vendredi 19 mai 2017

De la « Grand’visite »


Hiver 2016


Bonne nouvelle! Brendan et sa copine Maria viendront au Québec pour le tournoi annuel québécois en février prochain. Nous les logerons chez-nous à Ste-Adèle et chez Luc (qui est bien désolé de ne pas pouvoir les voir) lors de la fin de semaine du tournoi. Nous espérons qu’il y ait de la neige pour nos amis irlandais. Nous apprenons aussi que cette année, en plus de recevoir nos amis américains, nous aurons aussi nos amis belges avec qui nous avons partagé l’auvent et la bière à Malbork. Ils seront logés chez des membres de l’Ost à Trois-Rivières ou à Shawinigan. Il y aura aussi une autre équipe canadienne, que nous ne connaissons pas, qui vient du Yukon.

Ces trois derniers mois sont passés en flèche, moi avec mon lancement de livre qui aura lieu au début mars, la recherche de logements et de contrats réguliers de confection de costumes, Benoit qui a entamé sa formation et commencera ensuite une nouvelle carrière. Il est comme un poisson dans l’eau, il adore conduire ces gros machins, surtout les très gros, les autobus articulés qu’il manipule comme un pro. Comme si ce n’était pas assez, il prend une bonne partie de la charge du tournoi au Portugal avec le capitaine de l’équipe portugaise Nuno. Il n’a pas beaucoup le choix, le tournoi est dans trois mois, les instabilités, les incertitudes qui ont trainées à l’automne et au début de l’hiver, et les propositions de certains membres pour rejoindre nos compétiteurs directs HMBIA (Historical medieval battle international association) qui gère le tournoi annuel « Battle of the nation », ont rendu tout le monde un peu frileux, ce qui fait que les inscriptions tardent à entrer, c’est inquiétant que tout tombe vraiment à l’eau. Y a plein de choses qui auraient dû être faites depuis longtemps et qui restent à faire, bref un travail titanesque. Benoit communique avec toutes les équipes, une par une, discute avec chacune d’elle, vend le tournoi, comble tous les coins et est en communication constante avec Nuno, il veille à ce que tout soit bien préparé là-bas pour le mois de mai. Il prend en charge le compte facebook de l’IMCF laissé quasi à l’abandon, il trouve un paquet de messages datant de plusieurs mois, jamais répondus, il y répond à son tour. Il fait du ménage et réinvite toutes les équipes, il redonne vie à une entité super importante, un lieu commun, virtuel, mais réel car il permet de réunir tout ce qu’il y a de combattants participants.


L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ET qui se couchent tard, par chance, moi et Benoit faisons partis de cette catégorie!

Quand Brendan et Maria arrivent chez Luc, c’est comme une bouffée d’air frais, dans notre hiver complètement essoufflant et nous mettons nos projets sur « pause » pour nous consacrer à eux le plus possible. Ils nous ont apporté des cadeaux, une belle bouteille de whiskey Jamieson édition spéciale pour Benoit et une réédition magnifique d'un livre de contes de Charles Perreault illustré par un grand artiste irlandais Harry Clarke, nous sommes ravis! 



Benoit est en formation bien sûr, mais dès qu’il le peut, il se joint à nous. La première journée, nous prenons le métro et allons marcher sur l’avenue Mont-Royal et terminons notre ballade au café très personnalisé « le Placard » où mon amoureux vient nous rejoindre. Nous leur proposons d’aller manger une poutine traditionnelle, une vraie de vraie, pas réinventée, frites bien grasses, fromage en crotte qui fait « squick squick » sous la dent, nappée d’une sauce brune, pas barbecue ou autre, ils sont ravis, ils en ont tant entendu parler. Elle est parfaite! Et comme c’est dans un p’tit resto sans prétention, patates frites casse-croute qui date des années cinquante-soixante, elle est « pas chère ». Y a rien qui m’insulte autant que de manger une poutine dans un resto branché et la payer le prix d’un steak, alors que ça reste des frites, de la sauce et du fromage en grain.

Nos invités avalent la totalité de leur repas avec enthousiasme, ce qui me confirme qu’ils ont bel et bien aimé la poutine. Nous ne nous attardons pas trop longtemps car nous avons décidé de partir à Ste-Adèle, nous y passerons la journée du lendemain et inviterons Andrew à souper avec nous avec une fondue. L’ambiance du feu de foyer et du paysage avec vue sur le mont Saint-Sauveur et notre lit vaut les nombreux voyagements que cela entraîne avec le tournoi à Montréal en fin de semaine. Et puis nous voulons offrir ce qu’il y a de mieux à nos invités. À la dernière minute, Ben a offert l’hospitalité à Jaye et quelques membres de son équipe le vendredi et le samedi soir, donc nous dormirons définitivement à Sainte-Adèle et non à Longueuil.

