Tournoi, jour 1
Une belle journée ensoleillée accueille ce
troisième tournoi d’IMCF, et nous sommes tous un peu fébriles attendant de
défiler pour la cérémonie d’ouverture qui doit commencer d’une minute à
l’autre. J’ai décidé de ne pas défiler avec le groupe, j’aimerais prendre des
photos, et je dois l’admettre, je trouve toujours un peu pénible de rester
plantée au soleil à brûler pendant le discours d’ouverture. Les 22 équipes
attendent en ligne, qu’on les nomme pour s’avancer dans la lice, en fait les 21
plus un combattant d’Afrique du sud qui est venu seul pour représenter son
équipe. L’atmosphère est joviale, comme toujours, les combattants se retrouvent
avec plaisir, indifférents au soleil et à la chaleur déjà présente et qui ne
les épargne pas sous leur attirail. Certain(e)s portent une partie de leur
armure, généralement les jambes, bras et épaules avec leur tabard aux couleurs
de leur pays. Il n’y a pas beaucoup de
spectateurs dans les estrades, mais en considérant que nous sommes le jeudi
matin, ce n’est guère surprenant, je suis certaine que si cette cérémonie avait
lieu le soir il en serait bien autrement. Toutefois, il a été convenu entre
l’IMCF et la municipalité de Montemor que l’entrée serait gratuite, nous
prévoyons un bon achalandage d’ici les quatre prochains jours.
L’Ost du Québec a apporté un drapeau
gigantesque, il flotte fièrement, presque effrontément parmi les autres, comme
pour compenser tous ces moments où normalement il est relégué derrière le
drapeau canadien. Est-ce que cette année nous aurons la chance d’entendre de
nouveau l’air de Martin de la
Chasse-Galerie? Aurons-nous des médaillé(e)s d’or? Ce drapeau flottera-t-il
sur le podium? Nos premiers duellistes aujourd’hui sont Cloé et Phil, dans les
catégories féminine et masculine à la hallebarde. En après-midi, notre équipe
masculine affrontera l’Allemagne et le Mexique. Cloé qui commence
ses combats avec une armure empruntée, est un peu nerveuse, celle-ci n’étant
pas ajustée pour elle, limite ses mouvements, elle est presque incapable de
lever les bras au-dessus de sa tête. Nous espérons que son armure arrive au plus
tôt pour qu’elle puisse se battre à pleine capacité.
Quand les combats débutent, Benoit est au
micro, annonçant les concurrents, et voyons la nervosité de Cloé, je vais le chercher
et tente de lui parler et quand il me fait signe qu’il est occupé, je me fâche
et j’insiste : «Tu as entraîné Cloé toute l’année, elle n’a pas son
armure, elle est nerveuse, elle a besoin de TOI, y a plein d’autres personnes
qui peuvent faire l’annonceur, mais personne ne peut aussi bien calmer Cloé!».
Sans hésiter, il donne son micro à l’un des arbitres et vient retrouver Cloé
pour prendre son coin, la rassurer et consacrer ce moment à elle. J’ai
maintenant l’esprit tranquille.
Dans la grande lice, il y a d’aménagées
temporairement, trois petites lices pour les duels, d’abord parce que ces
combats nécessitent beaucoup moins d’espace et puis parce que ça permet de
faire plusieurs duels en même temps. Nous n’avons plus tellement de choix, il y
a de plus en plus de participants et ça doit tout tenir dans quatre jours. Les Québécois font le va et vient entre les
combats de Phil et ceux de Cloé, moi je suis particulièrement attentive à ceux
de Cloé, je l’avoue j’ai un parti pris et je sais aussi à quel point Benoit
prend l’évolution de son élève à cœur. Phil ne gagne aucun de ses combats, mais
donne tout un show, et pendant ce temps, Cloé gagne contre la Canadienne et
contre l’Allemande, perd contre la Portugaise et finalement la chaleur et la
fatigue la gagnant elle doit déclarer forfait contre l’Américaine. Toutefois,
elle se rend en finale un peu plus tard dans la journée, on espère tous, en
particulier elle, que son armure arrivera entre temps.
