lundi 15 janvier 2018

Journée en courtepointe latine


« J’pense que j’étais motivé en crisse… » laisse tomber Benoit en soupesant sa corde à sauter. Il est tout habillé pour une séance d’exercice, mais c’est déjà tellement chaud et humide, que nous avons eu du mal à dormir malgré la fenêtre toute grande ouverte.  « Si tu te sers de ce machin, je te fais enfermer. » que je lui réponds après avoir ouvert un œil pour comprendre de quoi il parle. Définitivement je reste au lit encore un peu, pendant que Benoit sort, décidé à faire au moins un yoga chaud. Il est suivi de Steve et d’Andrew qu’il a réussi à convaincre, je ne sais trop par quel miracle, de se lever à l’aube pour faire un petit entraînement. Je me dis que son yoga y va être chaud pour vrai et je me rendors en écoutant le doux vacarme des oiseaux exotiques qui s’éveillent.


C’est justement, quand ils s’arrêtent que je commence à me réveiller, et comme nous avons une douche pour nous quatre et que je me doute bien que les gars vont en avoir besoin bientôt, je me dépêche d’aller en prendre une, rapidement, avant qu’elle ne soit monopolisée. Je suis déjà en train de m’habiller quand ils arrivent complètement détrempés de leur propre sueur avec dans le regard éteint, un fond de remord, sauf Benoit et son hyperactivité. Si je n’avais pas une certaine admiration pour leurs efforts de suivre leur tortionnaire, j’éclaterais de rire, mais je garde ça pour moi. En attendant que Benoit finisse de se doucher et de s’habiller, je fais un peu de rangement dans nos bagages, puis nous descendons dans la salle à diner pour le déjeuner. Andrew est dans le petit bar attenant, bavardant et sirotant un café avec Caitlin. Nous nous joignons à eux et Maïté l’une des arbitres m’offre un churro qu’elle a apporté dans ses bagages, je suis aux anges, j’adore ces pâtisseries espagnoles!

Caitlin qui donne des pitchnotes à Andrew et moi qui tenais à mettre mon churro dans la photo.

Les personnes âgées commencent à s’installer aux tables et nous les imitons, après un bref regard à la bouffe offerte, Benoit sait déjà qu’il ne pourra pas manger autre chose que des fruits (pommes, orange et bananes). Des paniers avec des petits croissants, pâtisseries ou rôties sont déposés sur les tables et on nous sert du thé ou du café. Caitlin regarde avec Benoit et Steve l’horaire de la journée, pendant qu’Andrew et moi bavardons.

Aujourd’hui, Ben et Andrew se battront avec les Dracones argentins en béhourd, ça sera probablement une épreuve difficile considérant l’adaptation climatique et dans le cas de Benoit, en plus, le manque de sommeil ET la carence alimentaire depuis trois jours. On verra bien ce que ça va donner, je m’assurerai d’avoir de quoi grignoter dans mon sac et des bouteilles d’eau prêtes. Le problème que nous réalisons aussi, c’est que l’horaire des repas de l’hôtel ne concorde pas du tout avec notre tournoi, comment allons-nous manger dans la journée? Martina prévoit aller à l’épicerie un peu plus tard pour acheter de l’eau, des fruits, du fromage, des sandwiches, bref de quoi sustenter au moins les arbitres, les organisateurs et peut-être les combattants qui sont à l’hôtel. Toutefois, l’eau est offerte à tous, à vue de nez je dirais qu’il y a une bonne centaine de personnes sur le terrain.

Le soleil plombe et les estrades sont vides, bien sûr il est encore tôt mais nous savons aussi que nos compétiteurs ont décidé de faire exprès, un tournoi deux semaines plus tard que l’Open de l’IMCF à Buenos Aires et il y a eu de la bisbille ici entre les fédérations. Je ne saisi pas tout mais je sais que des actions ont été entreprises pour nous nuire directement. Ce qui fait que la majorité des marchands préfèrent mettre leur énergie sur l'autre tournoi et laisser tomber celui-ci. Comme si ce n'était pas suffisant, les gros spotlights du stade ne fonctionnent pas, nous obligeant à faire notre tournoi en plein jour, alors que le soir aurait été plus populaire, vu la chaleur.

Les gars sont occupés à enfiler tranquillement leurs pièces d’armure, je commence à comprendre pourquoi les gens qui vivent dans les pays chauds, fonctionnent à une autre vitesse. C’est peut-être d’une certaine façon, cette lenteur qui leur permet de profiter plus du moment et qui les rend aussi souriant. Ils ont l’air tellement moins stressé que nous! Même Martina qui est très préoccupée par l’approvisionnement en eau et en bouffe et par les nombreux pépins qui surviennent immanquablement, garde sa bonne humeur. D’ailleurs elle accepte de me prendre en voiture avec elle pour aller à l’épicerie parce que je dois trouver de quoi nourrir mon homme.

Nous faisons deux arrêts, un dans le village pour la nourriture et l’autre un peu plus à l’extérieur pour les caisses de bouteilles d’eau et de Gatorade. Les épiceries où nous allons, sont petites et assez limitées en choix, dans mon exploration des allées à la recherche d’aliments assez nourrissants et sans gluten ni soya, je croise parfois des regards étonnés devant ma robe médiévale et bien sûr mes cheveux à la Mérida écossaise.

J’opte pour du jambon, des craquelins de riz, des chips, du fromage, du chocolat et quelques bananes, je suis surprise qu’il y ait si peu de fruits et de légumes. Mais bon on devrait tenir toute la journée, considérant notre sac de noix jamais très loin. Sur le chemin du retour, je savoure ces quelques dernières minutes au frais à l'air clim.

De retour sur le terrain, nous déchargeons la voiture et je vais voir mon homme qui vient de faire quelques rounds. Andrew a dû s’arrêter à cause de la chaleur, avec les armures ça doit être épouvantable, surtout entre les rounds parce que pendant la minute et demie de combat, l’adrénaline la fait oublier momentanément. Les soignants qui sont sur place ont pris sa pression et lui ont interdit de se battre à nouveau. Benoit attend le prochain combat, casque et mitons enlevés, mais toujours vêtu de son armure et de son tabard, il est en nage, je lui donne de l’eau et lui offre à manger même si je sais qu’il refusera, comme il le fait toujours quand il attend entre deux combats.  




Je grignote un peu et je jase ici et là avec les gens qui se tiennent sous la marquise, pour suivre les combats attentivement faut s’avancer proche de la lice, et je l’admets je n’ai pas le courage de le faire, je suis super inconfortable debout au soleil, mes jambes n’ont toujours pas désenflées.

Mes pieds et jambes ont eu l'air de ça jusqu'à mon retour à Montréal.

Je préfère bavarder avec les gens autour de moi. Je connais déjà depuis hier Georgina, Carolina, Roberto, Shito et Maïté, aujourd’hui je parle aussi avec Marianna et Agustina qui tient avec son copain, une chronique sur le béhourd. Évidemment nous avons beaucoup à échanger! Nous travaillons la même matière, mais chacune à notre façon, elle plutôt sous la forme journalistique, incluant des entrevues ponctuelles avec des gens œuvrant dans le milieu, moi sous la forme du récit, plus personnel en observation participative de l’expérience globale et où le voyage prend une grande place. Cependant, elle comme moi, est motivée par la curiosité mais surtout par ce désir de transmettre et de faire connaître ce sport. Nous sommes d’accord aussi sur un autre point, les deux devraient aussi être en anglais, comme la sienne est en espagnole, je dois utiliser google translate et elle de même pour lire la mienne en français. C’est pas l’idéal, mais bon, on comprend l’essentiel.