Nous avons été exhaussés, il y a une belle bordée de neige qui commence à s’accumuler, selon météo média c’est une sale tempête, une tempête qui fait le bonheur de nos deux amis qui sortent sur le balcon, complètement exaltés. C’est vrai que c’est beau! Ça l’est encore plus quand c’est reflété dans un regard tout neuf. Malheureusement, ailleurs c’est moins beau et quand tard dans la soirée, Jaye arrive avec quelques-uns des gars, ils nous apprennent que l’un d’eux a eu un accident sur la route, heureusement il n’est pas blessé. 

Le lendemain matin, Brendan et Maria se proposent d’aller déblayer toutes les voitures, pour nous qui sommes habitués à cet exercice, surtout en fin février, leur laissons cette tâche qu’ils sont tellement heureux de faire. Pendant ce temps Ben prépare du café, les Américains roulent leurs matelas, j’ai cru comprendre qu’ils préfèrent dormir à l’hôtel à Montréal ce soir, ça leur fait trop de route sinon et ils veulent dormir dans un lit.

Le trajet se passe plutôt bien malgré la slush qui recouvre l’autoroute, et je ne peux m’empêcher de sourire à voir nos Irlandais derrière complètement ébahis par tout ce qui les entoure.

À notre arrivée au centre, nous retrouvons aussi avec bonheur, nos amis belges, Gauthier, Pol et Fred. Comme nous avons beaucoup d’invités cette année, il y a beaucoup de va et viens et l’animation est constante, malheureusement, une fois de plus, la musique est nulle. Ce jour-là, je me dis que je vais me recycler en DJ pour les tournois de béhourd, il me semble que c’est si simple de faire des playlists intéressantes.

   Dans le vestiaire, il n’y a jamais eu autant de combattants et malgré l’ambiance amicale générée par toute cette belle visite ponctuée d’amitiés récentes et moins récentes, il y a des tensions parmi les combattants québécois. Personne n’en parle vraiment, mais faudrait être bien aveugle et bien sourd pour ne pas s’en rendre compte. Y a différentes mentalités dans les cinq équipes au Québec, et quand les perceptions s’opposent complètement sur la façon dont ce sport devrait se pratiquer, ça peut entraîner des conflits. Il y en a une en particulier qui risque de faire du grabuge j’en ai bien peur quand j’entends leurs propos. Pour plusieurs dans ce groupe, le béhourd permet de battre et de blesser les autres pour ensuite prouver à tous sa supériorité. On ne décèle pas vraiment parmi eux, d’esprit sportif sain, bien sûr il y a parfois des individus ici et là qui n’ont pas choisi un tel sport de combat pour les bonnes raisons mais quand la mentalité de « bullying » s’étend à la moitié de l’équipe ça peut devenir problématique. Ça veut dire que l’équipe maintient une attitude malsaine sur les babillards de discussion et la transpose sur le terrain.

Si ce n’était que ça…la dualité entre ceux qui préfèrent aller sous la bannière canadienne et ceux qui continuent avec l’Ost du Québec à l’IMCF n’aide pas. Et si certains combattants se promènent entre les deux, une grosse partie de l’équipe à problème suit la feuille d’érable et certains plus intenses, en concordance avec la mentalité de leur équipe, n’hésitent pas à salir l’IMCF et à insulter les combattants de l’Ost.

C’était écrit dans le ciel que ça déborderait dans la lice, quand l’un d’eux frappe violemment Andrew avec des coups illégaux qui sont plus ou moins tolérés par les arbitres, il explose, lui qui en a ras le bol de l’attitude de ces gars, et comme personne n’a jamais vu ce géant doux en colère auparavant, ça impressionne tout le monde, ce qui fait qu’il est rapidement expulsé de la lice on l’expulse même du tournoi. Ses amis, Benoit et Serge vont le rejoindre pour le calmer et je vois le regard de triomphe de certains dans l’équipe adverse, je suis dégoûtée. 

Définitivement, j’aime de moins en moins les tournois au Québec, il y a trop peu de combattants ce qui fait que la fédé n’ose pas mettre personne dehors. Mais je crois que c’est une erreur, d’abord parce que ça fait fuir les combattants sportifs plus sérieux, ensuite parce que tant qu’on tolèrera ce genre d’attitude anti sportive, le béhourd restera une activité underground où les gens n’y verront que des brutes épaisses, agressives et dangereuses parce que ce sont celles-là qui retiennent l’attention malheureusement. D’ailleurs alors que ce sport prend de l’ampleur un peu partout, au Québec il stagne, il n’y a pas plus de combattants qui partiront pour le Portugal qu’il y en avait en Pologne en 2011 même s'il est en hausse chez les femmes puisque nous partons avec une équipe féminine cette année. 