Je vais faire un tour du côté des
marchands, question de me restaurer un peu, on m’a dit qu’il y avait pas mal de
trucs intéressants à manger, je demande à Benoit s’il veut quelque chose, mais
comme il doit se battre en équipe un peu plus tard, il refuse, de peur d’être
malade. Je vais donc me balader avec Silvia qui est bien contente de pouvoir me
servir de guide concernant la culture portugaise particulièrement sa
gastronomie. Les gens sont très accueillants, et je vais de surprise en
surprise quand je vois à quel point beaucoup de Portugais connaissent quelques
rudiments de la langue française, beaucoup plus que la langue anglaise en fait.
Bien sûr vous me direz que c’est normal puisque c’est une langue latine comme
le français, bien qu’elle s’apparente aussi aux langues arabes, mais c’est
surtout parce qu’à cause de la proximité des deux pays, beaucoup de Portugais
ont travaillé jadis ou travaillent encore en France, plusieurs ont de la
famille qui est partie y vivre, comme les parents de Silvia.
Je crois que nous sommes tellement
conditionnés à l’idée que la langue anglaise domine le monde, que spontanément,
dès qu’on voyage ailleurs qu’en francophonie, on utilise l’anglais pour se
faire comprendre de la population locale et je ne fais pas exception. Pourtant
à force de voyager, je constate parfois que si oui la langue anglaise domine,
il n’en demeure pas moins que le français a déjà été très présent, la France
ayant été un empire colonisateur puissant, en Afrique, en Amérique et même en
Asie. On oublie aussi qu’il fût un temps où c’était la langue la plus
couramment utilisée chez les têtes couronnées d’Europe au 18ième
siècle et même en Angleterre, au Moyen Âge. Beaucoup de francophones ne savent
pas que certains de leurs mots qu’ils croient être empruntés de l’anglais sont
en fait des mots français, récupérés par la langue anglaise, comme par exemple
le mot «budget» qui tire son origine du mot «bougette» qui désignait une petite
bourse de monnaie attachée à la ceinture et qu’on portait en voyage. Quand je
suis à l’extérieur du pays, je suis encore surprise de susciter aussi souvent
de l’intérêt quand je m’adresse en français à Benoit ou à un autre Québécois,
soit on se fait aborder par des francophiles, qui trouvent notre langue si
belle, soit on nous demande qu’elle est cette langue étrange qui ressemble au français
sans en être vraiment.
Nous sommes toujours fiers de leur en
parler! Je l’ai déjà dit dans une chronique précédente, seuls les Québécois qui
ne connaissent que le camping en Floride ou les tout inclus à Cuba peuvent
avoir une perception négative des Québécois en voyage. Car un Québécois qui
voyage en dehors de sa zone de confort, démontre généralement une ouverture sur
les Autres et leur culture et ça c’est le meilleur passeport qui soit. Nous
avons beau être reconnus pour être souvent bruyants et directs, notre curiosité
nous rend facile d’approche. Bien sûr, y aura toujours des cons, n’importe où
dans le monde et on ne fait pas exception malheureusement…
Lorsque nous revenons au «french ghetto» (ironiquement
nous lui donnons un non anglais pour que les non francophones comprennent que c’est
un quartier francophone, nous, nous le savons déjà), il y a beaucoup
d’animation, les finales des duellistes en hallebarde et le béhourd des gars
vont bientôt commencer. Excellente nouvelle, Cloé a reçu son armure qu’elle examine
pour s’assurer que tout est bien en place, elle a dessiné sur son casque des
cicatrices partout où son casque a été cabossé lors des derniers combats, ça
lui donne une allure personnalisée. Les combats de béhourd ont commencé depuis
une bonne heure et l’Ost embarquera dans la lice après les finales de
duellistes, dont le dernier combat de Cloé. Le reste du groupe, incluant les
Belges qui ne présentent pas d’équipe cette année, se tient prêt à aider tout
ce beau monde au besoin. Cette année, notre campement est vraiment tout près,
le transport du matériel, les casques, mitons, boucliers, armes et drapeau est
plus aisé.