Après la défaite de l’équipe de Benoit, celui-ci s’installe avec moi pour manger avant de prendre la relève en tant qu’arbitre. Au plus fort de l’ensoleillement je vais me réfugier à l’ombre sous les estrades en ciment, c’est l’endroit le moins chaud, je ne suis pas la seule à y avoir pensé, nous sommes bien une vingtaine à y être entassés. Quelques chiens y sont aussi, j’ignore à qui ils sont, mais ils ne sont pas errants comme au Portugal, car ils ont un collier. D’ailleurs c’est quelque chose que j’observe depuis hier, il y a beaucoup de chiens et ils sont toujours libres de circuler où ils veulent. Ça me donne l’impression qu’ils appartiennent à tout le monde et à personne en même temps, ils ne sont pas farouches, et tout le monde s’en occupe mais un peu distraitement. Ils font partie du décor le plus naturellement du monde. Bien sûr j’en profite!
Bien accoté sur ma hanche
      
Un moment donné, Benoit vient m’informer qu’il fait beaucoup trop chaud et que nous allons devoir prendre une pause de quelques heures, les combats continueront en fin d’après-midi jusqu’au crépuscule. Je comprends parfaitement cette sage décision, nous profitons encore de la voiture de Martina pour retourner à notre hôtel prendre une douche et faire la siesta. Nous ne sommes pas les seuls, c’est désert dans la grande salle, seulement quelques personnes croisées dans les corridors ou quelques voix étouffées derrière les portes entrouvertes.

Dans les endroits où il fait très chaud, les tournois doivent absolument se tenir en soirée pour le bien être des combattants et pour attirer le maximum de spectateurs. Jusqu’à maintenant nous n’avions pas eu besoin de prendre en considération la température extérieure, en excluant la grêle à Malbork (Pologne) et l’ouragan à Montemor (Portugal), mais on parle de quelques heures où tout s’arrête momentanément. C’est la première fois où l’on réalise à quel point le climat peut jouer en notre défaveur, une chance que ce n’est pas le tournoi international de quatre jours avec un millier de personnes à accommoder.

Quand vient le temps de retourner sur le terrain pour la poursuite des combats, je décide de rester à l’hôtel, j’irai me promener dans les alentours, le terrain est immense.   Au détour d’un chemin, je croise des chevaux qui broutent paisiblement en liberté sur l’immense terrain, mais aucun être humain en vue à l’extérieur, ça a quelque chose d’apaisant. Il fait moins chaud aussi, ça aussi ça a quelque chose d’apaisant! 







La pénombre commence à s’installer quand Benoit surgit dans la chambre : « La gang qui campe un peu plus loin sur le terrain, nous invite pour un barbecue! Maintenant! » On enfile nos vêtements civils et on descend avec Andrew et Steve dans le hall, Caitlin préfère rester à l’hôtel pour se reposer. Nous partons tous les quatre en direction du campement, sans trop savoir comment y accéder, il ne semble pas y avoir de petit chemin pour s’y rendre. Nous piquons au travers dans les hautes herbes et les petites buttes sans trop voir ou nous marchons en gardant le cap sur les lueurs des feux, car autour de nous, c’est l’obscurité. En approchant, Steve avec son humour anglais, compare les bruits de campement qui nous parviennent, à ceux d’un campement gypsy, il ajoute : « At the first twang of a banjo, I’m getting the fuck off of here! ». Ce qui nous fait éclater de rire, surtout quand quinze minutes après notre arrivée, ce sera les sons d’un accordéon qui se feront entendre.

Charlie (Carlos) celui qui nous invite, nous accueille chaleureusement, mais on a l’impression d’arriver un peu comme un cheveu sur la soupe dans le groupe, peut-être parce que nous représentons l’autorité du tournoi en quelque sorte. Il n’y a qu’un seul petit feu qui brûle, ce qui accroît la noirceur autour. Je m’en confesse, pendant un moment, j’ai un petit malaise, je suis une intruse, perdue dans le bois et dans la noirceur. Je me colle sur mon chum et au bout d’un moment, généralement quand la boisson commence à couler, tout le monde se détend. Charlie nous explique qu’il a trop manqué de temps pour faire un barbecue en bonne et due forme, il a donc commandé à un restaurateur une tonne d’empanadas. Benoit abandonne, il va en manger et vivra avec les conséquences, il a beaucoup trop faim et c’est si bon!




Quand on entend les premières notes de l'accordéon, mon cœur se réjouit et mes petits restants de peur s’évanouissent complètement. La tension se dilue et nous nous fondons dans le groupe, ne bavardant plus entre nous mais tous avec des campeurs. Pour ma part, je discute avec un jeune couple qui est venu à moi pour me parler de mes cheveux. Les deux jeunes gens m’ont vu dans la journée et m’avaient trouvé tellement cool avec mes lunettes fumées et mon look Mérida. On en vient vite à parler de Reenactment et de GN, c’est qu’ils aimeraient en créer un mais que les subventions sont impossibles à avoir. Je leur parle de Bicolline, ce qui les fait rêver, mais mon but est surtout de leur donner des idées pour partir ce genre de projet sans l’aide gouvernementale, suffit de trouver assez de gens imaginatifs et passionnés. 

La soirée est fort avancée lorsque nous décidons de retourner à notre hôtel, pas que nous nous ennuyons près du feu, mais nous avons un tournoi à poursuivre demain. Nous repartons donc, avec les pieds arrondis par l’alcool, dans ces herbes hautes et ornières assassines pour n’importe quelle cheville. Comme nous sortons indemnes de cette mini brousse, Martina passe avec sa voiture, elle nous offre le transport jusqu’à l’hôtel.

Nous avons quand même un peu tout de même le cœur à la fête, une émotion peut-être amplifiée par le party de l’âge d’or qui se tient à côté, en partie dans la salle et surtout sur la terrasse arrière. Nous sommes subjugués, si dans le jour tout ce beau monde se tient bien tranquille, le soir c’est la fête, en tout cas ce soir, tout le monde danse! Nous les regardons aller avec étonnement, à côté d’eux nous faisons figure de p’tits vieux, tous les cinq assis dans le petit bar (Caitlin nous y a rejoint) avec notre fernet cola, une boisson populaire chez les Argentins, à base d’herbes et épices qu’on mélange avec du soda ou du cola. Cet alcool fut importé par les Italiens, mais c’est à Cordoba que le cocktail est né.

C’est à contre cœur que nous montons les escaliers menant à nos chambres, c’est un peu le monde à l’envers, les plus jeunes qui regardent avec nostalgie et envie, les ainés qui se déhanchent sur des airs endiablés, bon j’exagère à peine. 

vendredi 12 janvier 2018

Loger dans les traces de Juan et Eva Perron



Je me réveille une trentaine de minutes avant d’arriver, je ne suis pas la seule, ça commence à s’animer tranquillement dans l’autobus. On fouille dans notre sac et grignote ce qui nous tombe sous la main, quand on voyage comme nous le faisons depuis quatre ans, on ne doit pas tenir à ses petites habitudes ou sa routine de trois repas par jour. Y a beaucoup trop d’imprévus et chaque fois, nous sommes un peu à la merci du bon vouloir ou pouvoir de nos hôtes. En ce moment je rêverais de manger un bon déjeuner dans un restaurant, mais nous arrivons à notre hôtel qui est situé, du moins c’est ce qu’il me semble, retiré en campagne. L’heure des repas est terminée, nous devrons attendre le diner.