Tout ça a jeté une chape de plomb sur l’atmosphère, j’ai plus ou moins envie de suivre les prochains combats, surtout après que Benoit ait lui aussi été victime de coups illégaux, toujours par la même équipe. Deux de ces combattants ont carrément tenté de lever son casque afin de frapper dans la nuque. Et comme les arbitres sont mal répartis, tous dans la lice et aucun autour, ils ne voient pas tout. Mon homme est vraiment écœuré mais accepte sans hésiter quand Cloé vient lui demander de venir la coacher pour son duel, comme il l’avait fait aux États-Unis. Quand elle s’installe dans le coin de la lice, il lui glisse une chaise pour qu’elle puisse s’asseoir et s’installe comme toujours, en avant d’elle, son regard plongé dans celui de Cloé presque dans son casque et lui parle de sa respiration, de ses forces, il prend tout son espace visuel de sorte qu’elle n’écoute que sa voix et ne se laisse pas distraire par la vue de son adversaire, un peu comme un coach de boxe. Et ça a fait ses preuves! L’affaire c’est que le journaliste sur place trouve ça très intéressant et la caméra se retrouve à les filmer tout près, ce que Benoit et Cloé ne voient pas. Cependant, moi je le vois et j’entends les langues de vipères se faire aller : « Bien sûr Benoit veut voler le spectacle ».

Ma colère atteint un paroxysme quand, à la fin du combat de Cloé certains d’entre nous sommes témoins de la réaction clairement partisane d’un arbitre devant la victoire de sa combattante préférée, l’adversaire de Cloé… pendant qu’il est en fonction. Non je n’ai plus envie de suivre plus longtemps, je vais faire un tour, je parle un peu avec des gens que je connais dans la foule et avec nos amis irlandais et belges.

Benoit s’est changé et est venu me rejoindre, après avoir expliqué au journaliste, son rôle de vice-président à l’IMCF, c’est important d’informer les gens qu’il existe une fédération mondiale pour ce sport, justement pour démontrer que ce n’est pas juste une activité de fin de semaine où des hurluberlus se prennent pour le roi Arthur et se tapent dessus juste pour faire cute.  On veut que ça prenne de l’ampleur, on veut que ça soit pris au sérieux, on veut que ça soit grand, faut donc voir grand et agir en conséquence.

Ici, je ne m’éternise pas sur ce tournoi, les raisons sont assez évidentes, j’aurais encore trop de frustrations par rapport aux belles expériences. Si ce tournoi m’a amené à me méfier de certaines personnes dans cet entourage, en revanche j’ai approfondie mes liens d’amitié avec Brendan, Maria, j’ai appris à connaître davantage Gauthier, Pol et Fred et finalement j’ai fait la connaissance avec deux nouvelles qui seront du voyage au Portugal, Laurie pour qui je viens de terminer deux robes et Christine qui envie les belles robes de Laurie et qui se battra dans l’équipe de béhourd avec Béné, Cloé et Gabrielle.

Quand le tournoi se termine le dimanche soir, nous amenons Brendan et Maria dans l’un des endroits les plus mythiques de Montréal, Chez Schwartz, pour manger un de ses célèbres smoked meat, frites, pickle et coke aux cerises. On est tassés comme des sardines comme l’étaient les ouvriers montréalais qui s’entassaient là dans les années 50. En effet, cette charcuterie a été ouverte en 1928 par Reuben Schwartz, un immigrant juif roumain, et son smoked meat est devenu rapidement célèbre, encore aujourd’hui la viande est préparée de façon traditionnelle, sans agent de conservation. Nous sommes convaincus, que ce restaurant est un incontournable dans l’histoire de la gastronomie montréalaise.

On se délecte!

Andrew nous y rejoint et nous partons ensemble dans le nord, à Ste-Adèle et finissons la soirée devant un feu de foyer, un verre de sortilège en mains. Maria nous demande comment les Québécois arrivent à ne pas être tous obèses puisque tout, bouffe et alcool, a tellement bon goût. En revanche, elle et Brendan, sont un peu horrifiés par notre humidificateur indispensable en hiver dans l’air asséché par notre surchauffage électrique. Dans leur réalité irlandaise si humide, cet appareil est une abomination, ils ne connaissent que les déshumidificateurs qu’ils utilisent abondamment. D’ailleurs à l’évocation de cette humidité constante, nous leur racontons à quel point, en Irlande nous étions démoralisés par nos vêtements et surtout les gambisons qui ne semblaient jamais sécher. Même mes sous-vêtements lavés à la main et accrochés dans ma chambre, n’étaient toujours pas séchés après 24 heures. Maria, comme sous le coup de la confidence et un peu pince sans rire, nous révèle qu’il existe quelques jours dans l’année où miraculeusement il y a du soleil, de la chaleur et un temps sec, tout en même temps, ces quelques journées on les appelle « the Great drying»! Elle ajoute «It's almost erotic», nous croulons tous de rire évidemment.


Lundi matin, Benoit est retourné en formation à Montréal, et malgré le soleil radieux qui sans surprise, cache un froid piquant, nos invités veulent aller patiner sur le lac en bas de la montagne, comme nous leur avons suggéré quand ils sont arrivés. Par un heureux hasard nous avons la même pointure de chaussure, donc on peut leur prêter nos patins, mais il fait -25 degrés Celsius et pour se rendre au lac, ils doivent marcher une bonne demi-heure. Ils insistent, ils ont apporté dans leurs bagages, des vêtements appropriés pour les sports d’hiver. Je laisse tomber mes dernières hésitations, cependant, je leur remets le numéro de téléphone et l’adresse de la maison, je leur suggère aussi un joli petit café bien sympathique tout près du lac.