Benoit s’armure en même temps que Cloé,
car il veut pouvoir la coacher jusqu’au bout, il ne pourra profiter de ce
moment pour se préparer. Lorsque nous franchissons l’entrée, le ciel s’est
assombri et les estrades sont maintenant pleines. Certains d’entre nous lancent
des bonbons à l’érable dans la foule qui suit attentivement le tournoi. Les
spectateurs sont ravis, surtout les enfants. Ceux et celles qui ne se battent
pas gardent précieusement, les cellulaires, lunettes, portefeuilles, caméras et
crème solaire. Laurie a amené sa tablette, elle prend nos combats en vidéo et des
photos avec son I-phone. De temps en temps je la croise, grimpée où elle peut,
pour réussir à avoir une bonne prise de vue, elle n’a pas le choix vu sa petite
taille. Pour ma part, j’utilise nos deux cellulaires pour prendre des photos,
n’ayant pas de batterie, je ne peux que les recharger le soir au condo, si je
veux prendre des photos et des vidéos je dois les utiliser avec modération.
Mais j’oublie trop souvent de m’en servir, trop prise par le moment présent.
Cloé s’avance dans la lice, suivie de
Benoit à qui il ne manque que le casque et les mitons. Comme il a oublié son
tabard au Québec, Christine lui a prêté le sien tout neuf avec un p’tit
pincement au cœur, ce matin son armure toute neuve et cet après-midi c’est son
tabard. Elle se dit avec philosophie que ça lui portera peut-être chance.
L’adversaire de Cloé est impressionnante, elle a une tête de plus et doit bien
peser 60 kilos de plus qu’elle. Évidemment ça peut désavantager l’Américaine
dans son cardio, mais sa longueur de bras l’avantage certainement quand elle
porte ses coups, tenant Cloé à distance. Celle-ci bouge beaucoup plus et se bat
si bien qu’un quatrième round est nécessaire pour déterminer qui gagnera l’or.
Benoit comme à son habitude entre dans la lice entre chaque round, pour se placer
devant ses yeux, pour lui rappeler de respirer, pour lui faire oublier son
adversaire si grande et si costaude de l’autre côté, pour la rassurer et
l’encourager, jamais pour lui rappeler ses erreurs. Comme il le dit souvent, quand
tu pratiques des sports de combat, ça vient chercher quelque chose de primitif en
toi, ça a quelque chose d’animal et tes émotions sont, au moment du combat, très
brutes, ce qui fait que tu dois trouver un certain équilibre entre émotion et raisonnement,
ce pourquoi, beaucoup d’athlètes ont souvent des rituels et des coachs qui les aident
justement en ce sens. Les combattants peuvent être terriblement à fleur de peau
et avoir du mal à se contrôler, par exemple après une défaite, éclater en sanglots
et se sentir complètement démolie. À ce moment-là on n’a certainement pas
besoin de se faire crier dessus ou de se faire rappeler nos erreurs, ça n’aide
absolument en rien pour reprendre confiance en soi. Faut alors chercher les
points forts, et convaincre le ou la combattante de les faire rejaillir, ça et
gérer les crises de panique c’est pas toujours facile. D'ailleurs, Cloé est un peu dans cet état et spontanément engueule son coach, mais Benoit reconnait cet état et n'en fait pas de cas, la ramenant constamment dans un état plus calme.
Après le quatrième round, Cloé s’incline
devant l’Américaine et remporte la seconde place, l’argent! Wow! Nous sommes
fiers d’elle! Cependant, nous avons peu de temps pour profiter de sa victoire
puisque nos gars vont bientôt commencer.
Dans la cour aménagée de la forteresse de
Montemor, les combattants de l’Ost, attendent leur tour pour entrer en piste.
La fébrilité, la peur, l’adrénaline peut-être le doute sont au rendez-vous, des
émotions qui surpassent l’inconfort de la chaleur. Le malaise est amplifié par
l’épaisseur du tissu sous le poids de l’armure et le manque d’air à l’intérieur
de leur casque qui pourtant, les protégeront de la violence des coups d’épée ou
de hache frappés à pleine puissance par leurs adversaires.
Moi qui suis tout près, je ressens bien
cette tension et je ne peux m’empêcher de penser à ces gladiateurs qui
attendaient sous le forum, à la différence près que ceux-ci luttaient pour leur
survie. Il devait en être ainsi aussi au Moyen âge, sur le campement quand se préparant
au combat, le guerrier craignait pour sa vie. Mais il devait tout de même
trembler aussi lors de tournois organisés. Bien sûr, ce dernier était habitué à
la violence, ça faisait partie de son monde mais si l’on exclue les blessures
et les coups de chaleur, le béhourd était un sport divertissant qui lui
permettait d’améliorer ses techniques, de se mesurer aux autres et évidemment
de se faire remarquer.