L’autobus restitue passagers et bagages sur le débarcadère improvisé, il fait chaud, mais comme le ciel est un peu couvert, le soleil ne nous plombe pas dessus, c’est au moins ça de gagné. Nous sommes à Embalse, petite ville de 8500 habitants, qui fait partie de la province de Cordoba. Comme au Québec, il y a la province et la ville de Cordoba qui en est la capitale. Celle-ci est à une centaine de kilomètres d’ici. Embalse signifie réservoir. En effet, la ville est construite autour d’un réservoir nucléaire érigé en 1974 par Juan Perron et mis en service dix ans plus tard. Notre lieu de villégiature se trouve dans un complexe hôtelier qui a été construit par la fondation de sa femme Eva Perron, première dame d’Argentine qui en quelques années seulement, a par ses actions, contribué au droit de vote des femmes, à l’égalité matrimoniale et joua un rôle actif en faveur des droits sociaux et travailleurs, entre autres. Qui aurait pu prédire qu’une jeune fille d’origine modeste, qui se destinait au métier d’actrice, en ferait autant pour les gens de son pays, avant l’âge de 33 ans? Foudroyé prématurément par un cancer, elle me rappelle une étoile filante et fulgurante.

 Cette fondation visait à soulager les plus démunis de la société, elle fit donc construire des hôpitaux, des asiles, des écoles et favorisa le tourisme social en créant des colonies de vacances accessibles à tous et où tous les enfants pouvaient pratiquer du sport. L’ensemble de la colonie comprend sept grands hôtels, plusieurs bungalows, une chapelle, une plage, des terrains de sport et des aires de jeux. Un endroit idéal pour recevoir un tournoi et comme il en coûte 10$ par jour par personne, pour être logé et nourri, ça permet aux organisateurs du tournoi de nous recevoir gratuitement.


Le hall d’entrée de notre hôtel est magnifique, grand spacieux et aéré malgré la chaleur, bien sûr, il n’y a pas d’air climatisé puisque tout est à aire ouverte. Les chambres demeurent très simples pour ne pas dire désuètes et la toilette que nous partageons avec nos voisins Andrew et Steve (qui arrive tout juste de Cordoba) n’a probablement pas été rénovée depuis sa construction. Bon on ne fait pas de cas de la décoration un peu spartiate, nous n’avons besoin que de lit pour dormir et d’eau pour se laver. Toutefois, il n’y a pas d’air climatisé non plus dans les chambres et l’air circule beaucoup moins qu’en bas, j’espère que les nuits sont plus fraîches. 




On nous avise qu’un diner est servi et qu’ensuite nous devons nous rendre au terrain sportif pour le tournoi qui commence. Nous défaisons nos bagages, les armures ont toutes été livrées là-bas directement dans les vestiaires sous les estrades, et descendons rejoindre les autres dans le petit bar à côté de la grande salle à manger. On nous indique la salle où il y a déjà pas mal de monde, principalement des personnes âgées qui sont en vacances. J’ai l’impression que ce sont des voyages de groupe, comme par exemple des associations de personnes âgées.


Nous nous installons avec le reste des combattants qui sont logés ici, il y en a d’autres qui campent un peu plus loin. Le repas qui est servi est le même pour tout le monde, des boulettes de viande avec une purée de pomme de terre et des légumes bouillis, très simple comme repas. Ça me fait penser à de la bouffe qu’on sert dans les hôpitaux, mais à 10$ par jour, c’est presque héroïque. Je trouve assez cocasse de voir autant de téléphones cellulaires chez cette population avancée en âge. J’admets que ça fait longtemps que je n’ai pas vu un grand rassemblement de personnes âgées au Québec, mais ce sont souvent ceux qui chiâlent le plus à propos des jeunes toujours sur leur I-phone.

Au moment du dessert, on distribue une banane encore dans sa pelure dans une assiette à dessert, ah bon, c’est, admettons-le, original. Les pourparlers autour de la table concernent les procédures du tournoi et de la possibilité de manger à l’extérieur, ce à quoi j’abonde dans le même sens. Cet après-midi, ce sera la mise en place du tournoi et le début des duels. Moi j’ai décidé de rester ici, je veux dormir un peu, à l’horizontale, et comme il y a du WI-FI dans la grande salle en bas, si je m’ennuie, je peux aussi aller écrire, envoyer des messages et des photos.

En fin d’après-midi, j’enfile ma robe médiévale et décide d’accompagner Benoit qui est venu chercher son sac de noix. Il est venu avec Martina en voiture parce que le terrain est vraiment grand, de sorte que le stade se trouve à une bonne vingtaine de minutes à pieds et par cette chaleur, mieux vaut éviter. Ô bonheur, il y a l’air clim dans la voiture! Je sais bien que la température va me sembler bien pire quand j’en sortirai, mais je profite quand même de cette fraîcheur artificielle.

Je reconnais quelques personnes, entrevues hier dans l’autobus et qui jasaient avec Ben, Andrew et Caitlin, principalement des arbitres. Tout le monde est souriant et m’apparaît à prime abord, tellement sympathique! La lice a été installée sur le terrain du stade, entre les estrades et les tables pour les arbitres, heureusement il y a une marquise au-dessus pour nous couvrir du soleil. Nous avons aussi des caisses de bouteilles d’eau sous les tables et chaises, c’est absolument essentiel, car nous sommes trop loin des points d’eau et de toute façon, il vaut mieux éviter de boire l’eau qui est souillée à cause du réservoir nucléaire (paraîtrait même que des pêcheurs argentins ont trouvé un poisson mutant, avec trois yeux, il y a quelques années). Vaut mieux donc la boire en bouteille, et, malheureusement parce que le monde est rempli de vautours, les bouteilles d’eau sont souvent vendues plus chères dans cette région. Faut aller l’acheter plus loin dans les épiceries pour l’avoir à prix raisonnable. C’est pour dire aussi que l’eau est bien précieuse.

Des équipes du Mexique, du Brésil, du Chili et bien sûr d’Argentine combattront en fin de semaine, dans ce tout premier Open de l’IMCF. Benoit et Andrew se battront dans une des équipes argentines avec leur tabard des Black wolves puisqu’ils ne représentent pas le Québec. Cependant, ils ne se battront pas en duel, ils seront arbitres avec Steve, arbitre en chef, qui finira de former les arbitres déjà sur place, les guidant dans les règles de l’IMCF qui ne sont pas exactement les mêmes que pour la HMBIA, notre compétiteur. Je suis étonnée de voir autant de femmes dans une armure ou portant le tabard ou la robe jaune, couleur qui caractérise toujours les arbitres sur le terrain. Je discute avec quelques-unes d’entre elles, toutes très joviales et contrairement à moi, ne semblent pas trop affectées par cette chaleur suffocante. Il y a de plus en plus de femmes dans ce milieu depuis mon premier tournoi en 2013, j’ai l’impression que c’est encore plus vrai en Amérique, du Nord et du Sud que dans les autres continents, je sais que dans certains pays en Europe de l’Est, c’est encore mitigé. Bien sûr il y a des combattantes, mais elles ne sont pas nécessairement traitées avec les mêmes égards que les hommes. Elles sont prises en charge souvent par leurs homologues masculins et on ne les trouve pas comme arbitres.

