effet, au Québec (et probablement
partout au nord de l’Amérique du nord), principalement à cause de notre climat
vigoureux, nous avons bâti nos maisons et nos commerces de façon à éviter que
notre porte soit trop près du sol. Ce qui fait que lorsque l’on se promène à
pied dans nos rues commerciales, on doit souvent monter quelques marches et ouvrir
la porte (et parfois une deuxième porte) pour entrer à l’intérieur, l’interaction
se passe dans le fond du magasin (au chaud en hiver et au frais en été) et non sur
le trottoir. Sauf, bien entendu, l’été dans une vente trottoir. C’est peut-être
aussi cette proximité de la marchandise et des gens qui rend si populaire ce
type de commerce au Québec. On retrouve aussi cette facilité d’accès dans les
grands centre d’achats, mais généralement le comptoir et la caisse se trouve au
milieu ou au fond du magasin, le client peut, comme dans une vente trottoir, se
contenter de papillonner sans acheter et sans établir de contact.
Quand aux autres villes, surtout dans les
rues secondaires, les locaux sont plus petits, la porte est souvent ouverte, le
vendeur est bien souvent tout près de l’entrée, la marchandise déborde sur les
trottoirs et évidemment il y a plus de monde. Les portes des boutiques ou des
épiceries étant séparées bien souvent entre elles que de quelques pieds, on a
la sensation d’être happés dans un seul mouvement qui ne s’interrompt que le
temps de traverser la rue. Et faut faire vite!
De retour dans notre chambre trop chère pour
ce qu’elle est, avec un p’tit rouge, un saucisson, deux fromages et des chips
(on évite la baguette à cause du gluten), nous égrenons quelques heures en
bavardage sur nos projets futurs. On finit par se coucher SUR le couvre-lit
tout habillés, nous sauvant pas mal de temps de préparation au petit matin.
Quand nous sortons dans la rue, déjà
passablement animée, l’air frais finit de nous réveiller. Les cafés nous font
de l’œil, les serveurs sortent les panneaux en bois annonçant leurs spéciaux
pour le petit déjeuner. Ils sortent aussi les tables et les chaises entre deux
clients qui sirotent leur espresso, debout au comptoir. Ça sent le pain et les
croissants encore chauds. N’y tenant plus, Benoit accepte l’idée d’en subir les
conséquences plus tard, mais il va manger un croissant, ça lui manque trop.
Nous choisissons un p’tit resto qui offre un croissant, morceau de baguette,
beurre et confiture, jus d’orange et café pour 9 euros, c’est parfait! C’est pas donné, mais quand on pense qu’il en
coûte quasiment 30 euros pour deux croissants et deux cafés au Eiffel café près
de la célèbre tour, on se dit que c’est quand même pas si pire. Et au final, mes
papilles de touriste, ne font pas la différence.
On ne s’éternise pas trop, en 5 minutes,
nous sommes à la gare de l’Est en direction Charles de Gaules pour retourner
chez-nous…
…sans l’ostie de contrat.