Cependant, aujourd’hui, nos gladiateurs
des temps modernes ne sont pas des soldats, ils gagnent leur vie dans un monde
aseptisé où la violence est devenue un tabou. Pourtant, ils sont là, de leur
plein gré, attendant leur tour, concentrés à chercher en eux une violence
transmise par leurs tout premiers ancêtres, une violence primitive afin de la
canaliser et de la projeter dans leurs coups.
Le commentateur annonce l’entrée en lice
des deux équipes de cinq combattants. Les Québécois avec leur tabard bleu et
blanc, retenu par leur ceinture fléchée pénètrent dans la lice aménagée deux
jours plus tôt, à quelques mètres des estrades de spectateurs, pleines à
craquer d’une foule aussi enthousiaste que s’il fut s’agit d’un match de
soccer. Les adversaires prennent place en face les uns des autres, aux deux
extrémités, se jaugent, se mesurent, évaluent, repensent à leur stratégie.
Est-ce que chacun se souvient de ce qu’il doit faire? Les voilà à s’échanger
quelques rappels juste avant que le round commence. Ils affrontent
l’équipe de l’Allemagne, une équipe aguerrie qu’ils connaissent bien, puisque
celle-ci comme celle du Québec et de l’Italie, furent les premières à rejoindre
en 2011 le tout premier tournoi de Béhourd qui était subventionné et organisé
pour et par la Russie et ne concernait que l’Ukraine, la Pologne et la
Biélorussie.
Tout se décidera en trois rounds d’une
durée indéterminée car le but est de faire tomber les adversaires en frappant
avec les armes ou les poings, en se servant de prises de lutte ou de plaquages,
etc. Presque tous les coups seront permis et c’est pourquoi les armures
doivent être réglementaires, sécuritaires et confortables… autant que possible.
L’arbitre en chef, avec un signe de tête
s’assure que les équipes soient prêtes et crie «fight!», s’ensuit alors les
mouvements d’avancée puis le choc brutal des armures qui se fracassent l’une
contre l’autre. On repère rapidement les «runners» plus rapides et les lourds
qui s’emparent souvent à bras le corps de leur adversaire pour les faire tomber
ou pour les tenir afin qu’un autre frappe pour le faire abandonner. Trois ou
quatre arbitres se tiennent à l’intérieur et l’extérieur tout près de la rampe
et surveillent bien les combattants et leur rappellent qu’ils sont «out»
lorsqu’il y a trois points d’appui par terre, ou quand l’un s’agrippe trop
longtemps au montant de la lice pour éviter de tomber ou pour être en mesure
d’intervenir rapidement s’il y a blessure. Ils sont tous vêtus de jaune pour
qu’on les repère facilement. Pour le spectateur, il est difficile de savoir ce
qui se passe sous l’armure et surtout sous le casque, c’est pourquoi la
promiscuité de l’arbitre est importante, de même qu’il doit, s’il veut arrêter
le combat se servir d’un grand bâton auquel est accroché un drapeau jaune. Il
va l’abaisser immédiatement entre les adversaires, qui sont restreints au
niveau de la vue et de l’ouïe.
Le premier round est remporté par Québec!
La foule applaudit, l’équipe du Québec est souvent populaire lors des tournois.
J’ai souvent remarqué une sympathie générale pour les Québécois, peut-être
est-ce dû à leur curiosité, une ouverture qui les amène à socialiser rapidement
avec leurs hôtes, ou bien parce qu’ils se démarquent par des gestes
particuliers, originaux lors des tournois.
La lice se vide et les combattants ont
hâte de boire un peu d’eau, certains enlèvent rapidement leur casque, d’autre
préfèrent le garder pour la minute de pause et ne soulever que leur visière
pour se rafraîchir et se désaltérer.
Je me tiens près de mon homme qui entrera
à son tour au round suivant pour prendre la place d’un autre, je sais qu’il ne
me voit plus, ne m’entend plus, il est connecté direct avec son équipe et toute
cette puissante «aura» de testostérones. Il savoure peut-être les clameurs de
la foule. Il ne tient plus en place, prend une gorgée d’eau et met son casque,
je lui attache sa sangle sous le menton, c’est déjà un sauna là-dessous! Je me
sens un p’tit peu coupable de fuir le soleil et de maudire « silencieusement »
la chaleur, moi dans ma robe médiévale, lui sous 35 kilos de tissu et d’armure
s’apprêtant à faire un sprint de cardio.