Mais il ne faut pas se leurrer, un moment donné, Benoit doit intervenir dans une vive discussion entre Martina et les membres d’une des équipes masculines, parce que les gars ne semblent pas respecter l’autorité de l’organisatrice. À nos yeux, alors que nous marchons vers eux, tout dans la gestuelle et la posture de ce beau monde indique la proie au milieu qui tente faiblement de s’imposer alors que les 8-10 gars autour ont l’air de prédateurs prêts à mettre en pièce la moindre petite parcelle de volonté de cette femme. J’essaie de taire mes émotions qui évidemment sympathisent avec Martina, j’ai horreur du sexisme. Benoit conscient de la situation, intervient pour venir appuyer l’autorité de Martina, même s’il sait bien que c’est une arme à double tranchant, en s’imposant, c’est comme si c’était normal qu’on l’écoute lui puisque c’est un homme. Mais c’est en tant que vice-président de l’IMCF qu’il le fait, pour lui, son autorité s’arrête là, il espère que les autres le comprendront. Le problème est réglé finalement en moins de deux.

Il y a beaucoup de concurrents duellistes, plusieurs attendent leur tour pour entrer dans la lice, au moins, le soleil se cache de temps en temps derrière un nuage, n’empêche, la chaleur est toujours suffocante. Sous la marquise j’étends mes jambes lourdes et bois beaucoup d’eau en regardant distraitement les combats. Un jeune homme s’approche et m’aborde en français, il m’a entendu parler à Benoit et Andrew, il est Breton. Comme il porte des vêtements comme nous, je pense d’abord qu’il fait parti de l’organisation. Je me trompe, il est un touriste qui est en Argentine depuis un mois et lorsqu’il a entendu parler de ce tournoi, il a décidé d’y venir parce que c’est le genre d’activité qui l’intéresse. Il offre son aide partout où on aurait besoin de lui. Nous l’accueillons avec plaisir, même si pour l’instant il n’y a rien à faire de précis. Nous discutons donc, moi et lui en français, de la Bretagne, où nous sommes allés, du Québec où il rêve d’aller, du béhourd et de cuisine, son métier depuis peu. Je lui parle de mon fils chef cuisiner qui est presque du même âge.

J'ai surpris cette petite chouette en pleine observation de notre activité

Benoit m’indique que les duels s’achèvent et nous discutons de la possibilité de manger au village avec quelques-uns des arbitres. Ce n’est pas très loin, c’est une vingtaine de minutes à pied, ce qui est raisonnable. Les combattants s’activent tranquillement à ramasser leurs pièces d’armures et armes; les secouristes ferment boutique jusqu’à demain; et chacun ramasse les traîneries et jettent les bouteilles et verres dans les poubelles. Marcher va probablement me faire du bien en activant un peu ma circulation parce que sérieusement je me sens comme un ballon dirigeable. Même Benoit et Andrew ont les chevilles enflées, notre corps est en rébellion avec cette chaleur et humidité inhabituelle, du moins pour nous en février.


Nous marchons sur le bord de la route qui mène au cœur du village et je bavarde en anglais avec Georgina, une Argentine qui déteste presqu’autant que moi cette chaleur et l’été dans son pays. Elle sympathise avec moi évidemment et comprend à quel point nous étouffions cet après-midi au plus fort de la journée. Maintenant que le soleil se couche, c’est beaucoup plus tolérable. À mesure que nous entrons dans le village, les gens nous regardent avec étonnement, bien sûr, à cause de nos vêtements, ça nous arrive si souvent que c’est à peine si nous nous en rendons compte. Les rues sont animées, du moins plus que je ne l’aurais pensé, les familles sortent manger au restaurant préférablement sur les terrasses ouvertes. Nous suivons leur exemple en prenant place à une table assez grande pour recevoir la dizaine de personnes que nous sommes.

Nous sommes soulagés, les spécialités sont les steaks (l’Argentine est réputée pour ses élevages de bœufs) et les prix sont raisonnables autant pour la nourriture que pour la bière ou le vin. La soirée promet d’être belle en compagnie de ces gens si chaleureux que nous apprenons à connaître.  


De gauche à droite: Georgina, Steve, moi, Benoit, Shito, Carolina, Roberto et Andrew

samedi 6 janvier 2018

De l'autre côté de l'équateur, prise 2!



J’aimerais rappeler qu’à ce moment-ci du récit, nous venons de quitter le -25° typique québécois en février et nous atterrissons en pleine canicule humide estivale à Buenos Aires, un 40° bien costaud et bien ressenti. Déjà en sortant de l’avion à l’aéroport de Santiago, nous nous étions dépêchés de mettre gougounes et vêtements de coton. En arrivant à la sortie de l’aéroport de Buenos Aires on suffoque presque, avant même de sortir dehors, parce que c’est chaud mais aussi parce qu’il y a beaucoup de monde. N’oublions pas que nous sommes sous une montagne de bagages. Nous avons aussi fait une erreur, nous n’avons pas d’argent cash, nous fiant sur notre carte débit et crédit prépayée. Pourtant, il y a à peine deux mois, nous avions fait la même erreur. En effet, au Japon, ils ne font pas confiance aux banques, et bien souvent, ils n’acceptent que de l’argent liquide, même quand c’est le temps de louer une chambre d’hôtel ou de manger dans un restaurant. La situation ici est différente, c’est une grosse fin de semaine fériée et c’est difficile de retirer de l’argent des guichets, parce qu’ils sont souvent vides. La situation économique s’est aussi détériorée depuis plusieurs mois et est assez instable.

Nous n’avions pas envisagé d’arriver aussi à la dernière minute.  Normalement nous arrivions la veille, prenions le temps d’évaluer comment nous rendre à l’hôtel où nous avions loué une chambre avec Andrew. Nous aurions dû ensuite souper tout relax avec Caitlin qui avait aussi pris une chambre au même hôtel, Steve quant à lui est déjà arrivé à Cordoba. Quelle belle journée nous aurions eu ensuite le lendemain! Découvrir un peu la ville, s’acclimater, prendre 1-2 douches avant de nous rendre en soirée, avec nos bagages, au point de rencontre pour prendre le bus.

Nope! Nous sommes à l’aéroport, un petit peu en train de paniquer parce que notre autobus est dans quelques heures et que nous sommes un peu perdus en plus du choc thermique (sérieux, j’exagère à peine!). On doit prendre un taxi, c’est clair, mais on s’est fait dire de faire attention et de fixer le prix à l’avance avec le chauffeur, parce que tu peux te retrouver avec des grosses surprises. Déjà faut qu’on en trouve un qui peut prendre la carte de crédit, qui est assez grand pour prendre tous nos bagages et qui comprend un minimum d’anglais ou de français car nous ne parlons pas espagnol. Les chauffeurs sollicitent les clients avec beaucoup de motivations, ils me font penser à des vautours autour d’une carcasse, la carcasse c'est nous, ou du moins en voie de le devenir. Disons d’emblée qu’on est pas «ben gros dans nos shorts», on est ultra fatigués, on a faim, on a chaud et puis on doit courir pour ne pas manquer notre prochain rendez-vous. On a tous les deux, les nerfs à vifs et on fait notre gros possible pour pas nous disputer en plus, ce qui est dans la nature des choses dans une situation pareille.