Pour le souper je prépare un souper traditionnel pour leur dernière soirée au Québec, donc je sors les tourtières, cretons, fèves au lard, betteraves et autres marinades maison et complète le tout avec une purée de pommes de terre et une salade. Tout le monde mange avec appétit et comme ils repartent demain, nous étirons ces derniers moments entre ami (e)s devant un bon feu de foyer.

Dès le lendemain de leur départ, nous retournons à Longueuil pour récupérer ma machine à coudre ainsi que le reste de notre stock pour le retour de Luc qui récupère son appartement. Nous avons trouvé un petit logement où nous pouvons emménager dès le premier avril. Notre feu roulant recommence de plus belle, entre la peinture à faire, le transport régulier de nos effets entre Sainte-Adèle et Montréal, mes contrats, la nouvelle carrière de Ben et surtout les derniers préparatifs pour le tournoi au Portugal le mois prochain.


À chaque nouvelle équipe qui s’inscrit, Ben la publie avec une belle image du drapeau ainsi que des images en action de l’équipe correspondante. Il créé un remous tant et si bien qu’à un moment ça devient exponentiel, nous nous retrouvons avec plus d’une vingtaine de pays participants. Même si Pâques qui vient d’être célébré, représente la résurrection de Jésus, ben pour moi Pâques cette année, c’est la résurrection du tournoi de l’IMCF orchestré par Benoit et Nuno, rien de moins. 

mardi 16 mai 2017

Incertitudes, inquiétudes et espoir




Automne 2015

Nous venons d’apprendre que le tournoi n’aura pas lieu finalement à Berlin, et l’IMCF ne sait toujours pas où il se tiendra ce qui suscite incertitudes et inquiétudes. Normalement l’assemblée générale de l’automne, se déroule à l’endroit où aura lieu le tournoi annuel, l’urgence commence donc à se faire sentir.  Ça bouge beaucoup sur les babillards de discussion, entre les membres de l’IMCF, les capitaines et les représentants, Benoit intervient souvent, il est l’un des plus actifs. Il essaie de trouver des solutions, et son dévouement finit par en toucher quelques-uns qui voient en lui, un futur membre du présidium, particulièrement le président qui lui en glisse un mot. Il lui suggère de se présenter aux élections en tant que vice-président, la place d’Adam, qui a quitté avant la fin de son mandat. Ça tombe bien, lui qui voulait justement prendre une certaine distance vis-à-vis de la fédération au Québec, il n’aurait pas le choix, car pour être membre du présidium, il doit quitter son poste de représentant pour éviter d’être en conflit d’intérêt. Ainsi, il espère que son travail servira enfin et qu’on écoutera ce qu’il à dire, car ici, même s’il assiste depuis deux ans aux assemblées générales de l’IMCF, qu’il connaît le présidium, tous les capitaines et les dossiers, étrangement au lieu de profiter de cette source d’informations, certains mettent sa parole en doute, d’autres écoutent distraitement ou pire tentent de le discréditer.  

À peu près à la même période, je reçois un courriel d’une maison d’édition qui m’offre de publier mon mémoire de maîtrise, leur offre est alléchante, trop pour être vraie et après vérifications, il s’avère que c’est une belle arnaque. Sauf que l’idée a germé dans ma tête, et je me dis que je peux probablement m’autopublier. Avec l’aide d’une cousine graphiste (sans elle je n’aurais pas pu me rendre jusqu’au bout) le document devient un livre un peu mieux adapté pour le grand public. Mon beau-père décédé aujourd’hui avait créé une petite maison d’édition pour pouvoir publier ses livres à lui, mais il se doutait qu’un jour elle servirait pour la famille.

 Je fais donc une pré-vente autour de moi et sur les réseaux sociaux, mais comme je ne suis pas très pro en marketing, ça démarre au ralentit, on se croise les doigts. Je suis consciente que je ne vais certainement pas faire un coup d’argent, mais si je pouvais au moins aller jusqu’au bout de mon projet…


Décembre s’installe avec beaucoup de neige, du moins à Ste-Adèle et avec lui des promesses de jours meilleurs quand Benoit reçoit un courriel de la STM (Société des transports de Montréal) l’invitant à poursuivre ses procédures d’embauche. En effet, Benoit avait envoyé son CV lorsqu’il avait perdu son emploi chez Aveos, mais à ce moment-là, la société avait fermé la porte aux nouvelles recrues, et comme ça fait déjà trois ans, il y a longtemps que Benoit a mis une croix sur l’idée d’y travailler. Avec ce courriel, ses espoirs renaissent, enfin une belle carrière à Montréal l’attend, il est fou de joie mais aussi anxieux à l’idée de ne pas réussir.