Des journalistes s’insèrent un peu tout le
tour pour maximiser les belles prises de vue, ils détonnent tellement avec leur
jeans et leurs lunettes fumées dans tout ce spectacle vivant sorti tout droit
du Moyen âge, c’est la règle lors des tournois internationaux, combattants et
accompagnateurs doivent en tout temps être costumés historiquement correct.
J’avoue que pour le spectateur ça ajoute beaucoup d’allure à l’événement!
Parfois des spectateurs réussissent à se glisser mais sont vite repérés
justement à cause de leurs vêtements, ils sont alors reconduits dans les
estrades.
Voilà qu’on annonce le deuxième round!
Même rituel de l’arbitre en chef, et puis
«FIGHT!»
Ça joue dur, ça joue fort, encore tout cet
acier qui crie sous les coups. Je surveille de près mon guerrier préféré et
récite une mini prière silencieuse, pour la forme, pour qu’il donne plus qu’il
n’encaisse et surtout qu’il ne se blesse pas. Une entorse, une commotion, une
blessure au visage à cause d'un casque mal «padé», une fracture, ce sont des
choses qui arrivent sporadiquement, comme au football ou au hockey. C’est juste
que c’est toujours spectaculaire de voir un tank foncer avec sa hache et
frapper de toutes ses forces sur un casque, ça l’est d’autant plus quand sous
ce casque c’est quelqu’un qu’on aime très très fort.
Mais voilà que le Québec gagne aussi le
deuxième round, donc la victoire totale!
Délire!
J’observe Benoit qui ne semble pas blessé,
soulagement, fierté, plaisir partagé.
Je me délecte des rugissements de la
foule, il en aurait été autrement si l’équipe adverse avait été celle du
Portugal.
Les combattants des deux équipes vont se
saluer, se prendre dans leurs bras, se féliciter et sortir afin de laisser les
équipes suivantes prendre place à leur tour pour la suite des combats. Les
Québécois qui se sont hâtés d’ôter leur casque, maintenant jubilent! Les
Allemands sont des adversaires coriaces mais ce sont aussi des amis, et en
moins de deux, les voilà qui fraternisent tous ensemble sous la grande tente,
se gratifiant de leurs bons coups et partageant des trucs d’art martiaux. C’est
un des aspects qui me laissent toujours sans voix mais qui me fait sourire
aussi, cette fraternité qui semble n’avoir d’égale que dans la violence d’un
sport aussi brutal. Comment peuvent-ils exprimer une telle décharge de violence
sur quelqu’un, même si c’est dans le cadre sportif, et l’instant d’après être
capable de rire autant avec lui?
Déjà, ils doivent se préparer pour
affronter leurs seconds adversaires, les Mexicains et cette fois Ben est du
premier round, Andrew sur son flan gauche. L’Ost est super efficace et gagne
rapidement le premier round, puis le deuxième round, les gars sont gonflés à
bloc! Ils sont en quart de finale, puisque la quatrième équipe du pool s'est désistée quelques jours avant le début du tournoi. Samedi, ils se battront à nouveau!
Peu après, Benoit découvre que sur l’image
de présentation du streaming suivi par des milliers d’internautes, le logo de
l’IMCF n’apparaît pas, il va rapidement rencontrer l’un des réalisateurs qui se
tient à l’intérieur d’une tour pour lui rappeler que ça avait été envoyé et
que ça aurait dû y être. C’est quand même important puisque c’est d’abord un
tournoi IMCF. Le réalisateur s’obstine, arguant qu’il s’en fout du logo, que ce
n’est guère important, il ne veut rien savoir, Benoit doit donc menacer
d’arrêter le tournoi, en empoignant un paquet de fil tous branchés à la console
et en menaçant de tout débrancher drette là avant que finalement le réalisateur
accepte de mettre le logo. Quand il a accepté de faire partie du présidium, il
savait d’emblée que ce serait beaucoup d’énergie et de travail, mais quand il
prend une responsabilité, il la prend au sérieux.
La journée s’achève et nous décidons de
souper tous ensemble en ville, au même restaurant ou nous avons rencontré les
parents de Brendan et l’équipe décide de payer le lunch et la bière de Cloé
pour sa médaille d’argent.