On finit par accepter le premier qui nous aborde et qui nous assure que ça ne coûtera pas plus que 50$, qu’il peut prendre tous nos bagages, ce à quoi j’ai envie de rouspéter, mais j’abdique quand il nous dit qu’il a l’air climatisé aussi. Bon c’est loin d’être frais dans la voiture, disons que c’est «juste pas» un sauna, on décolle après que Ben lui ait montré l’adresse de l’hôtel, pour au moins rejoindre les autres. Nous essayons de relaxer…un peu, mais c’est pas facile, y a pas de compteur visible, c’est pas super rassurant. Benoit se demande s’il pourra manger et moi je me demande combien de temps mes mollets et mes chevilles resteront aussi enflées. J’ai un flashback de la sœur de l’oncle Vernon d’Harry Potter…

Le taxi s’immobilise devant l’hôtel, le chauffeur nous dit que ça sera 60$ finalement, Ben n’a aucune envie de s’obstiner, donne la carte de crédit au chauffeur et je commence à sortir des bagages, ceux-là qui partageaient la banquette arrière avec moi.  Caitlin est dans le hall avec Andrew, tous les deux viennent nous accueillir et nous aider avec les bagages, ils ont l’air reposés, du moins plus que nous. Je n’oserais pas me regarder dans un miroir en ce moment, je dois ressembler à une dangereuse gorgone déchue, blasée, aux extrémités qui ont l’air de ballons de football. Mes mains sont surprenantes elles aussi, je les observe fascinée et un peu horrifiée en constatant que j’ai même du mal à les fermer. Éventuellement je dormirai à l’horizontale et tout s’arrangera. Le mot clé ici est « éventuellement ».

Pour le moment, notre priorité est de manger! On demande au maître d’hôtel si nous pouvons déposer nos bagages dans un endroit sécurisé dans le hall, juste le temps d’aller manger au restaurant en face, puis nous les récupérerons. Il accepte de les laisser avec ceux de Caitlin et Andrew qui y sont déjà. Nous traversons et je réalise avec stupeur qu’il n’y a pas d’air climatisé, nous sommes en nage, j’essaie de ne pas trop me rappeler que je ne pourrai prendre aucune douche avant d’être arrivé à Cordoba. Le menu n’est pas très élaboré et comme c’est un coin pour touristes aisés, c’est très cher, mais faut manger absolument. Benoit finit par prendre une salade (seule option sans gluten) et moi un burger.

Nous ne pouvons pas nous attarder, nous devons être dans 3 heures à l’obélisque au centre de la Plaza de la Républica, c’est là que notre autobus viendra nous chercher, nous, ainsi que les combattants argentins. On récupère nos valises et prenons la direction indiquée par Google map qui évalue une quinzaine de minutes pour nous y rendre à pieds. Par chance, Benoit et Andrew ont pensé à apporter chacun un diable (ce truc si utile pour transporter des électro-ménagers) mais ce n’est pas super efficace pour transporter des gros sacs de sports et au bout d’un moment, celui d’Andrew se brise. Faut dire aussi que contrairement au plancher lisse des aéroports, les trottoirs et l’asphalte inégale peut avoir raison de n’importe quelle roulette quand on doit quasiment courir, celles de ma valise en arrachent aussi. De plus, nous devons passer par le rond-point en plein heure de pointe, les gens ici vivent plus tard à cause de la chaleur de la journée.  Ce qui fait que la petite balade de 15 minutes, se transforme en expédition de 30 minutes en Amazonie (la température), en tout cas pour des gens qui viennent de vivre notre périple du dernier 36 heures, ça ressemble à un calvaire. Nous trouvons facilement le débarcadère improvisé, les Argentins y sont déjà, évidemment, même si on ne se connait pas beaucoup, eux ils savent qui nous sommes juste à nous regarder. Disons d’emblée que moi et Benoit on ne se fonderait pas dans la foule avec notre teint plus que nordique. Caitlin qui vit en Nouvelle-Zélande (c’est aussi l’été) souffre à peine moins que nous, c’est beaucoup plus chaud et humide ici et elle est enceinte de quelques mois. Andrew, Ben et moi sommes complètement déphasés par le choc thermique qui prend des proportions plus grandes pour moi et Ben en raison du manque de sommeil et du stress de cet après-midi.



Martina est sur place, tout sourire, pour nous accueillir avec ses arbitres. Après les présentations usuelles, mon cerveau refuse de faire de la traduction en anglais (la langue commune échangée entre nous) j’abandonne et je cherche désespérément un coin pour étendre mes jambes en attendant l’autobus, je veux dormir!! Moi j’ai atteint ma limite de sociabilité. Mon homme me connaît, il sait que je suis complètement «off» et me donne un coup de main avec les bagages pour m’en faire un siège temporaire. Je le regarde s’éloigner pour aller jaser avec nos hôtes comme le font Andrew et Caitlin, je suis toujours étonnée de voir à quel point il peut pousser ses limites, surtout quand il y a du monde avec qui il peut socialiser.

L’autobus arrive plus tard que prévu, mais quand nous nous y engouffrons, c’est un pur bonheur qui m’envahit, c’est un gros autobus de voyage super confo avec l’air climatisé, oh mon dieu que le bonheur coûte pas cher! Je m’y installe avec un p’tit frisson de satisfaction extatique et Benoit prend mes jambes sur lui tout en continuant de jaser avec les autres autour. Je prends mon oreiller de cou, mon veston pour me couvrir, je m’enfonce sans aucune gêne dans un sommeil de plomb. Nous devons rouler une bonne dizaine d’heures vers le nord jusqu’à Cordoba, c’est drôle ça ne me paraît même pas long.

J’ai conscience d’ouvrir les yeux un moment donné pour découvrir Ben endormi ainsi que la majorité des voyageurs, c’est silencieux, je me rendors. Un peu plus tard je suis tirée du sommeil, l’autobus s’est immobilisé, c’est un arrêt pipi, le seul, donc je fais un effort pour m’extirper de mon siège. Il y a beaucoup de monde, je suis un peu surprise d’ailleurs d’en voir autant dans ce qui semble être un «rest area», au beau milieu de la nuit et à ce que je peux voir autour, au beau milieu de nulle part. Moi et Caitlin on se retrouve à attendre en ligne, il doit bien y avoir une trentaine de filles qui sont là et pour la deuxième fois en voyage (la première était à Malbork en Pologne) que je vois des toilettes avec une madame qui vend du papier de toilette. Une partie de ma conscience le constate, mais le reste de ma conscience, celle qui serait plus utilitaire en ce moment, dort encore. Je finis par avoir une cabine libre et m’exécute et me réveille : Ah oui, la madame, c’est elle qui a le papier de toilette! Je finis par trouver un bout de papier dans ma sacoche pour faire une job ben sommaire, de toute façon, je n’aurais même pas pu en acheter, nous n’avons pas d’argent cash.