Nous envisageons aussi de sortir de notre hibernation et de retourner à Montréal, retrouver la proximité des enfants, redevenir autonome et sans voiture. Les perspectives d’emploi sont beaucoup plus vastes pour moi aussi et c’est aussi tellement plus simple pour acheter mes tissus et rencontrer mes client(e)s. Après avoir vécu 17 ans sur le Plateau à Montréal, cette dernière année à Ste-Adèle est au-delà d’un refuge douillet, une belle prison dorée, car d’être ainsi paralysée dans la montagne où je dois marcher une demi-heure juste pour aller acheter une pinte de lait au dépanneur, ça me coupe les ailes. Je comprends maintenant que pour vivre à l’extérieur de la métropole, la voiture est essentielle, mais en Montréalaise que je suis, je n’ai jamais eu besoin de conduire et dans mon cas je n’ai jamais même passé mon permis.

Pour ce qui est de l’IMCF, il y a encore beaucoup d’incertitude, le Luxembourg et le Portugal proposent leur candidature, les deux pays ont des endroits intéressants susceptibles de nous recevoir, mais faut penser aux coûts des voyageurs, le Portugal serait beaucoup plus accessible financièrement. Benoit suit évidemment le dossier de près tout en préparant ses différentes rencontres prochaines avec les Ressources humaines de la STM. Il doit passer des examens médicaux, des tests physiques et écrits, il doit aussi envisager de faire un mini cours de chauffeur d’autobus question de se remettre dans le bain, car sa formation initiale suivie il y a 3 ans, est loin, et comme il doit passer des examens de conduite par la STM, il veut mettre toutes les chances de son côté. S’il réussit tous ses tests et entrevues, il devra faire une formation de cinq semaine au sein de la STM, puis sera en probation six mois avant d’être définitivement engagée. Il est super anxieux et son système digestif est de plus en plus affecté sans qu’on sache qu’est-ce qui cloche dans son alimentation pour causer ses maux ou ses grands coups de fatigue après les repas.

Dans tout ce branle-bas, nous trouvons le temps de retourner retrouver la gang du Knight’s hall à Nashua pour un tournoi amical. L’équipe de Benoit, est invitée par la même occasion à leur party de noël. Et c’est avec Cloé, Vincent, Mathieu et Luc que nous avons pris la route une fois de plus, dans ce matin froid de décembre.
 
Avant de partir pour Nashua

Après le tournoi, partyyy


Au début de janvier, la décision finale a été prise et c’est au Portugal qu’aura lieu le prochain tournoi. Benoit s’y rend en tant que représentant et cette fois-ci il y va seul. C’est encore un voyage éclair épuisant de 3 jours, où il doit passer sa dernière nuit, à son anniversaire, à l’aéroport. Mais même si c’est un peu triste, il revient heureux et reconnaissant, il a été élu vice-président presqu’à l’unanimité par la fédération, les membres étant témoins depuis deux ans de sa capacité de travail, de sa motivation et de son aisance à comprendre et faire les ponts entre les différents pays et les problèmes de communication.

À son retour, il annonce à la FQCM, qu’il ne peut plus être son représentant à l’International, nous sommes conscients que son travail aura plus de retombées qu’ici. Et au moins, il aura l’impression d’être utile et peut-être plus apprécié.

Les qualifications ont lieu et comme les autres années, je ne comprends pas pourquoi on s’entête à en faire puisqu’il y a si peu de combattants actifs qu’au final ceux et celles qui iront au tournoi, sont ceux et celles qui auront l’argent, le temps et les congés nécessaires pour le faire.
Benoit aux qualifs


De mon côté, j’ai amassé suffisamment de fonds pour publier mon étude à petit tirage, je commence à prévoir un petit lancement au printemps quelque part dans un café du Plateau à Montréal, bien entendu. Nous sommes plus souvent à Montréal qu’à Ste-Adèle, nous nous promenons dans les différents logements qui nous sont proposés par la famille et les ami(e)s. Luc qui part travailler en Floride pour tout l’hiver, nous propose son appartement à Longueuil, ça sera super pratique quand Benoit commencera sa formation. Il a passé jusqu’à maintenant tous les tests et entrevues, il commencera donc au début février avec plaisir après avoir rendu sa démission de son dernier emploi. Nous commençons à ouvrir l’œil pour trouver un petit logement sur le Plateau ou pas loin.


lundi 8 mai 2017

Le secret le mieux gardé à New York.



En ce samedi d’octobre, nous sommes encore sur la route, savourant le café de notre thermos et la splendeur du lever de soleil qui éclaire toutes ces couleurs d’automne déjà présentes dans les Laurentides. Nous allons à New York pour un tournoi qui aura lieu demain au Fort Tryon Park dans le cadre de la Renaissance fair. Nous passons chercher Luc en sortant du pont Jacques-Cartier, puis nous nous rendons à St-Jean, chez Vincent. Cloé y est déjà et finalement Mathieu ne peut nous accompagner. Il est prévu de déjeuner chez Vincent puis de partir tous ensemble dans la van avec les trois armures.

 Le trajet se passe bien et même si les couleurs sont moins vives dans le Vermont, c’est tout de même une belle journée d’automne naissant, et puis ce qui est bien quand nous passons par cet État, c’est la présence sur la route de toutes ces stations de repos qui servent de l’excellent café équitable et…gratuit. Jusqu’à maintenant, c’est vraiment dans le Vermont que nous avons trouvé les meilleures aires de repos et s’ils offraient des services de douche comme on en trouve sur la route en Pologne, ils gagneraient notre palme d’or. Nous limitons au maximum les arrêts restaurants, nous sommes à peu près tous fauchés, nous grignotons nos snacks en voiture.

Nous avons réservé deux chambres pour nous cinq, juste à l’entrée du pont, parce que sur l’île de Manhattan, c’est ridiculement cher, vraiment, facilement le triple du prix d’une chambre à Montréal. L’ironie est qu’avec les billets d’avion de Ben (très peu cher mais quand même pas gratuit), c’est nettement meilleur marché pour nous d’aller passer une fin de semaine à Paris que de partir en camion (prix de l’essence) et dormir deux nuits à New York parce que le prix des chambres est bien plus abordable à Paris. Nous avons réussi à trouver un motel où les chambres coûtent le prix de très bonnes chambres chez-nous, mais ça ne nous rassure rien qu’à moitié.

Lorsque nous arrivons, nos doutes s’avèrent fondés, mais nous n’avons pas beaucoup le choix on va faire avec. Après avoir fait le tour de la chambre, je me demande même si au Québec, il existe des chambres d’hôtel en ville en aussi mauvais état. Je vérifie mes draps, ils ont connu de meilleurs jours, le matelas est taché, mais ça semble propre. La toilette et le bain très défraîchis sont tout de même propres, la peinture écaille un peu partout, et quand je m’étends sur le lit en me disant qu’il y a de pires endroits dans le monde (en ignorant la petite voix dans ma tête qui réplique que je n’y mettrai jamais les pieds anyway!) je constate qu’on peut voir dehors par des brèches entre le mur et le système de chauffage/climatiseur (tout sale). Bref…

On entre tous nos bagages et surtout les armures dans les chambres, on ne fait aucunement confiance à notre voisinage, d’autant plus qu’un combattant américain s’est fait voler toute son armure neuve dans sa voiture, il y a quelques semaines. Je cherche la femme de chambre pour lui demander une couverture supplémentaire, et lorsque je la trouve, je ne peux que la comparer à certains clichés d’employés désabusés qui mâchent leur gomme et qui te répondent en monosyllabe. Un vrai motel miteux avec des employés blasés dans un quartier suspect, si j’avais été seule, je ne crois pas que je serais restée à coucher.

Nous allons souper dans un restaurant à la mesure de nos moyens, donc dans une rôtisserie où l’on opte pour du poulet frit qui est délicieux. La serveuse, qui l’a probablement été toute sa vie vue son efficacité et sa familiarité avec tous ses clients qu’elle apostrophe d’un ''Honey'' (même nous). Ce qui est bien quand on est fauchés, on ne peut s’offrir que les p’tits casse-croute, Dinner ou bouffe de rue et aux États-Unis (particulièrement à New York, temple de la pizza) ce sont les meilleurs. On ne peut non plus passer sous silence le service à la clientèle généralement plus amical, moins protocolaire et donc plus sympathique que n’importe où dans le monde, à mon humble avis. Ça agace souvent les Européens qui ont du mal à s’y faire au début…ou qui tombent sous le charme. En Amérique du Nord en général, c’est souvent comme ça et nos ancêtres y ont certainement contribué. En effet, l’esprit général d’aventure, de liberté et d’une certaine façon d’égalité (disons plus grande souplesse entre les classes sociales) a créé une Amérique loin de la monarchie et dominée par une classe marchande dont le pouvoir se bâti et n’est pas immuable comme celui de l’aristocratie. En sommes n’importe qui peut se hisser au sommet du pouvoir et se retrouver dans la rue. Ce qui à mon avis est un bon antidote au snobisme.

À l’IMCF, on peut constater aussi ce clivage qui créé souvent une incompréhension mutuelle. Les Américains apparaissent comme des gens trop sûrs d’eux, trop prompts et trop bigarrés dans leur style médiéval, alors que les Européens semblent trop rigides, incapables de passer à l’action et surtout on leur reproche justement un certain snobisme. Pour l’instant c’est ce que je constate lors des tournois, je n’ai pas encore assez côtoyé les Japonais, les Néo-Zélandais ou les Sud-Africains pour voir leurs perceptions envers les Européens ou les Nord-Américains. Pour ce qui est des combattants Québécois, ils n’ont pas cette fierté qu’ont les Américains qui agacent tant, mais personnellement s’ils pouvaient en avoir juste un peu plus ça serait vraiment bien. Une bonne partie semble souffrir d’immobilisme rampant et je pense que la médisance de certains membres de la fédération envers Benoit et Andrew vient d’un mélange de jalousie et d’un rappel désagréable de leur propre inaction.