Ben m’attend à la porte et nous allons à la recherche de quelque chose à manger, normalement il y a des comptoirs autour d’une place couverte, mais à cette heure, c’est fermé. On peut s’y asseoir, mais la seule bouffe que l’on peut s’acheter c’est celle dans les machines distributrices et on ne trouve aucun guichet automatique. On finit par s’y acheter un cornet glacé avec des pesos empruntés à Andrew, et on retrouve vite le confort du bus. Quand celui-ci reprend la route, je suis déjà profondément endormie. 


mercredi 3 janvier 2018

De l’autre côté de l’équateur, l'Argentine...mais faut d’abord y arriver!




Ah merde! Notre vol pour Toronto a été annulé à cause d’une tempête de neige là-bas! dit Benoit en consultant le grand panneau des départs et arrivées pendant que je sors nos passeports pour aller nous enregistrer.

Nous sommes un peu perplexes, nous venons de descendre de la voiture de Sarah-Maude qui nous a offert gentiment le transport. Le ciel est clair ici, rien n’annonce des perturbations à Montréal dans les prochaines heures. Par chance, des vols Montréal-Toronto, il y en a quasiment à toutes les heures, faut juste réussir à en prendre un qui nous amènera à temps pour prendre notre vol en direction du Chili, puis en Argentine. Nous avons encore pas mal d’avance, notre vol est à 23:00 heures et il est 14:00 heures, mais nous n’avons pas assez de temps pour retourner à la maison et revenir plus tard. Nous voulions justement nous assurer de pouvoir partir en prenant le plus tôt possible l’un de ces vols. J’ai eu la bonne idée de nous faire un bon gros lunch, puisque nous voulions éviter de manger à l’aéroport de Toronto, parce que c’est super compliqué de trouver du sans gluten et sans soya et que c’est horriblement cher. Je nous avais donc fait, en plus d’apporter notre gros sac habituel de noix et grignotines, quatre sandwiches au poulet et fromage, pris deux bananes et des bouteilles à remplir aux abreuvoirs.

Nous allons nous enregistrer standby sur le prochain vol avant d’aller porter nos bagages et croisons nos doigts pour que le vol ne soit pas annulé…et qu’il reste de la place. Le problème est que pour chaque vol annulé, il y a des clients au prix régulier qui sont transférés sur les vols suivants, ça remplit vite un avion. Nous essayons de ne pas trop nous inquiéter, malgré nos chances qui s’amenuisent de prendre notre vol pour l’Argentine ce soir. Benoit communique Andrew pour l’avertir qu’il se pourrait bien que nous restions coincés ici. Ce dernier doit prendre un de ces vols pour Toronto, mais comme lui-même, vole au prix régulier, sa place est assurée, il avait donc prévu de prendre un vol en fin d’après-midi et qu’on se rejoigne à Toronto puisque nous serions sur le même vol pour l’Argentine. Quand il arrive au quai d’embarquement pour son vol prévu, nous attendons de savoir si nous aurons une chance de prendre ce vol aussi. Mais l’agent au comptoir, sans même attendre que tous les passagers soient embarqués, nous informe de l’impossibilité que nous puissions prendre ce vol plus que complet, ainsi que fort probablement, tous les autres de la journée.

Quelques minutes plus tard, un message annonçant que les vols sont trop pleins et qu’on demande des volontaires prêts à laisser leur place en échange de dédommagement. Benoit suggère à Andrew de donner sa place, les dédommagements en valent souvent la peine : rabais sur un autre billet d’avion plus tard, hôtel et restaurant payés, etc. Mais, Andrew  n’a qu’une idée en tête, prendre son avion, trop inquiet de manquer son autre avion, même si Benoit lui rappelle qu’au pire, on prendra celui du lendemain, mais au moins, son dédommagement paiera peut-être une grosse partie de son voyage. C’est un avantage que nous n’avons pas, nous n’embarquons que s’il reste de la place quand l’avion est prêt à partir. Andrew n’écoutant que sa peur, prend cet avion après que d’autres passagers aient décidé de profiter des rabais et restent à Montréal quelques heures de plus. Nous lui disons au revoir et lui rappelons les coordonnées pour rejoindre Caitlin et Steve à leur hôtel à Buenos Aires.


Nous traînons un peu autour du quai d’embarquement, jetant un œil de temps en temps sur les panneaux et espérant que l’agent ait été un peu trop alarmiste ou un miracle, mais nos espoirs se rétrécissent à une peau de chagrin. Au moins, nous avons de la bouffe et nos portables. Cependant nous devons prendre une décision, que fait-on si on n’embarque pas dans le vol de 20:00 heures, le seul qui nous amènerait à temps? L’idée de partir récupérer notre tonne de bagages, trouver quelqu’un pour venir nous chercher, ou payer un 50$ de taxi et un autre pour revenir, ou prendre la navette et le métro et encore l’autobus, aller et retour, avec nos sacs et valises, nous décourage totalement! La moins pire, se trouver un coin pour dormir et prendre le premier vol demain matin.   
Benoit avec nos bagages, y en a trois autres qui ne sont derrière en plus.

Ma face de «ostie je commence à être écoeurée!»

Je ne connaissais pas ce coin repos, ça devait être le seul où je n’avais pas encore mis les pieds dans cet aéroport, mis à part la toilette des gars. Nous avons dû traverser à l’entrée pour récupérer nos bagages et trouvé ces grands bancs matelassés pour les voyageurs, comme nous, prisonniers au sol. Nous avons encore assez de bouffe jusqu’à demain matin, et notre ordi pour regarder les séries qu’on a pas eu le temps d’écouter ces deux dernières semaines. Évidemment on contacte Martina pour lui dire qu’on a manqué notre vol et qu’on retente notre coup demain, mais c’est notre dernier essai, puisqu’après, il sera trop tard pour arriver à temps pour prendre le bus avec le groupe à Buenos Aires vers Cordoba. Andrew, à Toronto, est sur le point d’embarquer, il arrivera en fin d’après-midi le lendemain.

Après ces dix jours à courir pour finir de réparer l’armure; à refaire des jambières gambisonnées; à sortir du fond des boîtes, des vêtements d’été et faire quelques réparations mineures; faire les photos de Ben dans son armure complète et les envoyer (exigences pour ce tournoi); penser été, crème solaire, chasse-moustique, sandales, chapeau, alors que nous sommes en plein mois de février (pour nous c’est inhabituel, de voyager dans le sud l’hiver!). Nous sommes en congé forcé, condamnés à attendre plusieurs heures, sans trop dormir, on est tout de même dans un endroit public avec une tonne de bagages dont certains contiennent des armes.
Devant

Derrière. Notez aussi qu'on voit environ la moitié aussi de notre minuscule appart.
Quand l’alarme sur mon portable sonne, Benoit est déjà réveillé en train de vérifier s’il reste des places sur le premier vol. Moi je vais brosser mes dents avant d’aller acheter un jus d’orange et un café. À mon retour, Benoit est de bonne humeur, il reste plus de 20 places dans le vol pour Toronto et à peu près la même chose pour le vol pour Buenos Aires! On retourne s’enregistrer à un guichet, cette fois-ci, on a déjà nos places, ce qui est bon signe. On retourne nos bagages, on repasse la sécurité et on va s’installer dans les sièges du quai d’embarquement. On attend en consultant nos messages et notre facebook, Ben envoie un message à Martina pour la rassurer, nous devrions être à Buenos Aires demain. Notre deuxième vol part à 23:00 heures, ouf…toute une journée de perdue dans cet aéroport, merde.