D’ailleurs, dans les équipes présentes au tournoi aujourd’hui, plusieurs combattants québécois de l’Ost ont rejoint l’équipe ontarienne aux couleurs du Canada pour participer à ce tournoi qui est en principe, un tournoi ACL.  La différence entre les tournois à l’IMCF et ceux dans l’ACL c’est comparable aux jeux olympiques versus par exemple, les matchs de hockey dans les ligues majeures. L’équipe arborant la feuille d’érable aujourd’hui, n’est pas une équipe ACL, mais elle a été acceptée au tournoi pour gonfler le nombre de participant. Le problème aussi, c’est que le capitaine a recruté de très bons combattants de l’Ost pour les ajouter à ses meilleurs ontariens, créant une équipe d’étoiles. Benoit conscient que son équipe, les Blackwolves est désavantagée, avec des nouveaux, efficaces, néanmoins très peu expérimentés, ravale ses frustrations avec fierté. Moi je suis un peu moins discrète dans ma colère et je me demande encore quand les Québécois seront assez forts et fiers d’eux pour exister en tant qu’entité distincte. Quand les Québécois cesseront de vivre dans cette certitude qu’ils ne sont pas assez grands pour exister seuls? Quand les combattants québécois se donneront vraiment dans leur propre équipe? Deux gars de l’Ost avaient demandé à Benoit s’ils pourraient se joindre à l’équipe et ils viennent justement d’arriver, il est décidé qu’on portera le tabard de l’Ost, donc du Québec. Trois Américains qui n’ont pas encore fait de tournoi et qui n’ont pas été recrutés par leur équipe pour l’occasion vont aussi faire partie du groupe de Québécois. Le tournoi aura lieu plus tard en après-midi, et je décide d’aller faire un tour dans le parc.






Le parc Tryon est magnifique, mais le plus surprenant, on y retrouve des cloîtres médiévaux, véritables! Je ne peux m’empêcher de penser à ce que Benoit m’avait rapporté l’an dernier au meeting annuel à propos d’une remarque acerbe de la part d’un représentant européen à celui des États-Unis qui avait proposé de faire le tournoi annuel chez-lui. Son homologue lui avait répliqué cyniquement ''à côté du premier McDo?'' en raison de l’absence de bâtiments médiévaux. Il ignorait probablement comme moi, jusqu’à aujourd’hui, l’existence de ces magnifiques bâtiments qui servent de musée pour une immense collection d’objets appartenant au Moyen âge. Je n’ai malheureusement pas le temps de les visiter, mais je me promets d’y revenir.

Le feuillet m’apprend que cet ensemble de bâtiments est l’un des départements du Metropolitan Museum of Art et qu’il abrite la plus grande collection d’objets et d’œuvres artistiques médiévales en Amérique du Nord. C’est le sculpteur américain George Grey Barnard fervent collectionneur d’art médiéval qui travaillait en France avant la Première Guerre Mondiale, qui acheta plusieurs pièces chez des antiquaires et des particuliers des sculptures médiévales et des fragments architecturaux provenant de monastères vendus comme biens nationaux à la Révolution et démantelés par ses propriétaires. Avec l’aide du philanthrope John D Rockefeller Jr, des bâtiments ont été achetés et reconstruits dans le parc. Le site est ouvert au public depuis 1938! Wow! J’en savais rien!





En me promenant sur le chemin qui serpente le parc, je vois les marchands dresser leur kiosque et commencer à étaler leur marchandise, confiants qu’ils feront de bonnes affaires malgré ce temps incertain. Pour l’instant c’est tranquille, je reviens vers nos combattants, c’est la routine habituelle, des sacs qui se défont, des pièces d’armures qui sont déployées ici et là, mais surtout du bavardage. Je vais enfiler ma robe médiévale, sans trop savoir si on l’exige pour ce tournoi et retourne me promener et prendre quelques photos. Je croise des promeneurs de chien, des joggeur(euse)s, des curieux, des visiteurs super motivés qui sont venus costumés.  J’ai un coup de cœur pour ce vieux couple qui porte un magnifique costume, je me doute bien qu’ils sont des familiers de foires, festivals, événements de reconstruction historique, fort probablement de la SCA, je leur demande poliment si je peux prendre une photo d’eux, ils acceptent gentiment, habitués de prendre la pose. La foule enfle graduellement, et je ne sais plus où donner de la tête, tant y a à voir et c’est complètement hétéroclite : des costumes, du travail de cuir, des masques, des pièces d’armures en acier et…en plastique, des robes de princesses de Disney pour fillettes, des services de généalogie, des bidules avec la signification de ton nom, des food trucks qui servent principalement de la bière ou des pilons de dinde ou des pickles frits, etc. J’ai de la difficulté à circuler à cause de la foule qui s’épaissit toujours un peu plus. Y a au moins le tiers des visiteurs qui porte un costume, ou un item quelconque, beaucoup n’ont rien à voir avec le médiéval. En fait, cela s’explique par le fait que cette Renaissance fair englobe l’historique, le fantastique, et le fantastique c’est très très diversifié, allant des elfes de Tolkien à du Steam punk, des néo-gothiques, des pirates au monde des zombies. J’observe cette foule et je comprends les Européens de s’indigner des Américains dans leur laxisme lorsqu’il s’agit d’un événement médiéval, j’ai du mal à garder mon sérieux en voyant nombre de visiteurs dont certains ont dû mettre des heures à se costumer. Je fais des parallèles avec l’Empire romain tolérant tous les dieux étrangers, toutes les religions parce que plus y en a, plus les Romains se croyaient protégé. Bon jusqu’à ce qu’un énergumène vienne clamer haut et fort, que son dieu était unique rendant tous les autres caduques, mais bon ça c’est une autre histoire…