Dans l’avion on avale une barre protéinée avec notre café servi par l’agent de bord et on dort jusqu’à l’atterrissage. Aussitôt sortis, on va récupérer nos bagages mais avec la ferme intention, si c’est possible, de les laisser très vite à l’enregistrement pour notre vol de ce soir. Nous avons 12 heures devant nous, comment va-t-on tuer tout ce temps?  Ici??

Manger, dormir, naviguer sur le net, mais peu importe qu’on soit d’un côté ou de l’autre de la sécurité ne change pas grand-chose, aussi bien traverser tout de suite. Au moins, nous ne vivrons le stress de manquer notre vol parce que des agents trouvent plus importants de se raconter leur veillée que de s’occuper des gens qui doivent attendre leur permission pour passer ou reprendre leur valise. Et si ça prend 45 minutes attendre en ligne, ce qui est désagréable, ce ne sera pas avec la peur au ventre.

Évidemment, je dois endurer le fait que systématiquement on me réponde en anglais sans aucune gêne, quand je m’adresse uniquement en français (par principe, parce que je me tiens debout), mais ça…je commence à m’y habituer, même si ça m’enrage encore autant. Mais une partie de cette colère va vers les Québécois francophones, ceux qui trouvent ça normal et à cause de ça, contribuent à ce qu’on soit des étrangers dans notre pays.

Au-delà du mépris à peine voilé envers les francophones, de façon générale, l’impression d’être considérés comme du gibier par les employés de l’aéroport contraste violemment avec le service à l’aéroport d’Haneda au Japon. Ça fait juste deux mois mais oh que nous sommes nostalgiques en ce moment ! On respire par le nez et on se trouve un coin tranquille où l’on peut brancher nos appareils, proche des toilettes et abreuvoirs et pis on s’enfonce dans l’attente. Un voyageur « occupé » visiblement à attendre lui aussi, pose une question sur les vols à Benoit, et en moins de deux minutes, une belle jasette commence entre eux. D’abord le sujet porte sur le fait qu’il s’est fait offrir hier de laisser sa place dans un vol de Toronto vers Calgary, en échange de plusieurs centaines de dollars plus la chambre d’hôtel. Benoit lui raconte qu’il avait suggéré de faire la même chose à son ami la veille. Évidemment, de fil en aiguille, les deux hommes continuent, cherchant inconsciemment les points en commun avec lesquels ils pourront continuer leurs bavardages question de passer le temps qu’ils doivent tuer tous les deux. Ça arrive rapidement, en effet, le monsieur d’origine indienne, est un chirurgien spécialisé dans les sports à Calgary. Bang!

En moins de deux, il regarde avec étonnement et enthousiasme, des vidéos de l’IMCF que Benoit lui montre. Mis à part les quelques minutes où je vais me chercher de quoi grignoter, je les regarde et les écoute avec intérêt. Je trouve que ce genre de rencontre est toujours tellement enrichissant. Le monsieur s’intéresse particulièrement à l’anthropologie médico-légale, en gros aux blessures mortelles. Il est curieux à propos de l’armure, des armes et des blessures potentielles dans la pratique de ce sport. Lorsqu’il nous quitte pour aller prendre son avion, il laisse ses coordonnées à Benoit, il aimerait bien que celui-ci le contacte si jamais il organisait un gros tournoi dans l’ouest.

Plus que quelques heures à attendre notre vol et nous avons très faim, nous ne pouvons pas attendre le repas dans l’avion. Y a un endroit agréable et très grand, près des quais d’embarquement où l’on peut manger, prendre un verre ou juste rester assis à naviguer sur Internet. Ce qui est bien c’est qu’il n’y a aucune obligation à consommer pour en profiter, une chance parce que c’est cher en maudit. Cependant, on est écœurés de manger des noix pis du chocolat, on veut manger un repas et l’avantage de cet endroit c’est le menu qui englobe plusieurs restaurants autour et qui viennent servir le repas peu importe où le client est assis. L’avantage c’est aussi la possibilité de manger ensemble, des plats provenant de restaurants différents, mais nous finissons par opter tous les deux pour la cuisine indienne.
Attendre...

Quand l’embarquement commence, nous sommes relativement sereins, nous avons déjà nos places, mais tant qu’on n’est pas assis dans l’avion, rien n’est complètement définitif, Benoit s’est déjà fait demander, il y a plusieurs années, de sortir de l’avion pour laisser un client retardataire récupérer sa place. Toutefois, l’avion n’est même pas plein quand on gagne notre place dans l’allée droite, au moins cette fois, nous avons un peu plus de place, trois bancs juste pour nous. Nous volerons onze heures, suivie d’une escale à Santiago (Chili) où nous nous changerons de vêtements, puis nous poursuivons sur un vol de deux heures jusqu’à Buenos Aires. ENFIN!!!! 

mardi 2 janvier 2018

Montréal hiver 2017: Coach, Vice Président à l'IMCF et combattant, tout ça à temps partiel



Benoit a été transféré de garage, il travaille maintenant dans notre quartier, et comme il est à 10 minutes à pied, il peut faire des journées avec de grandes amplitudes. Il part travailler très tôt, revient à la maison pour des pauses de quatre heures et retourne travailler quelques heures avant de revenir souper vers 19:00-20:00 heures. Et que fait-il pendant ses pauses? Il travaille comme vice-président de l’IMCF, pas juste un poste qui fait beau là…non non, un vrai travail et tout ça bénévolement. Moi qui suis à la maison à fabriquer des costumes et à écrire, je suis chaque jour, fascinée par tout ce qu’il réussit à accomplir.

Il vient tout juste de terminer le nouveau site web, un site qui aurait dû être fait depuis plusieurs mois par des volontaires, mais comme rien n’avance, Benoit qui n’a jamais fait ça avant, s’est retroussé les manches, s’est mis à fouiller sur internet les différents programmes, il a passé tout son temps des fêtes là-dessus. Pendant que je l’entendais sacrer pour une millième fois à propos de l’encadrement ou de la perte d’éléments par oubli de sauvegarder, je me dis que si j’entends une personne passer un commentaire négatif à propos du site, je lui arrache la tête, même si je dois prendre l’avion pour le faire.