Cependant, je ne suis guère étonnée de voir toute cette liberté s’exprimer en cette belle journée, l’univers du médiéval est largement démocratisé en Amérique, chacun y va de sa propre fantaisie, de sa perception culturelle et au fond, pourquoi en faire de l’urticaire?

Bon, avec mes derniers bouts de réflexion philosophiques, vient un raisonnement plus pratique : le soleil plombe, chercher l’ombre et rejoindre le groupe qui doit maintenant se préparer. Je passe devant la gigantesque estrade complètement pleine, tellement que la foule déborde tout autour. Les Américains ont eu la très bonne idée de faire leur tournoi lors d’une grosse foire médiévale, dans un parc très fréquenté s’assurant ainsi une foule passante beaucoup plus vaste que lors d’un tournoi en Europe, organisé avec un château et où la rigueur historique est de mise parmi les participant(e)s et la marchandise proposée dans les kiosques. Généralement les visiteurs seront des amateurs d’histoire, de culture médiévale, etc. Dans le cas présent, la foule reçoit ce tournoi beaucoup plus comme une joute sportive, tel un match de football, la dimension historique est juste un pan de plus dans la culture médiévale que cette même foule n’hésite pas à porter comme elle en a envie.

Je rejoins Benoit et le reste du groupe, ça s’active car les combats débutent bientôt, la curiosité et l’enthousiasme des nombreux passants motivent les combattants. Quand tout le monde est prêt, l’annonceur présente chaque équipe qui entre ensuite dans la lice. C’est la première fois que je vois un tournoi où il y a un animateur au milieu de la lice, c’est une excellente idée, surtout celui qui est là aujourd’hui qui est vraiment efficace pour faire lever la foule. Premièrement il est très éloquent, drôle et divertissant, mais en plus, il commente beaucoup et pose les bonnes questions au capitaine de l’équipe américaine de l’IMCF, ainsi à eux deux ils expliquent abondamment ce ''nouveau'' sport aux spectateurs. La foule, grosse de plusieurs milliers de personnes, répond avec beaucoup d’enthousiasme.



Les combats ne prendront pas tout l’après-midi puisqu’il y a seulement cinq équipes qui s’affrontent dans du 5 contre 5, trois équipes américaines, l’ontarienne et celle du Québec. Cette dernière est désavantagée par rapport aux autres, notre équipe qui porte un tabard aux couleurs du Québec aujourd’hui est composée hormis Benoit, de Vincent et Cloé peu chevronnés, deux gars de Québec et trois Américains qui n’ont jamais fait de tournoi auparavant. En plus de l’inexpérience générale, nos gars n’ont pas tous pratiqué ensemble avant, alors que les autres équipes oui, et comme nous l’apprenons aujourd’hui, ça inclue les Québécois qui sont avec les Ontariens.

Tout de même, envers et contre tous, notre équipe a gagné la troisième place alors que les Ontariens remportent l’or. Mais plusieurs combattants américains ruminent un peu, d’avoir perdu la médaille d’or, mais surtout aux mains d’une équipe artificiellement supérieure.


La journée s’achève, la foule se disperse un peu, la magie est passée, le soleil et la fraîcheur descendent rapidement obligeant les gens à se souvenir que cette journée d’été n’est qu’une illusion, l’automne se fait sentir loin du soleil. Les gens semblent se souvenir que le travail ou l’école recommence le lendemain, on ne s’éternise pas. Les marchands sont déjà occupés à démonter leur kiosque, d’autres sont partis, quelques optimistes espèrent encore faire quelques affaires encore.


Il y a encore des combattants qui s’attardent comme toujours, mais la faim qui nous tenaille accélère notre sortie du site, nous voulons manger au restaurant en dehors de New York, donc après avoir commencé notre long parcours du retour au Québec. Nos sentiments sont partagés entre la déception de voir des membres de l’Ost préférer joindre les Ontariens au lieu de joindre les Québécois, la satisfaction d’obtenir une médaille malgré tout et la fierté générale d’avoir bien performé, surtout Cloé et Vincent qui sont à leurs débuts. D’ailleurs pendant que nous roulons dans la nuit, ils roupillent solide sur le chemin du retour, rêvant probablement de cette journée, satisfaits et heureux.