En plus du site, il y a l’organisation du tournoi au Danemark qui demande du temps, une chance, il y a Magnus qui est sur place et avec qui il partage beaucoup de tâches. C’est quoi les tâches? S’occuper de louer des tentes pour les gens qui viennent de l’extérieur, et organiser un forfait repas pour les quatre jours, mais pour ça, faut savoir combien de personnes en ont besoin. Donc, faut être en communication avec +/- 25 pays qui parfois tardent à s’inscrire, changent d’idées, leurs combattants et les accompagnateurs qui s’ajoutent ou s’enlèvent à la dernière minute. Faut penser à faire construire la lice et les estrades, penser aux commentateurs, aux arbitres, aux marchands, aux combattants, et tous ces groupes requièrent à eux seuls, des solutions à trouver à plusieurs problématiques. Faut penser à faire les médailles, les trophées, les t-shirts. Faut faire le marketing au plan international, négocier avec les gens du château, du musée, de la municipalité ou même du gouvernement, faire des posters, des clips promotionnels, etc. Mettre à jour la page Facebook avec les informations parce que des milliers de personnes la consultent. Il doit aussi répondre à tous les courriels et dans ce cas-ci, il est en plus, en communication constante avec le palais de Scone pour 2018. Si Benoit c’est LE communicateur de l’IMCF à TOUS les niveaux (site web, page facebook, courriel, marketing) il a touché à tous les autres dossiers de près, de très près et rarement de loin. C’est quelques heures de travail quotidien, sept jours sur sept. Mais surtout, les canaux de communication (ordi et portable) sont ouverts en permanence, sauf quand il conduit son autobus. Oui j’endure, j’accepte parce que je crois à son travail, je comprends les sacrifices à faire, et je suis dans la même galère que lui d’une certaine façon, à d’autres niveaux, mais je connais tous ses dossiers. Nos ordis sont sur la même table de travail, on voyage ensemble, je côtoie les mêmes gens, si je connaissais déjà bien la réalité du béhourd, je connais bien maintenant la réalité d’un vice-président de l’IMCF qui se dédie complètement à sa tâche.

Mais ce n’est pas tout, parce que nous partons en Argentine en février, pour chapeauter le premier Open IMCF avec le chef des arbitres, Steve et celle qui s’occupe de gérer la lice et les combats, Caitlin. Si, Benoit n’a pas eu autant à intervenir dans l’organisation, les Argentins ont fait le gros du travail, ça veut quand même dire, échanger ses journées de travail avec d’autres chauffeurs pour avoir assez de congés pour être sur place à Cordoba. Évidemment, il veut aussi participer et se battre avec l’équipe des Argentins et avec Andrew qui prévoit venir aussi.

Pour la petite histoire locale, les qualifs se préparent à Trois-Rivières, elles auront lieu juste avant que nous partions. Évidemment, Benoit veut y participer pour assurer sa place dans l’équipe, mais craint la présence des 3-4 gars à problème qui pourrissent actuellement la fédération, sans qu’aucune action concrète ne se fasse contre eux. Il a beau avertir qu’en tant que vice- président de l’IMCF, il doit donner l’exemple et ne pas accepter au tournoi dont il partage la responsabilité avec les quatre autres membres du présidium, des combattants qui trichent, qui se vantent de blesser, qui ont régulièrement des propos haineux et menaçants et surtout qui vomissent sur les réseaux sociaux à propos de l’IMCF. Mais ici, on ne le prend pas vraiment au sérieux, ça commence à être une habitude faut dire, et Benoit n’ayant pas d’autre choix, discute du problème avec les membres du présidium qui sont unanimement d’accord, on refusera ces individus dont ils ont entendu parler par d’autres sources que Benoit.

En discutant avec d’autres membres de la fédération, Benoit réalise qu’il y a beaucoup de monde qui ne veulent plus de ces gars-là, encore moins au tournoi au Danemark. On craint de gâcher notre voyage mais surtout, on veut présenter une équipe du Québec sans tache. Nous sommes à moitié rassurés, mais juste à moitié, il y a quand même des individus qui ont du poids dans les décisions et qui minimisent les gestes et comportements et malheureusement y a ceux qui se font acheter en matériel. Au milieu de tout ça, y a ceux et celles qui ne veulent pas se « chicaner ». Christine est constamment prise entre les deux, en tant que membre du C.A de la fédération, elle voudrait bien entreprendre des actions dans le même sens que Benoit parce qu’elle est d’accord, mais se fait reprocher par son équipe ou par d’autre membres du C.A, d’être trop l’amie de Benoit (on se rappelle qu’il est l’antéchrist!), et d’un autre côté elle reçoit en tant que C.A, nos frustrations, nous qui sommes ses ami(e)s. Bref…

Jusqu’au jour des qualifs, Benoit est sur le qui-vive. Même si on lui dit que ces individus n’ont pas payé leur adhésion en tant que membre de la fédé, autrement dit, qu’ils ne pourront pas faire les qualifs, il craint de les voir arriver à la dernière minute, paiement en main. Il redoute ça, car il a pris la décision que dans un tel cas, il quitterait sur le champ puisqu’il doit se montrer impartial devant le présidium et le board des capitaines de toutes les équipes. Par-dessus tout parce que sa motivation à faire évoluer ce sport de façon saine, le tient encore plus à cœur.

Je suis aussi bouleversée que lui à l’idée de cette perspective, nous avons mis tellement d’énergie dans ce bébé, sans que personne ne le réalise vraiment ici. Benoit a défendu bec et ongles en tant que représentant du Québec, pour que celui-ci conserve sa position initiale de « nation » au sein de l’IMCF; mon investissement personnel (doctorat, recherches, chroniques, conception et couture, etc.) pour faire connaître le béhourd en mettant de l’avant l’équipe du Québec; tous les entraînements qu’il a donnés et qu’il donne encore gratuitement depuis 2013, lui prenant son temps libre autrefois consacré au Jiu jitsu, boxe, muay thaï. Cependant, je suis consciente que s’il veut être conséquent avec lui-même, il n’aura pas le choix.

Ayant un empêchement ce matin-là pour y assister, c’est avec beaucoup de soulagement que je reçois l’appel de Benoit en milieu de journée qui m’annonce que les individus ne se sont pas présentés, il n’y a donc aucune chance qu’ils fassent partie de l’équipe. Ouf! De son côté, il a performé moyennement sans être trop inquiété de sa position dans l’équipe, ils sont une dizaine de participants et faut en choisir huit. Si on considère qu’il y en a trois qui n’ont jamais fait de tournoi avant, ce n’est effectivement pas inquiétant. Lui-même en a fait deux mondiaux à l’IMCF, cinq autres à l’extérieur du pays où il a remporté quelques médailles, plus quatre ou cinq au Québec, et s’apprête à en faire un autre en Argentine. Si lui est rassuré, moi je ne suis pas complètement certaine que rien ne sera tenté pour l’enlever de la sélection, mais bon je suis peut-être un peu parano, enfin, on verra bien en revenant d’Argentine.


Nous ne sommes pas des créatures de sud, mais pour une fois nous devons admettre que nous avons hâte de fuir le froid et faut l’avouer, ce stress vécu depuis plusieurs semaines, et puis ça coupera notre hiver en deux. Il y a deux mois nous avons mis les pieds sur un nouveau continent, l’Asie, comme si ce n’était pas suffisant, cette fois-ci, nous allons en Amérique du Sud. Là-bas, parce qu’ils sont de l’autre côté de l’équateur, c’est l’été, nous réalisons que nous n’avons jamais traversé cette frontière avant. Martina, l’organisatrice de l’événement là-bas, nous informe que nous devons obtenir un papier qui fait office de permis de tourisme, pour pouvoir entrer au pays. On commence à faire nos recherches et effectivement, nous devons nous procurer ce permis qui nous coûte presque 100$ chacun, mouains…ça fait mal au portefeuille juste avant de partir. Même si nos billets nous coûtent beaucoup moins cher que la normale, la quantité de voyages que l’on fait par année, nous ruine toujours un peu. Mais c’est un choix que nous avons fait.